Sur les étranges circonstances de la prochaine élection présidentielle étatsunienne et sur la situation d’ensemble des Etats-Unis.
Par Xavier Raufer.
Cette nouvelle contribution de Xavier Raufer est parue sur Atlantico le 7 juillet. Intéressante analyse que nous ne commenterons pas sauf pour dire qu’elle émane d’un spécialiste très avisé dont nous suivons les travaux depuis des années.
Ces récents jours, le président Biden (cité par les principaux médias du pays) se dit fier d’être « La première femme noire élue vice-présidente des États-Unis » ; et promet peu après de « Battre Donal Trump… en 2020 ».
D’évidence, Joe Biden devrait se reposer ; fuir cette tragi-comédie. Mais allons plus loin. Peu avant la chute de l’URSS, on se souvient des vieillards flageolants lors des défilés de la Place rouge ; du pauvre Konstantin Tchernenko, aphasique au Kremlin, et (au moins) signataire d’un livre prophétique, « Le Peuple et le Parti ne font qu’un » – paru cinq ans avant que l’Union soviétique ne s’écroule sur elle même.
Que nous dit le calvaire de Joe Biden de l’état réel des États-Unis, encore la première puissance mondiale ; avec laquelle M. Macron nous a si étourdiment engagé dans une inquiétante mésaventure ukrainienne, dont l’évolution affole toujours plus les experts militaires, détenteurs des données réelles du terrain ?
Comme l’heure est aux vitupérations, affirmons d’emblée qu’un engagement aveugle avec tout autre camp (chacun a ses faiblesses et intérêts propres) nous soucierait autant. Car séculairement la diplomatie française privilégiait plutôt des alliances de revers, Richelieu (Quand même cardinal) et les calvinistes saxons, Louis XIV (Roi de « la fille ainée de l’Église ») et l’empire ottoman – ajoutons-y le général De Gaulle reconnaissant la Chine de Mao.
Mais ces États-Unis de 2024 – dans quel état sont-ils vraiment ?
Quelques chiffres, puisés aux seules et meilleures sources officielles américaines :
– De 2020 à 2024, les prix des principaux aliments y ont bondi de 25% : problème majeur pour les foyers modestes,
– Mais le pays compte toujours plus de milliardaires : 13 en 1980, 748 fin 2023. En même temps, « Bloomberg Fortune 500 » montre que 77% de ces ultra-riches ont encore prospéré en 2023 : M. Musk, + 98 milliards de dollars ; M. Zuckerberg, + 83$Mds, etc.
– Toxicomanie : un pays toujours plus avide des pires substituts chimiques à l’héroïne, fentanyl, nitazènes, xylazine, etc. Ces seuls vecteurs des « morts par désespoir » (il y en a d’autres : suicides, alcoolisme mortel, etc.) ayant causé plus de cinq cent mille morts dans le pays en cinq ans (2019-2023),
– Armes à feu : jamais les États-Unis n’en ont possédé autant, au point qu’on en compte désormais plus dans le pays (± 400 millions), que d’habitants (±336 m.). De loin, ce pays est le N°1 au monde pour la possession d’armes ; de même, pour les tueries de masse : 609 en 2023 (avec à chaque fois 4 blessés ou morts par balles, en un seul moment et lieu).
– Santé publique du pays : ravagée par la malbouffe, la jeunesse (17-24 ans) y est AUX TROIS QUARTS (75%) inapte à tout service militaire (obésité, puis toxicomanie et déficiences mentales). À présent dans l’armée de terre US, 68% des engagés sont en surpoids ou obèses (Deux fois plus qu’en 2014). En 2023, l’armée devait recruter 60 000 soldats, elle en est restée à 45 000, faute de candidats possibles.
– En juillet 2024, nouvelles révélations sur le scandale de pédophilie d’Epstein ; d’autres documents sont déclassifiés par la justice de Floride (la première enquête le visant remonte à 2005, à Palm Beach, dans cet État). Comme un violent acide administré au goutte-à-goutte, la révélation de ces faits, tous, dit le juge ordonnant la publication, « Pervers, dégoûtants et criminels », ronge la confiance de la population, d’abord, envers les élites de la côte Est. Et ça ne date pas d’hier – avant même les inouïs 14 ans complets d’omerta-Epstein : en 1964, 77% des électeurs américains avaient confiance dans leur gouvernement fédéral – il en reste SEIZE POUR CENT fin 2023. Et que nul des complices mâles d’Epstein n’ait jamais été, ne serait-ce qu’inquiété, dans cette affaire (le juge, dixit) « d’enfants victimes de trafics sexuels » n’arrangera sans doute pas les choses dans l’avenir.
– Les effarants zigzags de l’opinion américaine sur des sujets graves : Israël, naguère adulé – au delà-même du raisonnable pour le bien de ce pays – et fin 2023, 51% des 18-24 ans américains sont pour abolir Israël et rendre l’intégralité du sol de la Palestine historique au… Hamas. Les deux-tiers des étudiants de la progressiste et éclairée université de Harvard affirmant aussi qu’Israël est un « oppresseur ».
– Enfin, les (nombreuses) crises de loufoquerie américaine. En voici une, mais vraiment, on n’a que l’embarras du choix… Début juillet, sur les réseaux sociaux, la jeune Latino texane Jenna L., en larmes, son bébé dans les bras, expulsée d’un vol d’United Airlines : elle s’était trompée sur le pronom d’une hôtesse (?) de l’air transsexuelle… ■