1342 : Jean de Louvres commence la construction du Palais neuf, dans le Palais des Papes d’Avignon
De 1309 à 1376, sept Papes résidèrent en AvIgnon. C’est le premier d’entre eux, Clément V, qui est à l’origine du Palais des Papes, en ordonnant la construction du premier palais, le Palais vieux (voir l’éphéméride du 23 juin).
Le troisième Pape d’Avignon, Clément VI, jugea ce palais trop modeste, car il désirait centraliser – et ce, pour la première fois depuis les origines de l’Eglise catholique – tous les services de l’administration papale dans la même ville.
Il lui fallait donc un espace beaucoup plus grand, et surtout un architecte capable de relever les nombreux défis techniques que posait – malgré d’indéniables avantages – le lieu où s’élevait le Palais de son prédécesseur : il fit appel à un architecte originaire d’Île-de-France, Jean de Louvres, natif de Louvres-en-Parisis, près de Luzarches.
Jean de Louvres attaqua ses travaux le 17 juillet 1342 avec la tour des Cuisines et la tour de la Garde Robe, toutes deux achevées en mai 1343. Dans la tour des Cuisines se trouvait la Bouteillerie qui servait aussi à déposer dans des coffres la vaisselle d’or et d’argent de la table pontificale.
Le 4 mars 1345, il commença le chantier du nouveau palais, que l’on appela vite l’Opus Novum : la tour du Trouillas fut terminée en mars 1346. Lors de la clôture des travaux, le 21 octobre 1351, la superficie totale du palais des papes atteignit 6.400 mètres carrés. Tous ceux qui virent ce Palais neuf furent impressionnés, tant par la rapidité de la construction que par sa qualité : Jean Froissart qui le tint pour « la plus belle et la plus forte maison du monde », et, un siècle plus tard, César de Nostredame, l’un des fils de Nostradamus, admirait « sa fière et austère façade ».
C’est avec – et grâce à – cette nouvelle façade, que le palais prit l’aspect que nous lui connaissons aujourd’hui.
Mais surtout le pape fit couvrir les murs de fresques. Matteo Giovanetti, prêtre de Viterbe, élève du grand Simone Martini – qui mourut en Avignon – dirigea d’importantes équipes de peintres venus de toute l’Europe (éphéméride du 23 juillet).
Clément VI fut si satisfait de « son » Palais que, le 9 juin 1348, il acheta Avignon à la reine Jeanne – qui se trouvait alors dans de grandes difficultés, politiques, diplomatiques et… financières !… – pour 80 000 florins. La ville devint alors indépendante de la Provence, et propriété pontificale, comme le Comtat Venaissin.
15.000 mètres carrés de plancher : le plus vaste palais ogival du monde : sur cette maquette, le Palais neuf occupe la moitié gauche de l’ensemble, le Palais vieux, la droite.
15.000 mètres carrés de plancher : le plus vaste palais ogival du monde : sur cette maquette, le Palais neuf occupe la moitié gauche de l’ensemble, le Palais vieux, la droite.
palais-des-papes/le-plus-grand-palais-gothique
1429 : Jeanne fait sacrer Charles VII à Reims
Enluminure de Martial d’Auvergne, XVème siècle
C’est le tournant décisif de la Guerre de Cent Ans. La légitimité de Charles VII ne peut plus, désormais, être contestée.
Le réalisme politique de Jeanne aboutit à l’effet escompté : les esprits sont retournés en faveur du Roi légitime, et même la mort de Jeanne, le 30 mai 1431, n’empêchera pas la défaite anglaise.
En 1453, vingt quatre ans à peine après le sacre, les Anglais ont perdu toutes leurs possessions en France (sauf Calais, qui ne redeviendra française qu’en 1558).
Et depuis, chaque année, la ville de Reims organise les très belles Fêtes Johanniques à Reims.
orange.fr/jean-claude.colrat/sacre
La Geste héroïque de Jeanne est un moment fondamental de notre Histoire nationale : ses moments essentiels en sont relatés dans ces éphémérides aux 25 février (rencontre de Jeanne et du Dauphin, à Chinon), 8 mai (libération d’Orléans), 18 juin (victoire de Patay), 17 juillet (sacre de Reims), 23 mai et 21 novembre (capture, et livraison aux Anglais), 30 mai (martyre), 16 mai (canonisation), 10 juillet (instauration de la Fête nationale).
