1643 : Fondation de l’Illustre Théâtre
C’est avec quelques amis, dont la comédienne Madeleine Béjart, que Molière fonde L’illustre Théâtre : un processus est lancé, qui ne s’arrêtera plus, et qui débouchera sur la création de la Comédie Française, par Louis XIV, en 1680.
L’acte officiel (ci-contre) sera signé le 30.
Installé d’abord à Paris, L’Illustre-Théâtre fera faillite en 1645. La troupe ira se rôder en province et, de retour à Paris en 1659, elle triomphera avec Les Précieuses ridicules. Protégé de Louis XIV, Molière donnera alors de nombreuses comédies pour la Cour et le public parisien.
Molière est né le 15 janvier 1622 à Paris dans le ménage du tapissier ordinaire du roi Louis XIII. Il fait d’excellentes études de droit. Avocat à 18 ans, il se lie avec des comédiens et en particulier Tiberio Fiorelli, dit Scaramouche, vedette de la comédie italienne. Il rencontre aussi Madeleine Béjart (24 ans), directrice d’une troupe déjà connue, ainsi que ses frères Joseph et Louis. Fort de ces nouvelles amitiés, il rompt avec son père pour suivre sa vocation de comédien.
C’est ainsi que naît l’Illustre-Théâtre. C’est l’année où meurent le cardinal de Richelieu et le roi Louis XIII et où monte sur le trône le roi Louis XIV (5 ans). Qui se douterait alors de l’aventure en gestation, tant politique que culturelle ?
La petite troupe, composée de Molière, Madeleine et sept autres comédiens, s’établit dans une salle du jeu de paume dite des Métayers puis dans celle de la Croix-Noire. Mais le succès tarde à venir et la faillite survient deux ans plus tard, en mai 1645. Molière connaît alors la prison pour dettes. Libéré, il entame avec Madeleine Béjart des tournées à travers la France dans la troupe du duc d’Épernon, sous la direction de Charles Dufresne. Dix ans plus tard, à Lyon, il crée sa première comédie, l’Étourdi. Elle est suivie l’année suivante à Béziers du Dépit amoureux.
Molière, qui n’a encore rien écrit de notable à l’âge avancé de 37 ans, triomphe enfin à Paris le 18 novembre 1659 avec Les Précieuses ridicules. Il va donner dans les quatorze années qu’il lui reste à vivre la totalité de ses chefs-d’œuvre.
Le comédien joue dès lors avec sa troupe à Vaux-le-Vicomte, pour le surintendant Fouquet, puis à Versailles, pour le roi Louis XIV en personne. La protection du surintendant puis du roi lui permet de faire face aux cabales, jalousies et médisances. Elle lui vaut aussi des revenus élevés, qu’il dépense aussitôt que gagnés. Molière assume une fonction équivalente à celle de bouffon du roi, avec le droit de tout dire et de tout jouer.
Les Fâcheux, première ébauche des comédies-ballets, amorce sa collaboration avec le compositeur Lully (ci-contre). La pièce est donnée lors de la fête de 1661 qui sera fatale au surintendant. Le 26 décembre 1662, peu après avoir épousé Armande Béjart, fille de Madeleine, de 20 ans sa cadette, il donne L’École des femmes.
En 1664, Molière et Lully s’associent pour composer la première comédie-ballet authentique, Le Mariage forcé, qui mêle étroitement l’intrigue théâtrale, la danse et la musique. En sept ans de collaboration, avant que la brouille et la mort ne les séparent, « les deux Baptistes » (ils portent le même prénom) en créeront au total onze, la plus célèbre étant Le Bourgeois gentilhomme.
Le comédien doit faire face à une cabale des dévots autour de la reine mère, Anne d’Autriche, après la première représentation de Tartuffe, sévère critique de l’hypocrisie religieuse, le 12 mai 1664, dans le parc de Versailles, lors des fêtes des Plaisirs de l’Île enchantée.
En août 2009, Raphaël de Angelis, en jouant La Jalousie du Barbouillé et Le Médecin volant, renoue avec un Molière « vrai ».
