49 avant J-C : Première victoire de la flotte de César – qui assiège Massalia – sur la flotte Massaliète
Depuis le 19 avril, César assiège Massalia. Il n’arrive pas à vaincre militairement la ville, abritée derrière ses murailles infranchissables et remarquablement armée, et décide donc d’établir un blocus total de la cité, aussi bien sur terre que sur mer.
Le 27 juin, la flotte massaliète – avec 17 navires – tente de briser le blocus maritime et attaque la flotte romaine – forte de 12 navires seulement – commandée par Decimus Junius Brutus Albinus.
Ne pouvant passer plus de temps devant une ville qui lui résistait avec tant d’énergie, et comprenant bien que seule la famine – donc, le temps – lui livrerait la cité, César part combattre Pompée en Espagne, laissant le commandement des opérations terrestres à Caius Trebonius, et des opérations navales à Albinus.
L’archipel du Frioul – où s’était installée la flotte romaine – peut à la fois bloquer et protéger la rade de Marseille. Il se compose de trois îles : Ratonneau, à gauche sur la photo, qui est la première que l’on rencontre en venant du large et que les Grecs appelèrent donc, tout naturellement, « Proté » (qui signifie « premier », en grec); Pomègues, (du grec « Mésé », qui signifie « moyenne »), ici à droite; et If, la plus petite des trois (petit se disant « Hypea », en grec) que l’on voit devant les deux autres.
La première des deux batailles navales du siège de Massalia – le 27 juin – eut lieu dans la rade même, à quelques encablures des murailles de la ville; la seconde – le 31 juillet – eut lieu un peu plus loin, à Saint-Cyr-Les Lecques, à une vingtaine de kilomètres, les Massaliotes ayant réussi à percer le blocus maritime, «profitant d’un vent favorable », dit César.
Sur les raisons de la guerre que mena César contre Massalia, voir notre éphéméride du 19 avril; sur la seconde victoire navale remportée par la flotte de César sur celle de Massalia, voir notre éphéméride du 31 juillet; et, plus généralement, notre évocation : Quand Massalia, la plus ancienne ville de France, rayonnait sur toute la Gaule et, préparant la voie à Rome, inventait avec les Celtes, les bases de ce qui deviendrait, un jour, la France.
« …Les Marseillais, suivant les conseils de Lucius Domitius, arment 17 navires de guerre, dont 11 pontés. Un grand nombre de bâtiments de moindre envergure y sont joints pour effrayer nos marins par leur seul nombre… Enfin, l’équipement de la flotte achevé, elle vogue en toute confiance à la rencontre de la nôtre, commandée par Décimus Brutus et qui stationnait près d’une île en face de Marseille (le Frioul, ci contre; la flotte massaliète est commandée par le Grec Parménon, ndlr).
LVII
Brutus disposait de bien moins de vaisseaux, mais César avait choisi pour y servir, dans les légions, les hommes les plus braves : centurions et soldats de choc, venus spontanément s’offrir. Ils s’étaient procuré des crocs et des harpons et disposaient d’une grande quantité de javelots, de tragules (un javelot assez lourd, d’origine gauloise, ndlr) et autres projectiles. Voyant s’avancer l’ennemi, notre flotte sort du port et engage le combat. Il fut vif et opiniâtre de part et d’autre. Les Albiques se montrèrent égaux en courage à nos soldats. Ces rudes montagnards, experts à manier les armes, avaient encore la tête plaine des promesses dont les Marseillais venaient de les combler.
LVIII
En ce qui concerne les Marseillais, comptant sur l’habileté de leurs pilotes autant que sur la rapidité de leurs navires, ils évitaient les nôtres et esquivaient leurs chocs. Elargissant leur front dans la mesure où le permettait l’espace, ils essayaient de nous tourner, d’attaquer, à plusieurs, des navires isolés, ou de briser les rames de nos bâtiments en les frôlant. Quand, malgré leurs ruses et l’adresse de leurs timoniers, ils n’arrivaient pas à éviter l’abordage, c’est à la vaillance des montagnards qu’ils avaient recours. Nos rameurs étaient moins exercés, nos timoniers moins habiles (recrutés en hâte parmi ceux des navires marchands, ils ne connaissaient même pas le nom des agrès et se montraient embarrassés de la pesanteur et de la marche lente des vaisseaux qui, hâtivement construits avec du bois encore vert ne pouvaient pas fournir une grande célérité de mouvement).
