357 : Julien l’Apostat écrase les Alamans à Strasbourg
Récit d’Ammien Marcellin, Histoires, XVI, XII, 36-37 :
« Quand les accents des trompettes eurent, selon l’usage, donné de part et d’autre le signal du combat, la lutte s’engagea avec violence. Pendant un temps, on se lança des javelots et les Germains se précipitèrent avec plus de hâte que de prudence; brandissant leurs armes de la main droite, ils fondirent sur nos escadrons de cavalerie, grinçant des dents affreusement. Leurs cheveux flottants se hérissaient avec plus de fureur que d’habitude, et de leurs yeux rayonnait une sorte de rage.
Dressant leur opiniâtreté contre eux, nos soldats protégeaient leur tête derrière le rempart de leur bouclier et, tirant leurs épées ou brandissant leurs javelots qui les menaçaient de mort, ils épouvantaient leurs adversaires…
Avec un acharnement extrême on en vint au corps à corps…. Le ciel résonnait des grands cris poussés par les vainqueurs et les blessés… »
La bataille d’Argentoratum (Strasbourg) 357
778 : Bataille de Roncevaux
Charlemagne est parti combattre les Maures en Espagne, appelé par l’émir de Saragosse, dans les propos duquel il avait placé une excessive confiance. Arrivé devant la ville, non seulement celle-ci ne pactise pas avec lui mais, l’émir ayant été renversé, elle lui oppose une résistance farouche… Après plusieurs mois d’un siège infructueux, qui devient périlleux, il faut se rendre à l’évidence : l’expédition est un échec, et le retour au pays s’impose.
Sur le chemin du retour, Charlemagne, qui veut au moins incorporer à son Empire les régions chrétiennes du sud des Pyrénées, brûle – ou laisse une partie de ses soldats brûler… – la ville de Pampelune.
Pour se venger, les Basques – pourtant chrétiens – attaquent son arrière-garde au passage des cols pyrénéens.
Dans ses Annales carolingiennes (« Vita Caroli », « Vie de Charlemagne ») Eginhard raconte bien, en effet, comment, après une campagne en Espagne, l’arrière-garde de Charlemagne, menée par le gouverneur de la marche de Bretagne, Roland, dut faire face à une attaque surprise des Basques (appelés aussi Vascons) dans un col des Pyrénées, les Francs étant massacrés jusqu’au dernier; ce n’est que dans des manuscrits postérieurs qu’apparaîtra la localisation de l’évènement au col de Roncevaux; et dans des manuscrits encore plus récents que l’histoire sera totalement « transformée », et les Basques remplacés par des Sarrasins (au nombre de 100.000, ce qui est proprement irréaliste, pour ne pas dire plus…), Charlemagne devenant donc un héros de la Croix contre le Croissant : en pleine époque de reconquête sur l’Islam, aussi bien en Espagne qu’en Orient, le texte et les données initiales d’Eginhard furent donc réinterprétées sans la moindre gêne dans une Chanson de Roland écrite dans le but de donner un fondement historique aux Croisades en Orient et à la Reconquista en Espagne, transformant au passage une guerre territoriale en une guerre sainte contre les Infidèles.
Dans la « nouvelle version », on exalte essentiellement (mais pas seulement), parmi les victimes des sarrasins, l’obscur marquis de Bretagne, appelé Roland, dont parlait Eginhard. Mais, dans cette nouvelle trame, développée au XIe siècle en quatre mille vers, sous la forme d’une Chanson de geste, Roland est devenu le neveu adoré de Charlemagne et ses ennemis sont les cent mille sarrasins du roi Marsile (une autre invention). Pour avoir trop longtemps refusé de sonner le cor, ce qui aurait alerté l’empereur et lui aurait permis de venir secourir son arrière-garde, Roland finit par mourir héroïquement dans le défilé de Roncevaux.
Dans sa vision d’une société carolingienne largement fantasmée, le poète projette en réalité les valeurs propres à la société féodale du XIème siècle : l’honneur chevaleresque, la fidélité du vassal à son seigneur et la guerre sainte menée contre les infidèles :
Si les puristes, linguistes et autres « savants » tiennent la très courte « Séquence (ou Cantilène) de Sainte Eulalie » (29 vers !…) pour le premier texte poétique « français », c’est-à-dire écrit dans la langue d’oïl de l’époque, qui deviendra lentement notre » français, c’est bien La Chanson de Roland (4.000 vers dans sa version la plus ancienne, formant un ensemble construit et cohérent) qui peut être regardé comme le premier texte véritable de notre littérature nationale, et comme son premier chef d’œuvre.