Dans la Jalousie le public suit les milles ruses qu’invente Angélique pour tromper son vieux mari.
Dans Le Médecin volant, c’est Sganarelle qui utilise sa fourberie pour que son maître puisse épouser la femme qu’il aime.
Mais, surtout, ces représentations ont lieu dans le cadre d’une tournée estivale, baptisée « l’Illustre Tournée », en référence à « l’Illustre Théâtre » : le principe étant de jouer le spectacle de manière itinérante en suivant le parcours que Molière et sa troupe, avaient emprunté.
La reine mère Anne d’Autriche ayant fait interrompre la représentation, c’est seulement le 29 novembre suivant, chez Henriette d’Angleterre, belle-sœur du roi, que le comédien peut donner l’intégralité de sa pièce. Apparaissent dans la foulée d’autres chefs-d’œuvre : Dom Juan (pièce en prose), le Misanthrope, l’Avare.
En 1667, la troupe de Molière, installée au Palais-Royal, se voit trahie par le jeune Jean Racine, nouveau tragédien à la mode, qui lui enlève sa pièce Alexandre le Grand et la confie à la troupe rivale de l’hôtel de Bourgogne. Du coup, le grand (et vieux) Corneille quitte l’hôtel de Bourgogne et se rapproche du comédien, bien que celui-ci l’eût moqué dans une comédie antérieure, L’impromptu de Versailles. Le tragédien poussera l’amitié jusqu’à versifier une pièce de Molière, Psyché, à la demande de celui-ci.
Le 17 février 1673, après avoir donné la quatrième représentation du Malade Imaginaire, Molière s’écroule. Il meurt quelques instants après, ayant atteint 51 ans, usé par le travail, les soucis d’argent et les tourments affectifs. Sa troupe, dite du Théâtre Guénégaud, est la dernière troupe théâtrale qui se soit maintenue, avec celle de l’Hôtel de Bourgogne.
Ainsi, quand Louis XIV, en 1680, décida de fusionner les deux troupes, et signa l’acte de naissance de la Comédie-Française (ci dessous), dans le but de « rendre les représentations de comédies plus parfaites », il faisait aussi œuvre de mémoire. Ce siècle, qui était également le sien, avait été un âge d’or du théâtre.
Une aventure humaine personnelle et collective, qui avait commencé presque quarante ans auparavant, en juin 1643, lorsque Molière fonda L’Illustre Théâtre.
Conversation entre Louis XIV et Racine, rapportée par François Bluche (Louis XIV, Fayard, page 702) :
« …Il (Louis XIV) demanda un jour à ce dernier (Racine) « quel était le plus rare des grands écrivains qui avaient honoré la France pendant son règne. – Molière », répondit alors Jean Racine. Et le Roi, qui pourtant avait aimé et protégé Molière, mais ne s’était pas totalement débarrassé du préjugé dévot contre les gens de théâtre, du préjugé littéraire sur la comédie, répondit cette phrase merveilleuse de simplicité et de probité intellectuelle : « Je ne le croyais pas; mais vous vous y connaissez mieux que moi. »
On aura en cliquant sur le lien ci-dessous une intéressante biographie de Molière, où l’on fait une bonne place à ses débuts, et à cet Illustre Théâtre, avec lequel tout a commencé, et qui est bien le début d’une assez extraordinaire aventure :
1684 : Inauguration de la « Machine de Marly »
Louis XIV assiste à la mise en service de la Machine de Marly, construite par les Liégeois Arnold de Ville et Rennequin Sualem :
• Arnold de Ville, né le 15 mai 1653 à Huy est mort en 1722. En plus de sa gratification et de sa pension, Louis XIV lui fit construire, vers 1684, un manoir, le Pavillon des Eaux, situé chemin de la Machine au village de Voisins à Louveciennes. En 1768, ce pavillon deviendra le château de Madame du Barry.
• Rennequin Sualem, né le 29 janvier 1645 à Jemeppe-sur-Meuse, est mort le 29 juillet 1708.