Lorsqu’il était possible de combattre de près, un de nos navires venait se placer hardiment entre deux vaisseaux ennemis, puis, les accrochant l’un et l’autre avec des harpons, on se battait sur deux fronts et on passait sur les navires de l’ennemi.
On tua beaucoup d’Albiques et de bergers, on coula une partie de la flotte ennemie, on en captura une autre avec les hommes qui se trouvaient à bord, et on rejeta le reste dans le port. Ce jour-là, les Marseillais perdirent neuf vaisseaux, y compris ceux qui avaient été capturés. »
Les tactiques des deux adversaires, on le voit, étaient fort différentes : les Romains tentaient d’aborder les navires ennemis, avec des harpons et des grappins, pour mener un combat au corps à corps, alors que les Marseillais tentaient de séparer les vaisseaux romains et de les rendre ingouvernables en tranchant les rames, puis de les bombarder par des flèches (ci contre, birème romaine avec son « corbus », Musée du Vatican).
Etant donné l’enjeu (la fin du blocus, et donc le ravitaillement de la ville signifiait un siège interminable…) la bataille fut féroce des deux côtés :
Finalement, les Romains remportèrent la bataille, les Marseillais rentrant au port avec seulement 8 de leurs 17 navires, 3 ayant été coulés et 6 autres capturés par leurs adversaires…
La victoire et le maintien du blocus sur Marseille permirent à César de partir en Espagne en ayant assuré ses arrières. Pourtant, Marseille allait recevoir une aide des pompéiens, via la mer : Lucius Nasidius, avec 17 navires, arrivera à la fin juillet pour aider les Marseillais à briser le blocus des césariens : cette seconde bataille navale se déroulera en face de Tauroentum (Saint-Cyr-sur-Mer), place-forte des Marseillais, mais se soldera elle aussi par un échec pour les Massaliotes.
Mais César nous apprend, ici, une autre chose très intéressante, et qui dépasse très largement le simple cadre de son conflit avec Massalia :
Comment les Romains, peuple de terriens, paysans et laboureurs, mais piètres navigateurs, ont-ils réussi à dominer à ce point la mer Méditerranée, et en faire même leur « lac intérieur », leur « Mare nostrum » ?
Bien sûr, il y eut Sénèque, Cicéron, Tacite et Tite Live, Virgile et Horace… Mais ce n’est pas faire injure aux romains que de souligner ce qu’ils savaient eux-mêmes et assumaient parfaitement : peuple de « terriens », peuple de bâtisseurs, qui donna des lois au monde, ils ne furent jamais à l’aise sur la mer, et les exploits des grands navigateurs de l’Antiquité furent le fait des Phéniciens – avec leur colonie de Cathage – et des Massaliotes.
Ainsi, les Phéniciens connaissaient à ce point les courants marins qu’ils franchissaient allègrement les Colonnes d’Hercule, s’aventurant dans le grand Océan, en plongeant leurs voiles à vingt mètres sous la mer, afin d’être propulsés vers l’avant, malgré les vents contraires ! Et les deux grands voyages maritimes de l’Antiquité furent le fait des Massaliotes : Pythéas, qui remonta jusqu’à la banquise, aux limites du Pôle Nord, et Euthymènes, qui descendit les côtes – alors inconnues – de l’Afrique, jusqu’au Sénégal et en Guinée.
Comment, dans ces conditions, les Romains purent-ils s’imposer aux deux grandes puissances navales de l’époque – Carthage et Massalia – et l’emporter sur elles, malgré leur science et leur art de la navigation ? De même, comment le grand Pompée (ci contre) – également conquérant de l’Asie – parvint-il à débarrasser la Méditerranée des pirates qui l’infestaient et faire régner aussi la Pax Romana dans ce qui devint comme le lac intérieur de l’Empire ?
