La Bataille de la Marne, Ode Historique, jamais terminée, a été écrite et publiée en revue pour la première fois, le 1er septembre 1918. Par la suite, elle a été reprise, remaniée, augmentée à de nombreuses reprises au fil de la vie de Maurras jusque dans Les Œuvres Capitales (1954) qui n’en reprennent que deux strophes. Lors de sa parution, Guillaume Apollinaire, deux semaines avant sa mort, en a fait un éloge très argumenté, écrivant notamment : « la liberté avec laquelle M. Charles Maurras a osé aborder le ton de l’ode n’ôte rien au nombre de ses strophes, à la fermeté de sa langue, à la recherche d’une pensée qui même en pindarisant sait s’exprimer simplement et harmonieusement. Ses modèles, à mon sens, ne se trouvent ni au XVIIe, ni au XIXe, ni au XXe siècle ; ce sont Pindare et Ronsard. Mais tout le monde n’a pas compris la qualité de ces divertissements. » Le lecteur saura donner à ce dernier substantif le sens adéquat.
La Bataille de la Marne, Ode Historique
[Extrait]
« Savez-vous ce qu’est devenue
La mystique rose au cœur pur
Qui, neige et feu, sous de longs voiles
Qu’auréolèrent sept étoiles,
Emparadisa Terre et Mer
Et, du péché libératrice,
De la douleur consolatrice
Eut pitié même de l’Enfer ?
Dites-nous : la Vierge Marie
Ne règne plus dans votre ciel
Et votre terre défleurie,
Désert de cendres et de sel,
Ne mène plus l’ogive en flamme
S’ouvrir aux pieds de Notre Dame,
Jurer l’amour entre ses mains
Et lui chanter : — Ô belle, ô claire,
Dans la maison d’un même Père
Abritez nos cœurs pèlerins ! »
Charles MaurrasXXX
Ode à la Bataille de la Marne – Extrait (1918)