1453 : Victoire de Castillon
https://www.jesuisfrancais.blog/wp-content/uploads/2023/07/Palais-des-papes-plan-palais-neuf-17-04-2024.jpgL’armée française de Charles VII remporte une victoire décisive sur les Anglais dans le village girondin de Castillon.
Cette bataille marque la fin de la Guerre de Cent Ans, mais elle met aussi un terme définitif à la présence anglaise en Guyenne.
La reconquête de l’Aquitaine sera complète quand le roi de France s’emparera de Bordeaux le 19 octobre.
Charles VII, sitôt sacré roi, s’est donné les moyens de sa politique, notamment en créant l’Armée permanente, qu’il dotera de la meilleure artillerie de son temps, avec les frères Bureau. (éphéméride du 26 mai).
Dans notre album L’aventure France racontée par les cartes, voir la photo « Guerre de Cent ans (4/4) : deuxième rétablissement ».
1613 : Louis XIII pose la première pierre du « grand Regard de Rungis » de l’aqueduc Médicis
Alors qu’aux origines l’empereur Julien l’Apostat louait la qualité des eaux de la Seine à Lutèce (qui étaient, disait-il, « bonnes à voir et à boire. » !), Paris, au début du XVIIème siècle, manque d’eau, et surtout d’eau potable.
En 1612, le bureau de la Ville de Paris adjuge à Jean Coingt la construction d’un aqueduc, destiné à amener à la capitale les eaux du plateau de Rungis, la difficulté étant de traverser la vallée de la Bièvre.
Les travaux de terrassement du « carré des eaux » commencent dès le début de l’année suivante et, le 17 juillet 1613, le jeune Louis XIII peut poser solennellement la première pierre du grand Regard de Rungis.
À la mort de Jean Coingt en 1614, le chantier est repris par son gendre Jean Gobelain. Il faudra dix ans, en tout, pour le mener à bien : l’aqueduc est mis en eau le 19 mai 1623, jusqu’à la Maison du Fontainier.
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1729 : Naissance du Bailli de Suffren
Il est l’un des plus grands marins français, et en tout cas reconnu comme tel par les Anglais, qui s’y connaissent en gens de mer, et qui le classent parmi les cinq plus grands marins de tous les temps.
Dans le Mémorial de Sainte Hélène, Emmanuel Las Cases revient plusieurs fois sur les propos tenus par Napoléon sur le Bailli :
« Oh ! pourquoi cet homme n’a-t-il pas vécu jusqu’à moi, ou pourquoi n’en ai-je pas trouvé un de sa trempe, j’en eusse fait notre Nelson, et les affaires eussent pris une autre tournure, mais j’ai passé tout mon temps à chercher l’homme de la marine sans avoir pu le rencontrer. »
netmarine/bat/fregates/suffren/celebre
Insolite, le monument que dicta à un cousin du bailli la piété familiale : Maurras en parle, sur le Mur des Fastes du Jardin de sa maison de Martigues :
« …Le Bailli de Suffren commanda les marins de Martigues, surnommés les coursiers de la mer. Son cousin, l’abbé de Régis, lui dédia un vaisseau taillé dans le roc, grand bâtiment sans mouvement qui lui coûta beaucoup d’argent. »
1794 : Les seize Carmélites de Compiègne sont guillotinées
A cette occasion, la Guillotine a quitté la Place de la Révolution, et se trouve sur la Place du Trône, devenue Place du Trône renversé (!), et actuellement Place de la Nation.
Est retenu contre elles le crime d’avoir « formé des conciliabules de contre-révolution, et d’avoir le désir de voir le peuple remis aux fers de ses tyrans et dans l’esclavage des prêtres sanguinaires… leur attachement à des croyances puériles ».
Dès le début, la Révolution Française a cherché à anéantir le monachisme et à extirper à jamais de la mémoire des Français tout souvenir du Dieu d’Abraham. Pour les carmélites de Compiègne, le fait d’être martyres de la foi à cette époque n’a donc vraiment rien d’exceptionnel. Ce qui rend leur histoire singulière, c’est qu’elles sont mortes en communauté et ont fait de leur martyre une sorte d’acte liturgique auquel elles s’étaient préparées quotidiennement.
