C’est à la curiosité d’un confrère radioaste et musicologue, Olivier Bellamy, que nous devons en cette décennie 2020 la résurrection éditoriale de Lily Pastré (1891-1974), mélomane, mécène et 100 pour 100 marseillaise. (Livre ci-dessous à droite).
Née Marie-Louise Double de Saint-Lambert, fille du baron de ce nom, héritière des apéritifs méridionaux Noilly-Prat et épouse, à partir de mai 1918, du comte pontifical Jean Pastré, héritier, lui, de bergers languedociens devenus dès avant la révolution de 1789, d’opulents propriétaires de terrains marseillais transformés ensuite en place Castellane et Prado. Les Pastré furent également les grands agents d’affaires de la nouvelle dynastie égyptienne, les Mehemetalides (1805-1953), une lignée très francophile.
La providence des musiciens
Doublement doté, généreuse et même prodigue, Lily Pastré allait être durant 60 ans la mécène d’une foule d’artistes ayant tous des liens plus ou moins directs avec la musique : Clara Haskil (Photo à droite), Alfred Cortot, Pablo Casals, Samson François, Youra Guller, Darius Milhaud, Christian Berard, Edith Piaf etc, etc.
La « villa provençale », vaste enclave privée de la comtesse au sein du parc entourant le château familial Pastré, sur la route des Goudes, devint alors un foyer culturel intense de niveau international. Sous l’occupation allemande de la France, Dame Lily accueillit aussi en son petit territoire des israélites, souvent déjà venus là pour y exercer leur art, fuyant ensuite la persécution nazie ; pas idéologue ou militante pour deux sous, assez naïve en politique l’aristocrate évergète ne ferma pas ses salons aux occupants surtout s’ils se piquaient de grande musique … (Photo à gauche : le château Pastré).
Un avocat nommé Defferre
Les succès culturels et autres de Mme Pastré suscitèrent bien sur des dénonciations de la part d’envieux et, à la Libération, la réelle bienfaitrice et des musiciens et et affligés, trainée en justice, fut blanchie grâce au talent juridico-oratoire du jeune avocat Gaston Defferre, futur époux de cette autre fameuse figure féminine marseillaise que fut Edmonde Charles-Roux, fille d’un grand colonial français, devenue une des égéries de la gauche caviar parisienne ... (Photo à droite). L’entente cordiale entre les deux femmes donna en 1948 le festival Mozart d’Aix-en -Provence, appelé à une gloire universelle. Néanmoins à ce jour, sauf erreur, nul haut lieu provençal ne porte encore le nom de Lily Pastré… Sic transit gloria mundi. ■ PÉRONCEL-HUGOZ
Longtemps correspondant du Monde dans l’aire arabe, Péroncel-Hugoz a publié plusieurs essais sur l’Islam ; il a travaillé pour l’édition et la presse francophones au Royaume chérifien. Les lecteurs de JSF ont pu lire de nombreux extraits inédits de son Journal du Maroc et ailleurs. De nombreuses autres contributions, toujours passionnantes, dans JSF.
Retrouvez les publications sous ce titre…
C’était le temps du Marseille de Defferre et Charles-Roux. Pas des Payan et Co. Merci de ce rappel qui nous rend tous un peu nostalgiques…à
DES PERSONNES DE QUALITÉ !