Pour une raison toute simple, pourrait-on dire : conscient de leur faiblesse dans le domaine maritime, les Romains ne s’épuisèrent pas à chercher à y remédier. Pragmatiques et empiriques – en bons « terriens » qu’ils étaient – ils eurent l’idée aussi simple que géniale de transformer le combat maritime en combat terrestre.
Ce que César appelle « harpon » ou « grappin » était en fait lancé depuis un « corvus » (un « corbeau »), c’est-à-dire une sort de tour/ponts-levis, munie de deux crochets qui, projetés sur le navire adverse, permettaient de l’immobiliser et servait de passerelle pour l’infanterie, qui débarquait sur le navire ennemi; c’en était fini, alors, des savantes manoeuvres maritimes et de l’art de naviguer : le combat (re)devenait un combat terrestre, où les romains excellaient, et leur défaillance se transformait en avantage.
En somme, les Romains avaient eu l’intuition de ce qui sera « la course » et la tactique des corsaires, quinze siècles plus tard : ils avaient anticipé, en quelque sorte, les exploits d’un Surcouf ou d’un Jean Bart, qui, avec de frêles coquilles de noix et un équipage réduit s’emparaient d’immenses navires, cent fois plus armés et mieux équipés qu’eux.
Et voilà comment Rome fut grande, même sur la mer !
Les navires romains étaient des birèmes, trirèmes, quadrirèmes ou quinquérèmes, selon le nombre de rames en hauteur, à faible tonnage (à peine supérieure à 200 tonnes).
Sur la trirème ci-dessus, on voit parfaitement le « corvus », à la poupe, et, à la proue, une échelle et divers instruments qui permettaient d’aller « à l’abordage » !
Les Basques puis les Celtes constituent les premiers peuplements connus de la Gaule, qui allait devenir la France. Sur ces deux populations premières vint se greffer l’influence décisive des Grecs et des Romains : voilà pourquoi nous évoquons largement, dans nos éphémérides, les pages fondatrices de notre identité profonde que nous devons à l’Antiquité : voici le rappel des plus importantes d’entre elles, étant bien entendu qu’un grand nombre d’autres éphémérides traitent d’autres personnalités, évènements, monuments etc… de toute première importance dans le lente construction du magnifique héritage que nous avons reçu des siècles, et qui s’appelle : la France.
En réalité, si la conquête de la Gaule était nécessaire à César pour sa prise du pouvoir à Rome, il faut bien admettre que « le divin Jules » avait été appelé à l’aide, en Gaule, par les Gaulois eux-mêmes, incapables de s’opposer au déplacement massif des Helvètes, quittant leurs montagnes – en 58 avant J.C – pour s’établir dans les riches plaines du sud ouest; César vainquit les Helvètes à Bibracte (éphéméride du 28 mars); cinq mois plus tard, envahis par les Germains d’Arioviste, les Gaulois le rappelèrent une seconde fois : César vainquit et refoula les Germains au-delà du Rhin (éphéméride du 5 août); et, cette fois-ci, auréolé de ses deux prestigieuses victoires, et gardant plus que jamais en tête son objectif premier (la conquête du pouvoir à Rome), César ne voulut plus se retirer de cette Gaule où on l’avait appelé, et dont la conquête serait le meilleur tremplin pour ses ambitions politiques à Rome… Il fallut six ans à Vercingétorix pour fédérer les divers peuples de Gaule contre le sauveur romain : le soulèvement général commença par le massacre des résidents romains à Cenabum (l’actuelle Orléans), en 52 (éphéméride du 23 janvier); le 28 novembre de la même année, Vercingétorix remporta la victoire de Gergovie (éphéméride du 28 novembre); mais, moins d’un an après, enfermé dans Alésia, Vercingétorix vécut l’échec de l’armée de secours venue à son aide de toute la Gaule (éphéméride du 20 septembre) : il capitula une semaine après (éphéméride du 27 septembre). Emmené captif à Rome, il fut mis à mort six ans plus tard, en 46 (éphéméride du 26 septembre).
