De Gaspard Koenig.
L’acceptable et l’inacceptable, les jugements péremptoires, les concessions les plus claires et les plus sommaires au politiquement correct le plus éculé, tout ce qu’écrit Gaspard Koenig dans cette chronique des Échos publiée hier 26 juin, est à mettre, bien évidemment, sur le compte de son libéralisme échevelé, systémique et déçu. Déception qui lui fait paraphraser le vieux cri de continuité immédiate de la France royale d’autrefois devenu sous sa plume : « La République est morte, vive la République ! ». La différence – c’en est une ! – est qu’on n’en sait ni le nom ni la nature. Ignoramus, ignorabimus ! « Les monarchies, disait Bainville, portent leur renouvellement dans leur propre principe. ». Dans leur propre principe, les républiques, en tout cas les françaises, portent, à tous les sens du terme, la dissolution. C’est ce que Gaspard Koenig ne sait pas et qui rend son article, là encore au sens propre, en quelque sorte, désemparé. Ce qu’il peut y avoir de juste dans ses analyses – nous en donnons des extraits seulement – et que nous n’ignorons pas plus que lui, ne nous rendra pas pour autant grévistes les deux dimanches qui viennent.
« Je comprends mieux pourquoi Hegel expliquait que la chouette de Minerve ne s’envole qu’à la tombée de la nuit (…). Depuis l’annonce de la dissolution, je reste coi, indécis et triste. »
Nos représentants politiques ont montré ces dernières semaines un cas d’école du désordre dans lequel ils aiment prétendre que le pays est plongé. Les défections, scissions, regroupements et alliances sont devenus incompréhensibles.
« Les programmes, gribouillés à la hâte, ne reposent sur aucune doctrine sérieuse, recyclent des antiennes éculées, rivalisent de petits cadeaux puérils et changent d’un jour sur l’autre. Ils ne méritent même plus qu’on les chiffre, qu’on les évalue, qu’on les prenne au sérieux. Les derniers amoureux de la liberté ne peuvent rien trouver de bon dans ce méli-mélo dirigiste.
Le citoyen est piégé non entre deux mais entre trois extrêmes inacceptables, chacun se prétendant un rempart contre les deux autres. Le Rassemblement national et ses satellites n’apparaissent peut-être plus fachos (un vernis bien friable) mais restent explicitement nationalistes voire nativistes, soit la pire méthode pour aborder les crises géopolitiques et écologiques, et la vision la plus régressive (et dangereuse) de notre communauté civique.
Le Front populaire est numériquement dominé par des Insoumis devenus illibéraux par leur exaltation identitaire, leur populisme économique et leurs pratiques robespierristes. Certains demi-habiles ont beau m’expliquer que cette union est en carton-pâte, juste le temps pour les sociaux-démocrates de remporter quelques circonscriptions, l’électeur ne dispose d’aucune garantie sur la couleur politique du prochain gouvernement. On ressort rarement victorieux d’un pacte avec le diable.
Quant au camp de la raison censé être représenté par la majorité présidentielle, il est tout sauf raisonnable. J’ai payé pour voir en votant pour Emmanuel Macron à deux reprises, en 2017 par conviction, en 2022 par défaut.
Aujourd’hui, comment accepter sa dissolution capricieuse, son laisser-aller budgétaire, son mépris des corps intermédiaires, sa brutalité sociale, son grignotage des libertés publiques, ses reniements écologiques ? Comment ne pas être accablé par son entourage niais et technocratique, par son exercice solitaire et vertical du pouvoir ? Comment lui pardonner les paroles en l’air de la dernière campagne présidentielle (rappelez-vous : l’autonomie des écoles, la simplification, « une autre manière de faire »…) ?
Comment ne pas souhaiter un contre-pouvoir face à une personnalité de plus en plus erratique, jusqu’à qualifier son Premier ministre de « petit frère » ?
[…]
Plutôt que de blâmer les femmes et hommes politiques pour cette impasse, il faut se demander quel système d’incitations génère de telles déviances. Et se rendre à l’évidence : la Ve République, cette monarchie déguisée portée à son acmé par l’actuel président, produit des fous.
Des fous grisés par le pouvoir et sa pompe, des fous qui croient transformer le monde par le verbe, des fous qui n’ont confiance qu’en eux-mêmes. Le chaos qui se profile, où la crise politique est susceptible de se doubler d’une crise financière, doit nous conduire à imaginer d’autres institutions, décentralisées et dépersonnalisées, démocratiques et délibératives. La République est morte, vive la République ! » ■
Combien de Constitutions! Combien de républiques depuis le funeste 1789! toutes ont fini dans l’impuissance et le chaos, la défaite et l’écroulement, parfois le coup d’état. Seule à avoir un certain temps fait illusion par son caractère monarchique, qu’il vaudrait mieux dire autocrate, la Vème du nom, s’étant privée du principe héréditaire inhérent à la monarchie vit aujourd’hui ses derniers instants mais il y a encore des Gaspard Konig pour y croire contre toute évidence!
Des fous, par centaines, mais aussi des bonimenteurs irresponsables pour qui leurs états d’âmes, leur maquillage et leur bons mots comptent plus que la réalité. J’ignore, je mens, c’est tant; j’ignore toujours, je prends le vent, je démens, c’est le même prix. Mon emploi, mon chèque, intox plus botox, est garanti à vie.
Tu l’as dit… bouffi !