Âgées de 25 à 75 ans, elles gravissent une à une les marches de l’échafaud, ce 17 juillet 1794, au chant du Veni, creator spiritus… (Viens, Esprit créateur).
Dans le cimetière parisien des Picpus (XIIe arrdt)
Dans la masse immense des horreurs et des ignominies qui souillent à jamais, d’une tâche indélébile, les années noires de la Révolution française, le martyre des Carmélites de Compiègne, sereinement accepté (joyeusement, en donnant à ce mot le sens que lui donne Bernanos) vient illustrer la pensée – d’esprit spirituel – de ce même Bernanos :
« La où le péché abonde, la grâce surabonde ».
Avec d’autres évènements spirituellement lumineux de cette funeste Révolution – comme l’acceptation de Louis XVI, ou celle de cette paysanne, nommée Tricot, qui réconforta ses parents et sa famille que l’on assassinait devant elle en leur criant « Souvenez-vous que votre Dieu est mort sur une croix et votre roi sur l’échafaud » – la sérénité joyeuse des Carmélites est donc l’exacte antithèse de ces actes monstrueux dont la Révolution fut prodigue.
1796 : Naissance de Corot
1852 : Aux origines de l’avenue Foch
Par décret impérial du 17 juillet 1852, l’Empereur nomme Hittorff – qui réalisera la Place de l’Etoile deux ans plus tard (éphéméride du 13 août) – architecte du Bois et de la future avenue de l’Impératrice.
Cette avenue, qui l’Empereur veut splendide, doit relier, sur une distance de 1.300 mètres, l’Arc de triomphe de l’Etoile au Bois de Boulogne, à l’orée duquel elle débouche en s’ouvrant sur la Place Dauphine.
A la chute du Second Empire, l’Avenue de l’Impératrice devint l’avenue du Général Uhrich, puis l’avenue du Bois-de-Boulogne. C’est en 1929, année de la mort du maréchal, que l’avenue prit son nom actuel d’Avenue Foch.
Hittorff, qui avait initialement prévue une avenue d’une largeur de 90 mètres, vit son projet barré par l’Empereur lui-même, qui, lorsqu’il lui présenta ses plans, effaça la mention « 90 mètres » pour la remplacer par « 120 mètres », ce qui fait d’elle l’avenue la plus large de tout Paris.
On l’admire toujours aujourd’hui, bordée de chaque côté par une pelouse et une contre-allée, comme l’une des plus belles artères de la Ville-lumière.
Portrait dessiné par Ingres, 1829, Musée du Louvre
Jakob Ignaz Hittorff naît le 20 août 1792, à Cologne, qui fait alors partie du Saint Empire Romain Germanique, dans une famille d’artisans modestes. L’occupation de la ville par les armées révolutionnaires françaises à partir de 1794 fait de lui un citoyen français : Jacques Ignace Hittorff. Destiné à l’architecture, il étudie également la maçonnerie et la taille de pierre.
Il se rend à Paris en 1810 pour étudier à l’Ecole des beaux-arts, dans l’atelier de Charles Percier, l’associé de Pierre Fontaine. La déroute napoléonienne ayant ramené la France à ses frontières de 1791, sa ville natale redevient allemande, mais Hittorff choisit de rester en France.
Sous le règne de Charles X, il se voit confier l’organisation de fêtes, à commencer par celles du sacre du roi, ou de cérémonies funèbres dont les obsèques de Louis XVIII à Saint-Denis.
Sous le règne de Louis-Philippe, à partir de 1830, il travaille à l’Eglise Saint-Vincent-de-Paul. En 1834, il réaménage la Place de la Concorde, qui va recevoir l’Obélisque : son projet, incluant l’érection de l’obélisque arrivé de Louqsor le 9 août 1834, est adopté le 24 avril 1835 par le conseil municipal de Paris. En 1842, il obtient de nouveau la nationalité française par un arrêt de Louis-Philippe.
Sous le Second Empire, il collabore aux grands travaux du baron Haussmann : réaménagement du Bois de Boulogne, Théâtre du Rond-point des Champs-Elysées, Cirque d’Hiver, immeubles de la rue de Rivoli… Il est l’architecte de la Gare du Nord.
Il meurt à Paris le 25 mars 1867 : sa tombe se trouve au cimetière de Montmartre, dans la quatrième division.