Cependant, dans sa conquête des Gaules, César n’eut pas seulement à lutter contre les tribus gauloises proprement dites : il s’opposa également à Massalia, puissance amie et alliée de Rome, mais qui ne voulut pas choisir entre César et Pompée lorsque la guerre civile éclata entre ceux-ci : César réduisit Massalia, mais avec difficulté (éphémérides des 19 avril, 27 juin et 31 juillet).
1462 : Naissance du futur Louis XII
C’est à ce fils du poète Charles d’Orléans que les Etats généraux de 1506 décernèrent le surnom flatteur de Père du peuple.
Et c’est lui qui a prononcé ces deux phrases, qui sont restées dans la mémoire collective :
• « Le roi de France ne venge pas les injures faites au duc d’Orléans »;
• « J’aime mieux voir les courtisans rire de mon avarice que le peuple pleurer de mes dépenses ».
S’il mena plusieurs guerres, celles-ci se déroulèrent presque toutes en Italie, donc loin du territoire national, qui ne connut d’opérations militaires – finalement assez réduites – qu’en 1513, du fait des Anglais et des Suisses.
Et ces Guerres d’Italie, non seulement n’aggravèrent pas la pression fiscale mais, au contraire, permirent une diminution des impôts, le roi tirant d’importantes ressources de ses conquêtes lointaines.
De plus, en détournant l’ardeur turbulente de la noblesse, les Guerres d’Italie contribuèrent à maintenir le calme dans le royaume.
1550 : Naissance du futur Charles IX
Le fils d’Henri II et de Catherine de Médicis voit le jour à Saint Germain en Laye.
Si trois souvenirs sympathiques sont attachés à son nom (c’est lui qui est à l’origine de la tradition du muguet du premier mai, du début de l’année civile le premier janvier et donc, indirectement, des plaisanteries du premier avril…) il n’en demeure pas moins qu’il est aussi le roi sous le règne duquel eut lieu la saint Barthélemy.
Il faut dire que les derniers Valois n’eurent pas la tâche facile après la disparition prématurée et tragique d’Henri II: les Guerres de religion allaient ensanglanter le pays pendant un demi siècle…
Relisons les premières lignes du chapitre IX de l’Histoire de France de Jacques Bainville, Les guerres civiles et religieuses remettent la France au bord de la ruine :
« La mort d’Henri II précipita les choses : le « grabuge », comme il disait, passait d’Allemagne en France. Son fils François II n’avait que seize ans et il était maladif. Son règne d’une année fut celui où les catholiques et les protestants prirent position, tandis que se dessinait un « tiers parti » qui, redressé par l’expérience de la Ligue et devenu le parti des « politiques », aurait la victoire à la longue. Ce tiers parti était en réalité celui de la couronne. S’il était représenté par le chancelier L’Hospital, libéral vénérable et verbeux, il avait pour cerveau calculateur la reine mère, Catherine de Médicis, car Henri II avait épousé cette descendante des banquiers florentins.
e chef incontesté des catholiques était le duc de Guise. Son immense popularité, sa gloire militaire le servaient. Quant aux protestants, ils cherchaient un chef sans le trouver. Il y avait bien, en face de la maison de Lorraine, celle de Châtillon : Coligny et Dandelot. Coligny, soldat, se dérobait encore et se contentait de plaider pour la tolérance. Un prince du sang eût d’ailleurs mieux convenu aux calvinistes. Ils portèrent leurs vues sur le roi de Navarre, Antoine de Bourbon, que sa femme Jeanne d’Albret entraînait vers la Réforme, mais que ses intérêts et son caractère rendaient hésitant, et sur son frère le prince de Condé, plus résolu et que l’ambition tenta.