Trouvères et troubadours, Chanson de Roland, Légendes Arthuriennes, Tristan et Yseult : quatre de nos Ephémérides reviennent sur la naissance de notre littérature nationale et sur ses thèmes fondateurs :
• l’ephéméride du 20 avril (sur les Troubadours Bernard de Ventadour et Bertrand de Born) ;
• du 27 avril (sur Xavier Langlais et les romans du Roi Arthur) ;
• du 15 août (sur la Chanson de Roland) ;
• du 29 août (sur Joseph Bédier et Tristan et Yseult).
1461 : Sacre de Louis XI
Deux extraits de Jacques Bainville, Histoire de France, chapitre VII, L’unité sauvée, l’ordre rétabli, la France reprend sa marche en avant :
1. : « …Louis XI avait sur les grands féodaux l’avantage de l’organisation royale, de l’armée permanente laissée par Charles VII. « Le roi est toujours prêt », disait avec dépit le Téméraire. Quand le duc de Bourgogne arriva, Louis XI avait déjà mis hors de jeu les ducs de Bourbon et de Nemours, grâce à quoi une bataille, qui eut lieu à Montlhéry (1465), fut indécise et Louis XI put rentrer dans Paris qu’il dispensa d’impôts pour être plus sûr de sa fidélité, car la trahison courait partout, même au camp royal, ce qui explique beaucoup des rancunes que garda le roi et des sévérités qu’il eut plus tard. Une bataille à Montlhéry ! Représentons-nous la faiblesse d’un gouvernement dont le sort se jouait à quelques lieues de sa capitale. »
2. : « D’ailleurs, il recueillait de toutes parts. Le bon roi René, le roi d’Aix, mourait bientôt lui laissant l’Anjou, tandis que la Provence, allant à un héritier sans enfants, revenait peu après à la France. Un accident de cheval enlevait Marie et mettait fin aux dernières difficultés de la succession de Bourgogne. La paix d’Arras fut conclue avec Maximilien. Alors Louis XI posséda paisiblement. Picardie, Bourgogne, Provence et Roussillon, Maine et Anjou : voilà ce qu’il laissait à la France. Énorme progrès, non seulement par l’étendue et la richesse de ces provinces, mais parce qu’elles groupaient ce qui était épars et formaient autant de barrières contre les invasions. On ne peut mieux dire que Michelet : « Le royaume, jusque-là ouvert, se ferma pour la première fois et la paix perpétuelle fut fondée pour les provinces du centre. » De plus, la grande féodalité ennemie de l’État s’éteignait. Il ne restait plus à craindre que la maison de Bretagne. Louis XI avait achevé de réduire les grands vassaux; le duc de Nemours fut décapité. Déjà le connétable de Saint-Pol l’avait été pour trahison. Enfin, autre résultat du règne : dès 1475 il avait été signé à Picquigny, avec l’Angleterre, une paix définitive, qui fermait la guerre de Cent Ans… »
Dans notre album L’aventure France racontée par les cartes voir la photo « La France face à la Maison de Bourgogne » et les deux suivantes, « Acquisitions de Louis XI » et « A Royaume nouveau, outils nouveaux : création de la Poste »
Pourtant, malgré la grandeur de son règne et son indéniable habileté, Louis XI compte au nombre des rares rois de France à avoir été faits prisonniers. (éphéméride du 11 février).
1534 : Fondation de l’ordre des Jésuites
Approbation des statuts de la Société de Jésus : Ignace de Loyola reçoit la bulle Regimini militantis Ecclesiæ des mains du pape Paul III. Fresque peinte par Johann Christoph Handke dans l’église de Notre-Dame des Neiges à Olomouc après 1743.
Le Basque Ignace de Loyola et six de ses amis prononcent leurs vœux de chasteté et de pauvreté dans la chapelle de Montmartre. Ils fondent un nouvel ordre, la Compagnie de Jésus ou les Jésuites.
Ignace de Loyola sera canonisé en 1622. La Compagnie sera dissoute par le pape en 1773, et rétablie en 1814.
