Cet excellent article est paru le 27 juillet dans Élements.
Par Jean Montalte.
Qu’auraient dit Nietzsche, Maurras, Spengler, Bloy, Evola, Muray, Céline, Guénon, des Jeux olympiques 2024 et de cette cérémonie d’ouverture que Patrick Boucheron a voulu la plus éloignée possible d’une histoire « virile, héroïsée et providentielle » – la nôtre pourtant ? Nul doute qu’à travers cette pantomime criarde et cosmopolite, ils auraient épinglé un nouvel avatar d’Homo festivus : « Homo festivus olympicus ». Quoi qu’il en soit, Jean Montalte a décidé de convoquer au chevet de ces Jeux les mânes de quelques grands ancêtres.
Maurras, évoquant les Jeux olympiques qui se déroulèrent à Athènes du 6 au 15 avril 1896, ressuscités par le baron Pierre de Coubertin, écrivit : « Il ne s’était jamais offert une occasion aussi favorable pour essayer de distinguer exactement le cosmopolitisme, qui n’est qu’un mélange confus de nationalités réduites ou détruites, d’avec l’internationalisme qui suppose d’abord le maintien des différents esprits nationaux. » Les Jeux olympiques de 2024, la mascarade qui s’y joue, l’humiliation dont notre pays se croit un devoir de donner le spectacle au monde entier, c’est aussi l’occasion de relire Maurras, excellemment introduit et commenté par Axel Tisserand pour ses Lettres des Jeux olympiques (GF Flammarion). Maurras a montré que la restauration des Jeux par Pierre de Coubertin a d’emblée servi la propagande cosmopolite. Depuis que la décadence s’est enrichie de variantes infinies, les foutaises dont on fait la promotion se sont démultipliées. Macron est très certainement aux anges…
Emmanuel Macron, puisqu’il est question de lui, en qualité de chef d’orchestre semi-occulte, semi-exhibitionniste, se fit oraculaire comme à l’accoutumée, entonnant des hosannas extatiques dignes de la liturgie dont il se fait le grand-prêtre, mais pour célébrer quel Dieu ? Le nihilisme ? « Le plus inquiétant de tous les hôtes » évoqué par Nietzsche, m’est avis… En effet, le président plastronna fièrement : « Les Jeux de Paris seront les plus durables, les plus inclusifs, les plus paritaires de l’Histoire. L’ouverture, aucun pays ne l’a tentée avant. » J’ai connu une DRH qui puisait dans ce même lexique : elle était foudroyante d’éloquence.
Nietzsche ou Aya Nakamura ?
Tandis que Gérald Darmanin se félicite d’avoir ramené « pratiquement à zéro » la délinquance à Paris, des viols (notamment celui d’une touriste australienne par des individus de type nord-africain dans un kebab), vols, agressions viennent malencontreusement démentir les fanfaronnades du pouvoir. Faisant désordre dans le tableau idyllique brossé par le ministre, l’entraîneur de l’équipe masculine de foot d’Argentine déplore un vol lors d’un entraînement, pour un préjudice estimé à 50 000 euros. L’ex-footballeur brésilien Zico, membre de la délégation des JO du Brésil, s’est fait voler une mallette au contenu total estimé à 500 000 euros à Paris. La SNCF, le jour de la cérémonie d’ouverture des Jeux, se dit victime d’une « attaque massive pour paralyser le réseau » des TGV. Les trouble-fêtes redoublent d’énergie pour tout gâcher !
Ian Brossat, sénateur PCF de Paris, a déclaré sur BFM TV : « La grande masse des Parisiens est assez heureuse d’accueillir les Jeux olympiques. » Nous pouvons lui savoir gré d’une telle circonspection dans la formule. « Assez heureuse », pas beaucoup plus, une liesse nuancée, feutrée, sans démesure aucune. C’est ce qu’on est en droit d’attendre d’une grande masse, fût-elle parisienne. Ce n’était apparemment pas au goût de Daoud Boughezala, puisqu’il se permit cette espièglerie dont sa musette regorge : « Quand j’entends le mot sport, je sors mon pied bot. » L’ironie est patente…
Nietzsche, très en verve quant à lui, bien que tout au bout de la syphilis et passablement bourré, aurait déclaré dans les colonnes de Mediapart, après avoir assisté aux répétitions: « Sans la musique d’Aya Nakamura la vie serait une erreur, les JO de Paris une besogne éreintante, un exil. » Information à mettre au conditionnel malgré la vraisemblance du propos venant d’un penseur qui s’y connaît en termes de festivités dionysiaques.
Chevaucher Anne Hidalgo
Oswald Spengler, vaticinant, vit dans l’événement une confirmation de plus que le continent européen était « métaphysiquement épuisé » et qu’il avait précisément épuisé toutes ses virtualités. Il aurait déclaré, mais peut-être est-ce apocryphe : « Quand la Culture calanche, la Civilisation cloisonne l’âme », faisant sans doute référence aux nombreuses barrières, grillages, qui rendent la circulation difficile dans la capitale. Julius Evola, apparemment en phase avec le diagnostic de son confrère teutonique, lui emboîta le pas. Il aurait affirmé que les JO de Paris marquaient une avancée dans le processus de dissolution de l’Occident. Raison pour laquelle il ne participera pas à la cérémonie d’ouverture. Des associations antispécistes se sont félicitées de son absence. Elles ont, cependant, vertement – écologisme oblige – fustigé ce « néo-fasciste anti-tigre » qui se serait permis de chevaucher ce noble animal dans un cirque clandestin, non homologué. La maltraitance animale est caractérisée, sans ambiguïté.