Nous avons ainsi le thème général des guerres de religion. « Il y a deux grands camps par la France », disait Pasquier. La monarchie, fidèle, même sous des princes débiles, a son rôle national, s’efforcera de maintenir l’équilibre et de rester au-dessus des factions. Ces événements extrêmement troubles ont encore été obscurcis par la passion qui se mêle aux récits qu’on en a fait jusqu’à nos jours. Chacun des partis accuse l’autre d’avoir commencé. »
La saint Barthélemy
1619 : Louis XIII est reçu à Azay-le-Rideau
Si Louis XIII désira se rendre à Azay, et non ailleurs, dans cette région qui compte tant de châteaux, c’est pour une raison bien simple : Françoise de Souvré, marquise de Gensac, alors propriétaire du château, avait été sa gouvernante, lorsqu’il était enfant… (née en 1582, elle devait décéder le 27 juin 1657, à Paris, à l’âge de 75 ans).
Dans la chambre du roi – qu’occupa Louis XIII – on peut admirer un bureau en poirier noirci comportant des scènes de la guerre de 30 ans gravées sur de l’ivoire et un très beau lit à baldaquin suspendu.
Sur la route entre Tours et Chinon, Balzac décrit Azay comme un « diamant taillé à facettes, serti par l’Indre, monté sur des pilotis masqués de fleurs ».
A Philippa Lesbahy, épouse de Gilles Berthelot, qui entreprit la construction du château, l’architecte italien déclara qu’Azay était « une fleur, une fleur posée sur l’eau ».
1696 : Mort de Michel Lambert
Il était Maître de musique de la chambre du roi, alors que son gendre, Jean-Baptiste Lully, était Surintendant de la musique.
1748 : Aux origines de la Place de la Concorde
La Ville de Paris prend la décision d’élever une « statue équestre de bronze » au roi Louis XV, et en passe commande au sculpteur Bouchardon, avec l’idée qu’elle soit le point de départ d’une Place qui portera le nom du roi : la Place Louis XV. Un concours est lancé : quatre-vingt dix projets sont reçus et, devant la difficulté de choisir, la Ville préfère s’en remettre au choix du roi pour « l’emplacement du monument ».
Face à l’ampleur des démolitions que les différents projets causeraient, Louis XV choisit alors un terrain vague, entre les Tuileries et les Champs-Elysées (alors en dehors des limites municipales) : la création de la nouvelle Place Louis XV sera décisive pour le développement de l’ouest parisien.
Elle est une splendeur, du point de vue architectural, et une complète réussite du point de vue urbanistique, en « aérant » toute cette zone, et en y facilitant les communications.
Elle fut construite de 1755 à 1775 par Jacques-Ange Gabriel. Il imagina une place octogonale de 360 mètres de longueur et 210 mètres de largeur : en tout, 84 000 mètres carré. Contrairement aux places royales de Paris, il a choisi de créer une place ouverte pour respecter la perspective des Tuileries. D’un côté elle s’ouvre sur la Seine, et de l’autre, elle est fermée par les deux palais monumentaux conçus par Gabriel : le ministère de la Marine et l’Hôtel Crillon, où la France a reconnu officiellement en 1778 l’indépendance des Etats-Unis (c’est aujourd’hui un grand hôtel parisien). La statue de Bouchardon, représentant Louis XV à cheval, qui ornait le centre de la place, fut détruite au cours de la Révolution : sous Louis-Philippe (1835-1838), l’architecte Hittorf acheva l’agencement de la place en respectant l’œuvre de Gabriel. Il ajouta des balustrades autour de la place, ainsi que différents éléments architecturaux :
• Les chevaux de Marly : Ces sculptures introduisent l’entrée des Champs Elysées à Paris. Elles ont été sculptées par Coustou, et viennent de l’abreuvoir de Marly-le-Roi. Déposées sur la place de la Concorde en 1794, ce ne sont aujourd’hui que des copies : les statues originales se trouvent au Louvre.
• Les fontaines : Entre 1835 et 1840, ont été ajoutées deux fontaines et des colonnes ornées d’une proue de navire, emblème de Paris. Les fontaines, symbolisant la navigation fluviale et la navigation maritime, sont des imitations de celles de la Place Saint-Pierre, à Rome. La fontaine des fleuves se trouve au nord de la place, et la fontaine des mers au sud.