1723 : Achèvement des travaux de Peterhof, bâti par le tsar Pierre 1er, et inspiré de Versailles
Les palais et jardins de Peterhof, à Saint-Pétersbourg
Signe d’un temps où le monde entier parlait français, pendant les travaux, qui ne durèrent que dix ans, le Tsar logeait dans une villa voisine, appelée : « Monplaisir »… Le roi de Prusse, lui, a carrément inscrit « Sans Souci » – le nom de son château, également imité de Versailles – sur l’une des pierres de la façade.
S’il a construit plusieurs hôtels particuliers à Paris, et quelques édifices en France, Jean-Baptiste Alexandre Le Blond est essentiellement connu pour être l’architecte principal (aidé de Bartolomeo Rastrelli) du palais de Peterhof, édifié par le tsar Pierre 1er, ébloui par Versailles, lors de sa visite en France en 1717 (éphéméride du 6 mai).
Le Blond devait d’ailleurs s’éteindre en Russie, prématurément, frappé par la petite vérole : le tsar en personne assista à ses obsèques.
Comme Auguste Ricard, dit « de Montferrand », auteur de la cathédrale Saint Isaac de Saint Petersbourg (éphéméride du 30 mai), Le Blond est ainsi un grand architecte français plus connu pour ses travaux en Russie que pour ses réalisations françaises.
En réalité, Peterhof et Versailles ne sont pas comparables, Versailles, le Palais-temple du Roi-Soleil, restant unique au monde par le fait d’être un triple poème, humaniste, politique et chrétien; tous les autres châteaux, palais ou demeures princières édifiées à l’imitation ou à l’inspiration de Versailles restant simplement, si l’on peut dire, de très beaux palais, mais rien de plus que des palais. Nulle part une symbolique aussi puissante, aussi complète, aussi politique et spirituelle n’a été développée comme elle le fut à Versailles par un Louis XIV illustrant la formule d’Anaxagore : L’Esprit organise la confusion et donne forme au chaos.
Ainsi, par exemple, si Versailles est tout entier ordonné autour du thème d’Apollon, le dieu Soleil, le tsar, lui, dédia son palais à Neptune (Poséidon, pour les Grecs), le dieu des eaux : il voulait ainsi marquer son ouverture – et celle de la Russie – sur les mers reliant à l’Europe, à laquelle il voulait arrimer son pays, afin de le moderniser, mais il ne poussa pas plus loin la symbolique.
Quelques chiffres comparatifs :
∗ Façade principale : 260 mètres à Peterhof, 415 à Versailles;
∗ Dimension de la Salle du Trône de Peterhof : 320 mètres carrés; de la Galerie des Glaces de Versailles : 770 mètres carrés…
∗ Superficie du Parc : 102 hectares à Peterhof, 815 à Versailles.
Versailles surpasse également, et de loin, Peterhof pour la surface totale du Palais : 63.154 mètres carrés.
1761 : Signature du Pacte de Famille
Pendant la guerre de Sept Ans, les différentes branches de la Maison de Bourbon (France, Espagne, Parme et Naples) se garantissent leurs États et leurs possessions et s’engagent à s’assister et à ne signer la paix que d’un commun accord.
Le Pacte de famille sera invoqué par Louis XVIII et son ministre des Affaires étrangères, Chateaubriand, pour l’intervention en faveur de Ferdinand VI (l’envoi en Espagne des « 100.000 fils de Saint Louis »).
Allégorie du Pacte de Famille, par Van Loo
De l’Encyclopédie Larousse
« Pacte de Famille » : nom donné au traité, signé en 1761, qui établit une union étroite entre les Bourbons de France (Louis XV), d’Espagne (Charles III), de Naples (Ferdinand IV) et de Parme (Philippe de Bourbon).
Depuis 1756, la guerre de Sept Ans met aux prises les Anglais et les Français. À la mort du roi Ferdinand VI (1759), le demi-frère de ce dernier, Charles III, accède au trône d’Espagne. Le nouveau roi s’inquiète de l’hégémonie anglaise en Amérique du Nord et cherche à se rapprocher de la France. Au printemps de 1761, des négociations s’engagent entre Choiseul et l’envoyé espagnol Grimaldi ; elles aboutissent le 15 août à la signature du Pacte de Famille.
