802 : Charlemagne reçoit l’éléphant blanc offert par Haroun-al-Rachid
C’est évidemment, dans la perspective d’une vision géopolitique ambitieuse qu’il faut replacer les contacts noués entre Charlemagne et le lointain sultan; tout comme la tentative – avortée.- d’épouser l’Impératrice Irène de Constantinople : en réalité – et comme l’a très bien montré Jacques Bainville – les deux premières dynasties franques – la Mérovingienne (Clovis) et la Carolingienne (Charlemagne) – souhaitaient restaurer l’Empire romain, et se sont – en partie – épuisées à courir après cette chimère. A quoi il faut ajouter la terrible plaie des partages du royaume, à chaque décès du souverain. Voilà pourquoi les deux premières dynasties, malgré des débuts brillants, ont toutes deux échoué : c’est à la troisième – celle des Capétiens – qu’il reviendra de réussir, dans la tâche plus modeste, certes, mais plus réaliste, qu’elle s’était fixée : construire la France.
(Illustration ci-dessus : Fresque romane, Musée du Prado, Madrid)
Abul Abbas, l’éléphant blanc de Charlemagne
1303 : Fondation de l’Université d’Avignon
C’est Boniface VIII qui, très peu de temps avant de mourir (des suites de son conflit avec Philippe le Bel et de « l’affaire d’Agnani ») fonda l’Université d’Avignon, six ans à peine avant que son successeur, Clément V ne vienne installer la Papauté dans la ville.
Boniface VIII voulait concurrencer la Sorbonne, jugée trop proche du pouvoir de son ennemi juré, le roi de France, Philippe le Bel. Les écoles qui existaient déjà (médecine, théologie, arts grammaticaux…) furent fédérées autour de quatre facultés et connurent très vite un grand développement, avec la présence des papes en Avignon : rivalisant avec les universités de Montpellier et Toulouse, l’Université toute récente accueillit 17.000 étudiants !
En 1608, une jeune fille, venue de Barcelone, Juliana Morell y fut reçue Docteur en Lois, devenant ainsi la première femme docteur d’Europe.
L’idée novatrice du Pape était que, pour obtenir ses diplômes, un étudiant devait avoir fréquenté sinon toutes, du moins les principales Universités européennes d’alors (Bologne, La Sorbonne, Oxford, Salamanque). Cette intuition sera, en quelque sorte, à la base du projet d’échanges intereuropéen d’étudiants qui verra le jour, à la fin du XXème siècle, sous le nom de Projet Erasmus.
Présentation de l’Université : cliquez sur l’image ci-après.
1374 : Mort de Thévenin de Saint-Légier
Triboulet dans Le Tiers Livre de Rabelais, vu par Gustave Doré.
Pendant près de trois siècles, il y eut, à la Cour de France, des Fous du Roi, dont l’emploi était un véritable Office.
On ne connaît pas le nom des premiers Fous de la Cour, mais on les connaît à partir de Charles V : celui-ci écrivit en effet aux maire et échevins de la ville de Troyes pour leur annoncer la mort de son Fou et pour leur demander de lui en envoyer un autre, « suivant la coutume ».
Charles V eut, à partir de ce moment deux Fous : le premier fut inhumé à Saint-Germain-L’auxerrois, mais son tombeau n’existe plus.
Par contre, on voit toujours, à Saint-Maurice de Senlis, la tête de Thévenin de Saint-Légier, avec cette épitaphe :
Cy gist Thévenin de Saint-Légier, fou du roi notre sire, qui trépassa le premier Juillet 1374 : priez Dieu pour l’ame de ly.
Henri IV eut quatre Fous : Sibilot Chicot, maître Guillaume, Angoulevant, et Mathurine; ceux d’Henri II étaient Brusqui et Thoni.
Le Fou le plus connu de tous fut celui de François 1er : Triboulet, paysan de son état, qui s’appelait en fait Févrial ou Le Feurail, toujours coiffé de sa marotte (bonnet de plusieurs couleurs avec des grelots).
Triboulet, fou de Louis XII et de François 1er, Chantilly, musée Condé
(Fonds : Dessins) par Jean Clouet, 1545 (crayon noir/sanguine)
Rabelais le décrit comme « Proprement fol et totalement fol, fol fatal, de nature, céleste, jovial, mercuriel, lunatique, erratique, excentrique, éthéré et junonien, arctique, héroïque, génial. ».
Un jour, l’amiral de Chabot l’ayant menacé de coups de bâton, François 1er intervint et lui dit : « Ne crains rien, si quelqu’un osait porter la main sur toi, je le ferais pendre dans le quart d’heure qui suit. ». A quoi Triboulet répondit :« Ah Cousin (il appelait le roi ainsi), ne pourriez-vous pas, je vous prie, le faire pendre un quart d’heure avant qu’il m’étripe ».
Une autre fois, risquant d’être exécuté pour avoir offensé une maîtresse de François 1er, celui-ci lui laissa le choix de sa mort; Triboulet dit alors : « Bon sire, par Sainte Nitouche et Saint Pansard, patrons de la folie, je demande à mourir de vieillesse ».
Le dernier Fou de cour – à l’époque de Louis XIV – fut l’Angely, venu des Pays-Bas. Plein d’esprit et de talent, il touchait, par an, 25.000 écus ! Boileau à écrit de lui :
« Et l’esprit le plus beau, l’auteur le plus hardi
N’y parviendra jamais au sort de Langely. » (à la cour, ndlr)
Mais ses railleries incessantes finirent par le faire chasser de la Cour : avec lui s’arrêta, donc, cette période d’environ trois siècles où, à ces personnages burlesques, tout était permis, y compris d’apostropher les Grands, et le monarque lui-même !