• Les villes de France : Chaque coin de la place est orné par une des huit statues, représentant les plus grandes villes de France au XXe siècle : Marseille, Lyon, Bordeaux, Nantes, Rouen, Brest, Lille et Strasbourg.
• L’obélisque de Louxor : Au centre de la place de la Concorde, il dressa l’obélisque de Louxor, offert à la France en 1831 par le vice-roi d’Egypte, Muhammad Ali. Le transport de ce monolithe de granite rose, de 230 tonnes et 23 mètres de hauteur, fut une véritable épopée : il fallut deux ans et demi au navire, spécialement créé pour cet événement, pour arriver en France. A l’origine, l’obélisque et son jumeau, sculptés il y a plus de 3000 ans, étaient placés de chaque côté de la porte du temple de Thèbes, à Louxor, en Haute Egypte. Les faces de l’obélisque sont recouvertes de trois colonnes de hiéroglyphes, racontant l’histoire de Ramsès II et Ramsès III. L’obélisque a été érigé de telle façon, qu’il sert d’aiguille à cadran solaire, marquant sur la place de la Concorde l’heure internationale.
Malheureusement, elle sera le théâtre de l’épisode le plus dramatiquement religieux de notre Histoire (selon le mot de Prosper de Barante) : l’assassinat de Louis XVI, le 21 janvier 1793, à dix heures vingt…
A côté du socle dépouillée de sa statue – déboulonnée puis détruite par les révolutionnaires… – la guillotine, d’abord installée dans la cour du Carrousel, fit sa première apparition sur la « place de la Révolution » en octobre et novembre 1792 pour décapiter, devant l’emplacement de leur forfait, les auteurs des vols des bijoux de la Couronne conservés au Garde-meuble (Ministère de la marine). Elle fit sa seconde apparition le 21 janvier 1793, pour décapiter Louis XVI.
Du 11 mai 1793 au 9 juin 1794, soit pendant treize mois, elle fonctionna sans discontinuité, érigée entre la statue de la Liberté et le Pont-Tournant (entrée du jardin des Tuileries). C’est là que Marie-Antoinette fut suppliciée, le 16 octobre 1793.
En tournée, la guillotine fut installée trois jours durant place de la Bastille, puis place du Trône-Renversé (aujourd’hui, Place de la Nation, où furent éxécutées les Carmélites de Compiègne, exaltées par Bernanos…), revint Place de la révolution pour deux jours après le 9 thermidor (27 juillet 1794) pour l’exécution des amis de Robespierre, puis une dernière fois, en mai 1795, pour celle des émeutiers du 1er prairial.
Le nombre des personnes qui furent décapitées à Paris pendant la Révolution peut être de 2.498, dont 1.119 place de la Concorde, 73 place de la Bastille et 1.306 place de la Nation (pour René Sedillot : 2.639 à Paris, et 42.000 en France)…
Parmi les personnes qui furent suppliciées place de la Concorde : Louis XVI, Marie-Antoinette, Madame Elisabeth, Madame Roland, Charlotte Corday, Lamoignon de Malesherbes, Lavoisier, Philippe-Égalité, Brissot de Warville, Danton, Robespierre, Jacques-René Hébert, Saint-Just, la Comtesse du Barry.
Au centre-ouest de la place.
1881 : Naissance de Jérôme Carcopino
S’il est un « génial historien de la Rome antique » – auteur d’un remarquable César et d’un non moins magistral La vie quotidienne à Rome à l’apogée de l’Empire (ci contre), Jérôme Carcopino est aussi l’auteur de la très importante Loi du 27 septembre 1941 réglementant les fouilles archéologiques.
Cette Loi fut complétée par la Loi du 21 janvier 1942 qui crée un service archéologique géré par le CNRS et organise les circonscriptions archéologiques : le but de ces Lois était de protéger nos sites historiques contre les fouilles intéressées des occupants nazis.
Ce qui n’empêcha pas la honteuse et criminelle Epuration (!) de le révoquer de ses fonctions en 1944, de l’emprisonner (dans la même cellule que Guitry : au moins était-il en bonne compagnie !) avant qu’il ne soit totalement blanchi de toute accusation, et pleinement réintégré dans ses fonctions.