Ce texte est plus qu’un simple traité d’alliance : il devient progressivement l’un des axes majeurs de la politique extérieure française. Les deux cours souhaitent s’appuyer sur « les liens du sang » pour faire « subsister à jamais un monument solennel de l’intérêt réciproque ». Le pacte garantit toutes les possessions territoriales des parties contractantes et pose comme principe que tout ennemi de l’une des branches de la maison de Bourbon devient ipso facto l’ennemi de toutes les autres ; les cours de Naples et de Parme sont appelées à se joindre à cette union. L’Espagne s’engage à entrer en guerre contre l’Angleterre, et Louis XV, à soutenir les revendications espagnoles lors des futurs traités de paix avec Londres. Le pacte de Famille prévoit également une série de privilèges économiques réciproques. Il subsistera jusqu’à la Révolution française.
1769 : Naissance de Napoléon
1892 : Naissance de Louis de Broglie
Le prince Louis de Broglie fut élu à l’Académie française le 12 octobre 1944 dans des circonstances singulières. En effet, le minimum de 20 votants exigé par le règlement ne put être atteint compte tenu des décès, emprisonnements et autres absences liées à la guerre. Il n’y eut donc, fait exceptionnel, que 17 académiciens pour l’élire ce jour-là, à l’unanimité, au fauteuil d’Émile Picard. Son entrée sous la coupole fut l’une des plus émouvantes, car il y fut reçu par son propre frère, le duc Maurice de Broglie, le 31 mai 1945, ce qui ne s’était jamais vu depuis trois cents ans.
Académie française – Les immortels – Louis de BROGLIE
1901 : Naissance de Pierre Lépine
Fils du médecin Jean Lépine, il devient à son tour médecin (biologiste). Il est directeur de l’Institut Pasteur d’Athènes de 1930 à 1935, puis chef du service des virus à l’Institut Pasteur de Paris de 1940 à 1971.
1944 : Débarquement Allié en Provence
Les villes de Marseille, Toulon ou encore Grenoble, seront libérées en moins de dix jours.
La participation française au débarquement en Provence (août 1944
Dès le 20 août 1944, le général de Monsabert mène l’investissement de Marseille, avec les chars du 2ème Régiment de Cuirassiers.
Du 23 au 27 août, la bataille fait rage. Le 25 août, l’assaut de Notre-Dame de la Garde par les 1ère et 2ème Compagnies du 7ème Régiment de Tirailleurs Algériens, appuyés par les blindés du 2ème Escadron du 2ème Cuirassiers, en est l’un des épisodes les plus dramatiques : le char Jeanne d’Arc, sévèrement touché, est immobilisé devant l’Evêché, et trois de ses cinq occupants sont tués sur le coup. Restauré et inauguré comme monument commémoratif le 25 août 1946, ce char témoigne encore aujourd’hui de la rudesse de ces combats.
Dans son C’était De Gaulle, Alain Peyreffite a clairement expliqué pourquoi De Gaulle n’a jamais commémoré le 6 juin, rapportant ses propos, que nous retranscrivons ci-dessous :
« Le débarquement du 6 juin, ç’a été l’affaire des Anglo-Saxons, d’où la France a été exclue. Ils étaient bien décidés à s’installer en France comme en territoire ennemi ! Comme ils venaient de le faire en Italie et comme ils s’apprêtaient à le faire en Allemagne. Ils avaient préparé leur AMGOT qui devait gouverner souverainement la France à mesure de l’avance de leurs armées. Ils avaient imprimé leur fausse monnaie qui aurait eu cours forcé. Ils se seraient conduits en pays conquis.
C’est exactement ce qui se serait passé si je n’avais pas imposé, oui imposé, mes commissaires de la République, mes préfets, mes sous-préfets, mes comités de libération ! Et vous voudriez que j’aille commémorer leur débarquement alors qu’il était le prélude à une seconde occupation du pays ? Non, non, ne comptez pas sur moi ! Je veux bien que les choses se passent gracieusement mais ma place n’est pas là !
Et puis, cela contribuerait à faire croire que, si nous avons été libérés, nous ne le devons qu’aux Américains. Ca reviendrait à tenir la Résistance pour nulle et non avenue. Notre défaitisme naturel n’a que trop tendance à adopter ces vues. Il ne faut pas y céder.