Le dernier Fou de cour – à l’époque de Louis XIV , l’Angely
1751 : Parution du premier tome de L’Encyclopédie
En septembre 1819, Chateaubriand fit paraître un petit ouvrage, assez peu connu de nos jours, intitulé De la Vendée, et dont, les premières lignes sont les suivantes :
« L’ancienne constitution de la France fut attaquée par la tyrannie de Louis XI, affaiblie par le goût des arts et les mœurs voluptueuses des Valois, détériorée sous les premiers Bourbons par la réforme religieuse et les guerres civiles, terrassée par le génie de Richelieu, enchaînée par la grandeur de Louis XIV, détruite enfin par la corruption de la régence et de la philosophie du XVIIIe siècle.
La révolution était achevée lorsqu’elle éclata : c’est une erreur de croire qu’elle a renversé la monarchie ; elle n’a fait qu’en disperser les ruines, vérité prouvée par le peu de résistance qu’a rencontré la révolution. On a tué qui on a voulu ; on a commis sans efforts les crimes les plus violents ; parce qu’il n’y avait rien d’existant en effet, et qu’on opérait sur une société morte. »
Si l’on doit rejeter l’analyse de Chateaubriand où transparaît son goût immodéré des ruines, de même que sa vindicte s’étendant de Louis XI à Louis XIV et au-delà, ainsi, encore, que son affirmation très contestable – même à la veille de la Révolution – selon laquelle l’Ancienne France était une société morte, sa dernière affirmation sur « la philosophie du XVIIIe siècle », elle, est une évidence.
En 1837, Balzac ne jugera pas autrement. Dans un petit ouvrage également, et également peu connu de nos jours, Rois de France, il a analysé avec justesse les méfaits et les ravages de ce qu’il appelle, à bon droit, « la secte » des Encyclopédistes.
L’extrait ci-dessous traite justement, pour le règne de Louis XV, de l’apparition de cette secte et de la nocivité de son action :
Et, dans notre album Maîtres et témoins (III) : Léon Daudet, à propos des Encyclopédistes, voir la photo « L’important est d’avoir un vrai corps de doctrine »
1914 : 19.240 tués : Le jour le plus meurtrier de la Grande Guerre pour l’armée britannique
Souvent appelée – à juste titre – « le Verdun des Britanniques », la bataille de la Somme, qui débute ce premier juillet 1914, et qui devait briser le front allemand, se révèle très vite être un échec cuisant : 19.240 soldats du Royaume Uni et du Commonwealth seront tués en cette seule journée, 2.082 seront portés disparus, 35.493 seront blessés… Et tout cela, au bout du compte, pour une avancé territoriale dérisoire !
La bataille de la Somme, le 1er juillet 1916: le Verdun des Britanniques
(Pour l’armée française, le jour le plus meurtrier de la guerre fut le 22 août 1914 : 27.000 tués ! (éphéméride du 22 août)
A Thiepval, le Mémorial de la Bataille de la Somme
1942 : Mort de Léon Daudet
Lorsqu’il disparaît, à Saint-Rémy de Provence, ce premier juillet 1942, victime d’une attaque cérébrale, Léon Daudet est toujours, officiellement le directeur politique de L’Action française, ce quotidien fondé en 1908, en partie grâce à un don (100 000 francs), de de son épouse, Marthe Allard, qui venait de les hériter de Madame de Loynes. Mais le quotidien n’a plus que trois ans à vivre.
Né en 1867, Léon Daudet avait alors 36 ans. Il aura donc passé quasiment la moitié de sa vie en dehors du royalisme, et l’autre moitié dedans : il venait en effet de rencontrer Charles Maurras deux ans auparavant, et aussi le jeune Jacques Bainville; trois amis unis tout au long de leur vie par une même volonté française alors que pourtant leurs personnalités étaient fort différentes, parfois opposées.
©JeSuisFrançais
De Léon Daudet, Gérard Leclerc a dit et écrit ceci :
Léon Daudet est un formidable critique littéraire, à redécouvrir complètement. On a récemment réédité ses essais critiques, une merveille ! Le Daudet critique littéraire est, à mes yeux, encore supérieur au mémorialiste, voire même au pamphlétaire. Daudet, que l’on voit en général comme un personnage rabelaisien, truculent et virulent, est d’abord un homme d’une extraordinaire profondeur culturelle. Relisez ses articles sur Dostoïevski, par exemple, c’est époustouflant. C’est là, d’ailleurs, que l’on voit la complexité de l’Action française : derrière son objectif politique déterminé, qi faisait son unité, elle laissait s’exprimer des sensibilités très diverses, voire opposées. Quand Henri Massis, plus tard, voudra défendre l’Occident contre un certain slavisme, il se trouvera en désaccord complet avec Léon Daudet, homme d’une immense érudition, parfait connaisseur de la littérature russe comme d’ailleurs des littératures anglaise, espagnole, etc.
Comment connaître Léon Daudet ? Biographie, anecdotes, jugements divers sur l’homme et l’œuvre, importance de son action politique au cœur de l’Action Française, à la Chambre où il a siégé avec toute son ardeur, sa truculence et sa culture, tout cela figure – avec une riche iconographie – dans notre album ci-dessous, que nous ne reproduirons pas ici. Nous recommandons de le s’y reporter, tout simplement.
Maîtres et témoins : Léon Daudet
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Grand polémiste, grand pamphlétaire et aussi fine gueule. Un grand et vrai Français.
Grand talent totalement occulté par le système maçonnique, qui le cache à la jeunesse française.