1998 : Mort de Pierre Boutang
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Retrouvez Pierre Boutang dans Je Suis Français
Parmi nos Grands Textes :
Qui sera le Prince ? l’Or, c’est-à-dire les puissances d’Argent ; ou le Sang, c’est-à-dire l’ensemble des forces de Tradition ? Grand Texte ∗∗∗
Février 1941 : Appel de Pierre Boutang, 24 ans, à la jeunesse de la France envahie et vaincue : « Désormais, nous sommes une jeunesse qui veut se situer à l’origine ». Grand Texte ∗∗∗
« Reprendre le Pouvoir » (Postface)
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Reprendre le pouvoir, selon Pierre Boutang, qu’est-ce à dire ?
Quand Boutang dialoguait avec Je Suis Français il y a 40 ans
Écouter aussi ce rarissime document : une conférence de plus d’une heure et demie, donnée à Marseille, le 31 mars 1988 : L’horizon politique, le Prince chrétien.
Trésor d’érudition maîtrisée, François Brigneau écrit de lui qu’il « écrivait un français admirable quand il s’appliquait à ne pas être obscur. C’était son penchant, qui alla s’aggravant. Il ressemblait à Picasso. Le premier trait était lumineux. Ensuite, hélas, il compliquait. Seule une élite intellectuelle, dont je ne faisais pas partie, pouvait le suivre et l’apprécier…. ».
Paul-François Paoli, de Valeurs actuelles, demanda un jour à quatre philosophes qui « se souviennent » d’évoquer chacun un maître.choisit d’évoquer Pierre Boutang, l’homme en colère. Cela donna le petit billet suivant.
Il y a des coups de foudre de l’esprit. C’est ce qui est arrivé à Jean-François Mattéi quand il a rencontré le philosophe et polémiste Pierre Boutang, qui prit la succession d’Emmanuel Lévinas comme professeur de métaphysique à la Sorbonne, en 1976.
« Ma première impression, confirmée par la suite, fut celle d’un géant de la pensée. Il se mouvait avec une aisance incroyable dans les textes les plus difficiles et récitait par coeur le Parménide de Platon et les poésies de Rimbaud….. Il m’impressionnait, moins par son immense culture, que par le détachement avec lequel il la maîtrisait », explique Jean-François Mattéi. Hélléniste, auteur de nombreux essais, dont Europe, le regard vide(Flammarion), Jean-François Mattéi est devenu un fidèle de Pierre Boutang, mais il n’est pas sûr que celui-ci « ait été un maître en attente d’un disciple ».
Jean-François Mattéi a souvent fait le voyage de Collobrières, dans le Var, où Pierre Boutang possédait une maison sans électricité. Là, ils ont devisé à la belle étoile en dégustant un Tavel bien frais, aux côtés de ceux que Boutang admettait dans sa proximité et qui prenaient le risque de se faire « engueuler » s’ils n’avaient pas lu Platon, Aristote, Saint Thomas et tant d’autres. Catholique et royaliste, Boutang, qui n’avait jamais renié Maurras, était un homme chez qui la tendresse s’accouplait souvent avec la colère. Mais quel personnage !
« Je garde de lui le souvenir d’une fidélité à l’enfance », affirme Mattéi, qui a écrit la préface de la nouvelle édition de L’Ontologie du secret, grand oeuvre de Boutang, que réédite les PUF à la rentrée.
« C’était un arpenteur de l’être qui, comme Platon et Heidegger, avait compris que la philosophie est une variation permanente sur l’archétype du voyage et que l’homme est bien un « homo viator ». Il m’a appris, mieux que tout autre, le souci de la transcendance »…
Enfin, pour se rapprocher encore un peu plus de « ce géant », écoutez les quarante trois minutes pendant lesquelles l’un de ses élèves, Rémy Soulié, parle de lui :
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Boutang et Raymond Aron : une question trop longue…on voit R.A. s’impatienter gentiment. C’est gênant.