Sur l’œuvre de Jacques Hittorf, en général, voir notre éphéméride du 25 mars, jour de sa mort.
1888 : Découverte du gouffre de Padirac
Le docteur Edouard Alfred Martel commence l’exploration de la grotte de Bramadiau dans le Gard, puis découvre le gouffre de Padirac.
1912 : Mort d’Henri Poincaré
A la découverte de son œuvre :
1967 : Montpellier offre sa statue de Louis XVI à sa ville jumelle de Louisville, Kentucky
A Louisville, Kentucky, au carrefour entre la sixième rue et la rue Jefferson, se dresse une statue de Louis XVI, offerte le 17 juillet 1967 par la ville jumelée de Montpellier.
Sculptée en 1829 par Achille-Joseph Valois, elle est en marbre de Carrare, pèse 9 tonnes et fait environ 4 mètres de haut.
L’influence de la France sur la cité de Louisville et de sa région aux États-Unis est très importante.
La ville tire d’ailleurs son nom du roi Louis XVI de France.
Avant même l’apparition de Louisville, le lieu abritait un poste avancé français nommé La Belle.
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Le rapport de l’athéisme révolutionnaire au christianisme est un rapport de parenté critique. Avant de dégénérer en simple matérialisme pratique, l’athéisme révolutionnaire a retourné contre le christianisme ses propres armes, à commencer par le primat de la raison. Il a mené à son terme le procès de »désenchantement du monde »entamé par la désacralisation chrétienne du cosmos.
Il a ramené sur terre les aspirations chrétiennes fondamentales (le bonheur remplaçant le salut, et l’avenir l’au-delà), c’est-à-dire qu’il lui a opposé ses propres valeurs désormais laïcisées, tout en prétendant se passer de sa clef de voûte : Dieu.
Comme le dit René Girard, la modernité a rejeté la tradition chrétienne « au nom d’idéaux qu’elle accuse le christianisme de méconnaître et qu’elle croit incarner mieux que lui ».
La modernité, paradoxalement, a opposé au christianisme une prétention à être plus chrétienne que lui.
J’ignorais complètement :
1. Que le christianisme professait le primat de la raison,
2. Qu’il existait une « désacralisation chrétienne du cosmos »,
3. Que le christianisme avait « entamé un procès de désenchantement du monde »
Je croyais, au contraire :
1. Que le christianisme professait la primauté de la foi sur la raison,
2. Qu’il sacralisait le cosmos et toute la création, comme l’œuvre de Dieu,
3. Que le « désenchantement du monde » provenait plutôt de son refus, moderne, de toute transcendance, donc de sens.
Mais il est aussi possible que toute pensée, œuvre ou croyance humaine soit, en fait, susceptible de dégénérer en autre chose qu’elle-même à partir de ses propres fondements et que les « rapports de parenté critique » entre les dites pensées, œuvres ou croyances et leurs dégénérescences soient tout simplement d’une extrême banalité.
Mon cher LORI, le processus de substitition est connu. Les dieux ont d’abord été remplacés par Dieu, au terme d’une longue lutte d’influence dont le christianisme est officiellement sorti vainqueur. Le Dieu chrétien a ensuite perdu progressivement de sa crédibilité et vu s’affaiblir son emprise. Le Dieu dont Nietzsche proclame la «mort » en 1886 n’est que ce Dieu moral, le Dieu de la métaphysique occidentale.
Mais sa mort dans la conscience collective a rendu cette conscience malheureuse. Le Dieu «mort » a continué de s’y inscrire en creux, en y laissant un manque.
Pour combler ce manque, la modernité a inventé une série de substituts profanes (le Peuple, la Nation, la Patrie, la Classe, la Race, le Progrès, la Révolution, etc.) qui, tous sans exception, se sont révélés inaptes à servir d’absolus de rechange. Les espérances investies dans l’action politique (où l’on entrait «comme en religion ») n’ont engendré que la désillusion, le découragement, et parfois l’horreur. Le décès de l’espérance révolutionnaire dans un salut terrestre constitue l’événement spirituel de cette fin de siècle.
Le nihilisme contemporain signe l’échec de ces démarches de substitution.
Lou bayle Suffren que sus mar coumando
Au port de Touloun a douna. signaù.
Parton de Touloun cinq cent Prouvençaù.