« La machine de Marly produisait onze cent cinquante mètres cubes d’eau en vingt-quatre heures. Louis XIV, qui récompensait grandement les talents , les services et les entreprises utiles ou perfectionnées, donna au sieur Deville une gratification de cent mille livres, une pension annuelle de six mille, et la direction de la machine avec des appointements annuels également de six mille livres; il donna au charpentier Renkin une pension de quinze cents livres avec un logement à la machine, pension et logement qui furent conservés à sa veuve et à sa nièce.
Dans le siècle dernier, on avait fait croire au peuple que Louis XIV fit crever les yeux à l’inventeur de la machine, de peur qu’il n’allât enrichir d’un pareil monument un pays étranger. » (Histoire de Madame de Maintenon et des principaux évènements du règne de Louis XIV, par M le Duc de Noailles, 1848).
La machine de Marly, par Pierre-Denis Martin, 1723
museepromenade/site/histoire du domaine royal de marly/la machine hydraulique
1794 : Installation de la Guillotine sur la « Place du Trône renversé »
Sur l’actuelle Place de la Nation, alors à l’extérieur de Paris, et qui était alors un lieu de jardins et de champs, fut installé un trône, le 26 juillet 1660, pour l’entrée solennelle dans Paris de Louis XIV et de Marie-Thérèse d’Autriche, revenant de Saint-Jean-de-Luz après leur mariage, d’où le premier nom de cette place : la Place du Trône.
Colbert, pour commémorer cet événement, projeta d’élever en ces lieux un arc de triomphe, mais l’argent manqua, et les premières constructions de Claude Perrault furent démolies.
En 1784, Ledoux réalisa deux colonnes pour encadrer la barrière d’octroi, ou Mur des Fermiers généraux (« Le mur murant Paris rend Paris murmurant »); les statues de Philippe Auguste et Saint Louis furent ajoutées en 1845.
C’est sur cette Place du Trône, devenue lors de la Révolution Place du Trône renversé (avant de s’appeler finalement, aujourd’hui, Place de la Nation) que furent assassinées 1.306 personnes, parmi lesquelles André Chénier (éphéméride du 25 juillet) et les seize Carmélites de Compiègne (éphéméride du 17 juillet), dont le martyre fit la trame du chef d’œuvre de Bernanos.
La « Foire du trône » d’aujourd’hui conserve, dans son nom, le souvenir de cette appellation primitive de la place, conçue pour honorer Louis XIV.
1926 : Naissance du Professeur Jérôme Lejeune
Généticien, il est le découvreur de la Trisomie 21 et le père de la cytogénétique (il a publié ses recherches en 1959).
Pierre Chaunu, son confrère à l’Institut, le surnommait « le saint ». En 1965, la première Chaire de Génétique fondamentale est créée en France pour lui. Il reçut aux États-Unis la Médaille Kennedy en 1962, et le William Allen Memorial Award en 1969 (la plus haute dsitinction pour un généticien).
Il s’engagea dès lors, de fait, dans la lutte contre l’eugénisme et le « racisme chromosomique » car sa découverte – ce qui le désolait – permettait « l’élimination » des fœtus chez qui la Trisomie 21 était décelée.
Elu en juin 1982 à l’Académie des Sciences morales et politiques, il perdit probablement le Nobel pour avoir déclaré devant un parterre de sommités : « La tentation de supprimer par l’avortement des petits d’homme malades va à l’encontre de la loi morale, dont la génétique confirme le bien-fondé ». Il reçut, par contre, le soutien indéfectible du Pape Jean-Paul II dans ce « combat pro-vie ».
En 1996, la Fondation Jérôme Lejeune fut reconnue d’utilité publique.
1958 : Premier Pèlerinage militaire international, à Lourdes
dioceseauxarmees.fr/pelerinage-militaire-international/historique-du-pmi
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Grande passionnée de Molière et de l’Histoire en général j’ai particulièrement apprécié votre article où j’ai appris bien des choses intéréssantes alors que je me croyais très savante sur ce sujet !!!
Continuez vos publications
Merci
Merci pour ce brin d’histoire. J’ai appris plein de choses que j’ignorais et pourtant c’est mon métier!
Bénédicte
Oui. Que de choses intéressantes en vos articles…Merci.