1169 : Louis VII pose la première pierre du château de Fontainebleau
La première mention officielle dont on dispose, à propos de Fontainebleau, remonte à 1137 : il s’agit de la charte de succession de Louis VI, mentionnant un château dans cette localité, mais très certainement fort modeste.
C’est Louis VII qui lancera une suite de travaux qui ne s’arrêteront plus, et qui feront de Fontainebleau – selon le mot de Napoléon – « la maison des siècles, vrai palais des Rois ».
Et, probablement, celui qui aura hébergé le plus de souverains : 32.
Encore les travaux seront-ils, eux aussi, en cette année 1169, bien modestes, puisqu’il s’agit seulement cette année-là pour Louis VII d’adjoindre une simple chapelle – dédiée à Saint-Saturnin – au logis de son père. Laquelle chapelle sera consacrée par Thomas Beckett, archevêque de Cantorbéry, alors exilé en France. (Vitrail).
Il n’empêche : le mouvement est lancé, et il ne s’arrêtera plus. Même si, pour des époques aussi lointaines, planent toujours quelques incertitudes sur les dates exactes, il est juste de faire remonter à Louis VII, et à l’été 1169, le point de départ de la grande aventure de Fontainebleau.
Avant toutes choses, vu l’immensité du château, il importe – pour s’y repérer – de bien saisir qu’il s’agit d’une masse de bâtiments groupés autour de cinq Cours, comme le montre le plan/croquis ci-dessus :
De bas en haut (le bas étant l’Ouest, et le haut, l’Est) :
1. La Cour du Cheval blanc, avec son escalier en fer à cheval (époque François Premier, Louis XIII, Louis XIV, Louis XV, Louis XVI; l’aile ouest, fermant le quadrilatère, a malheureusement été démolie par Napoléon; elle est maintenant remplacée par la grille que l’on voit sur le plan ci-dessus, tout en bas);
2. Au dessus, donc plein sud, la Cour de la Fontaine (époque François Premier, Catherine de Médicis);
3. Encore au-dessus, la Cour Ovale (époque Moyen-Âge, François Premier, Henri II, Catherine de Médicis, Henri IV).;
4. Plein nord, par rapport à cette Cour Ovale, le rectangle de la Cour des Princes (époque Henri IV, Louis XIII, Louis XIV, Louis XV, Louis XVI);
5. Enfin, plein est, le grand carré de la Cour des Offices (époque Henri IV).
La particularité de Fontainebleau, et ce qui en fait un lieu unique dans toute l’histoire de France, c’est que le château est resté aménagé et habité sans aucune interruption, depuis les derniers capétiens directs (à partir de Louis VI) et jusqu’à Napoléon III.
On n’y trouve quasiment plus rien de médiéval, la plupart des parties moyenâgeuses ayant été démolies à partir de la Renaissance pour faire place au palais que nous voyons actuellement.
I. La Porte Dorée
La porte dorée est, au XVIe siècle, la principale entrée du château, et donne accès à la Cour Ovale. Elle fait partie de la toute première campagne de travaux ordonnés par François Ier à Fontainebleau puisqu’elle porte la date de 1528. Sa conception architecturale correspond à un compromis entre la tradition médiévale du châtelet d’entrée et des nouveautés venues d’Italie, comme les loggias superposées. Celle du premier étage est vitrée sous Louis XIII. Au rez-de-chaussée subsistent quelques vestiges du décor peint du Primatice.
II. La Galerie François Premier
XVIème siècle. Peintres : Rosso et Primatice
Située au premier étage d’une aile bâtie en 1528, la galerie est décorée, de 1533 à 1539, de quatorze fresques encadrées de stucs. Les douze fresques rectangulaires, oeuvres du peintre florentin Rosso, illustrent les vertus de la personne du roi et de son gouvernement ainsi que les vicissitudes de l’existence humaine. La fresque ovale, au centre, Danaé, est due au peintre bolonais Primatice. Les lambris en noyer sculpté et doré, de Scibec de Carpi, portent les chiffres, emblèmes et devises de François Ier.