Plus accablant encore pour ce dernier, un anonyme exhuma des textes dénotant un esprit malade, une mentalité pré-logique régressive, extraits de son maître-ouvrage, Révolte contre le monde moderne : « Dans l’Antiquité gréco-romaine, les jeux – ludi – eurent un caractère partiellement sacré, ce qui en fit des expressions typiques de la tradition de l’action. […] Dans la tradition grecque, l’institution des jeux les plus importants eut une relation étroite avec l’idée du combat des forces olympiennes, héroïques et solaires contre les forces naturelles et élémentaires. Les Jeux pythiques à Delphes rappelaient le triomphe d’Apollon sur Python et la victoire de ce dieu hyperboréen dans la compétition avec les autres dieux. Les Jeux olympiques se rattachaient pareillement à l’idée du triomphe de la race céleste sur la race titanique. Héraclès, le demi-dieu allié aux Olympiens contre les Géants dans des entreprises dont dépend étroitement son passage à l’immortalité, aurait institué les Jeux olympiques en tirant symboliquement de la terre des Hyperboréens l’olivier avec lequel les vainqueurs étaient couronnés. » Le tout à l’avenant, effrayant…
Quant à sainte Anne Hidalgo de la Seine, ayant eu vent de propos orduriers de la part de Léon Bloy, l’auto-proclamé « gueux de Dieu », rapportés sur les réseaux sociaux par Livres du pont neuf, à savoir « J’attends les JO et le Saint-Esprit », a tenu une conférence de presse pour remettre les pendules à l’heure. Elle a déclaré, dans la langue somptueuse qu’on lui connaît : « Il y en a marre du JO bashing par Léon Bloy. De toute manière il refuse systématiquement de présenter son QR code. » Arielle dombasle, injustement moquée par l’écrivain plein de ressentiment, ne se laissa pas démonter – si j’ose dire – et arborera fièrement cette robe futuriste Hula Hoop bleu-blanc-rouge, fidèle à elle-même, prodiguant ses largesses sans regarder à la dépense. Philippe Muray, guère surpris devant toute cette débauche de festivisme, se serait exclamé, d’un air quelque peu lassé : « Tout est accompli. »
Coule la Seine, Paris coule
La LICRA, de son côté, a poursuivi en justice Louis-Ferdinand Céline pour incitation à la haine, suite aux critiques portées sur la composition ethnique de l’équipe de France : « Qui ne veut pas être négrifié est un fasciste à pendre. Tout ce qui pourrait provoquer le moindre sursaut émotif, la plus furtive révolte, au sein des masses parfaitement avilies […]trouve la critique en immédiate, haineuse, farouche, irréductible opposition. » Des propos qui furent qualifiés d’« insoutenables », qui n’ont d’ailleurs été soutenus par personne. L’écrivain a tenté, en vain, de se justifier en faisant valoir les positions décoloniales exprimées dans son roman Voyage au bout de la nuit.
Henry Montaigu aurait ironisé sur les commentaires prodigués par la ministre des Sports Oudéa-Castéra, qualifiant les débordements lors du match de football opposant le Maroc à l’Argentine de « bon enfant ». Lyrique, la ministre ajouta : « Malgré les critiques, la Seine est diaphane ! » À sa manière ésotérique, il va sans dire, Henry Montaigu répliqua : « Enseveli chrétien qui pleure au fin fond des cavernes les plus obscures de l’Âme pendant que se meut à la surface l’Ariel futile et changeant qui parle et déplace de l’air. » Mais devant l’incapacité de saisir le sens de ce poème, tout le monde resta coi. Jean Phaure fut le seul à saluer l’intervention de son ami. Ce dernier, lors d’un entretien accordé à Arnaud Guyot-Jeannin, avait prédit que la fin des temps surviendrait entre 2026 et 2030. Après certaines déclarations du président Emmanuel Macron dont nous ne connaissons pas la teneur, la date fut légèrement avancée.
René Guénon, tranchant, sonna le glas des interprétations abusives, par une unique question, question rhétorique en réalité : « Et si la seule manière de comprendre les JO 2024 de Paris était de les rapporter à l’eschatologie, comme autant de signes des temps ? » Puis, plus inquiétant, presque fébrile malgré l’altière sérénité dont il ne se départit jamais, il dressa prophétiquement de troubles parallèles entre la Seine et le Styx. Jean de Patmos apparut sur CNews, barbe hirsute, pour rassurer tout le monde. Son langage non-verbal le trahissait pourtant, on sentait qu’il n’en pensait pas moins. Des sources fiables rapportent qu’un dîner eut lieu la veille, entre le prophète de l’Apocalypse et le nocher des Enfers Charon. Le mystère reste entier.
Je vous prie de ne pas me faire le reproche de faire parler les morts, je n’ai voulu blesser la vertu de piété filiale, qui m’est chère entre toutes. Tout cela n’est que farce. Et pourtant, il y a peut-être un peu de sérieux derrière ces apparences trompeuses, comme Rabelais le disait de ses contes grotesques, les comparant aux Silènes. Auguste Comte ne disait-il pas que « les morts nous gouvernent ? » ■ JEAN MONTALTE
M. Boucheron, qui a commis une histoire de France multiculturelle et négatrice de sa grandeur, représente le résidu de l’Histoire de France confisquée par les révolutionnaires et les marxistes, cela n’a plus aucun écho dans le public face au Puy du Fou, aux histoires de Frank Ferrand et aux ouvrage de Bainville, et autres auteurs de l’AF ou proches. La vérité se fait jour comme pour la Vendée. Mais Macron voulait « en même temps » plaire à son public, de plus en plus rétréci et souhaitait effacer la France au profit de l’européisme et du mondialisme, il l’a de plus humiliée et scandalisé une grande partie de sa population. Croie-t-on que l’on intégrera, voir assimilera, les populations étrangères en leur montrant une telle France? Mais peut-être ne souhaite-ton pas?