Elle réunit la Cour du Cheval Blanc et la cour Ovale, en longeant la Cour de la Fontaine.
III : L’escalier en fer à cheval de la Cour du Cheval Blanc
Grès, 1632-1634, Jean Androuet Du Cerceau
L’escalier en fer à cheval, situé au centre de l’aile orientale de la cour du Cheval blanc, est venu prendre la place d’un premier escalier de forme comparable, construit sur les plans de Philibert Delorme, architecte de Henri II, vers 1558. Entre 1632 et 1634, Jean Andouet du Cerceau reconstruit ce « grand perron » en ayant soin de lui donner une forme permettant aux carrosses de tourner entre ses deux volées. La rampe est alors ornée du caducée de Mercure, l’un des emblèmes de Louis XIII.
On se trouve là face à la façade centrale du château de Fontainebleau. Napoléon a malheureusement fait démolir l’aile renaissance qui fermait le quadrilatère à l’Ouest. De ce fait, exactement comme au Louvre après la destruction des Tuileries, le Château ouvre ses deux ailes sur la ville (ci dessous), l’unité du bâtiment, dans les deux cas, étant rompue. ns un cas comme dans l’autre, il manque maintenant quelque chose.
IV : La Cour Ovale (Henri IV)
C’est la partie la plus ancienne du château, là où se concentrent les derniers restes médiévaux: on voit très bien, derrière le donjon -conservé mais redessiné-, une petite tour ronde. François Premier avait sa chambre au premier étage de ce donjon.
La chapelle Saint Saturnin, de Louis VII, est à gauche sur cette photo ((plein sud, donc). Elle existe toujours, mais a été remplacée par une chapelle double (une chapelle haute au-dessus d’une chapelle basse).
Ci dessous, l’actuelle chapelle haute :
1531 – 1546, Philibert Delorme
La disposition de cette chapelle, installée au-dessus d’une chapelle basse, rappelle celle de la Sainte Chapelle de Paris. Voûtée en 1546, elle comporte au centre un lanternon, abattu sous Louis XV, et rétabli par l’architecte Boitte, en 1882. La tribune d’orgue, avec ses colonnettes ioniques en marbre, est l’oeuvre de Philibert Delorme. Le décor peint est réalisé sous le règne de Henri IV. En 1807, Napoléon Ier décide d’installer dans cette chapelle la bibliothèque du château, fonction qu’elle conserve jusqu’en 1851.
Le Parc, les Jardins et la Forêt
A l’accumulation de bâtiments répond, en quelque sorte, l’accumulation des jardins. En dehors de la Forêt, Fontainebleau s’enorgueillit du Jardin anglais, du Jardin de Diane, du Grand Parterre et du Parc.
Une allée du jardin anglais, débouchant sur l’Etang aux Carpes. La fontaine Bliaud (ou Blaut, ou Belle-Eau) qui donna son nom au château et à la ville s’écoule dans un petit bassin carré, à pans coupés, au milieu de ce Jardin anglais.
Jusqu’à Louis Philippe, le jardin de Diane était entièrement fermé par une orangerie construite, sous Henri IV, de briques et de pierres. Au centre du jardin, la Fontaine de Diane (1602), surmontée de la statue de la déesse de la chasse et entourée de quatre chiens de bronze revenus du Louvre où ils avaient été installés.
Le Grand Parterre. Créé par François Premier et retracé sous Henri IV, son dessin actuel est celui de le Nôtre :
Le Parc est la création d’Henri IV, qui fit mettre le Grand Canal en eau en 1609. 60 ans après, ce sera Versailles.
Mais Fontainebleau c’est aussi une immense et magnifique forêt de 28.000 hectares, comprenant 1.600 kms de routes forestières et circuits pédestres; 215 espèces d’oiseaux, 1.350 plantes à fleurs, 3.000 champignons.
Pour aller plus loin
On peut enfin regarder (15′) une des Visites privées très grand public de Stéphane Bern : Portes ouvertes à Fontainebleau (2017)
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