En revanche, ma place sera au mont Faron, le 15 août, puisque les troupes françaises ont été prépondérantes dans le débarquement en Provence, que notre 1ère Armée y a été associée dès le premier jour, que sa remontée fulgurante par la vallée du Rhône a obligé les Allemands à évacuer tout le Midi et tout le Massif central sous la pression de la Résistance. Et je commémorerai la libération de Paris, puis celle de Strasbourg, puisque ce sont des prouesses françaises, puisque les Français de l’intérieur et de l’extérieur s’y sont unis, autour de leur drapeau, de leur hymne, de leur patrie. Mais m’associer à la commémoration d’un jour où l’on demandait aux Français de s’abandonner à d’autres qu’eux-mêmes, non !
Les Français sont déjà trop portés à croire qu’ils peuvent dormir tranquilles, qu’ils n’ont qu’à s’en remettre à d’autres du soin de défendre leur indépendance ! Il ne faut pas les encourager dans cette confiance naïve qu’ils paient ensuite par des ruines et des massacres ! Il faut les encourager à compter sur eux-mêmes ! Allons, Peyrefitte ! Il faut avoir plus de mémoire que ça ! Il faut commémorer la France et non les Anglo-Saxons ! Je n’ai aucune raison de célébrer ça avec éclat. Dites-le à vos journalistes. »
Alain Peyrefitte, C’était de Gaulle, mémoires, 1994-2000.
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Ce matin, 15 Août : sous titre sur LCI » chaine du Parlement » ! 2 fautes !
« Les personnes qui se sont faites vaccinées » au lieu de « les personnes qui se sont fait vacciner »
À chaque fois que le participe passé du verbe «faire» se retrouve suivi d’un infinitif, il sera toujours invariable. Ainsi on n’écrira jamais «elle s’est faite faire un nouveau sac», comme l’écrit Numerama, mais: «elle s’est fait faire un nouveau sac». De la même manière on écrira «les chaussures qu’a fait faire…», bien que le COD précède le verbe faire.
Sans cette double construction participe passé «faire» + infinitif, le verbe s’accordera tout naturellement. Exemple: «Les choses qu’elles ont faites.»
Bravo ! le Parlement Français !
La France, c’est le français quand il est bien écrit. (Napoléon Bonaparte)
Des deux fautes justement signalées, la première est vénielle quand l’autre est mortelle. L’accord du participe passé du verbe faire à l’objet de l’action est de règle (ou d’usage accepté) en italien. Choquant à nos oreilles, il n’affecte pourtant pas le sens de la phrase, contrairement à l’horrible « vaccinées ». Cette confusion entre infinitif et participe passé est inacceptable et doit être vigoureusement combattue, L’autre faute, très répandue ces temps-ci, semble destinée à une future tolérance comme, inversement, le défaut d’accord, lui déjà d’usage quasi officiel : feu Giscard d’Estaing n’avait-il pas évoqué « les mesures que nous avons pris »? Ainsi parleront nos petites-filles : la robe que je me suis faite faire, je l’ai mis pour le 15 août !
Essayons, en tout cas, que les textes de Je Suis Français ne tombent pas dans le vilain travers de la chaîne du Parlement. Signalez-nous tout ce que vous pourriez trouver de fautes d’orthographe et grammaire ou de mauvais langage. dans nos publications. Vous nous rendrez service et servirez notre langue. Merci !
Lisez l’excellent article paru en 2016 : « L’orthographe, c’est l’hygiène de la langue » par Bruno Guigue.
Monsieur Jospin et Mme Vallaut Belkacem auraient dû relire ces vers éternels:
Enfin Malherbe vint, et, le premier en France,
Fit sentir dans les vers une juste cadence,
D’un mot mis en sa place enseigna le pouvoir,
Et réduisit la muse aux règles du devoir.
Par ce sage écrivain la langue réparée
N’offrit plus rien de rude à l’oreille épurée.
Les stances avec grâce apprirent à tomber,
Et le vers sur le vers n’osa plus enjamber.
Tout reconnut ses lois; et ce guide fidèle
Aux auteurs de ce temps sert encor de modèle.
Marchez donc sur ses pas; aimez sa pureté,
Et de son tour heureux imitez la clarté.
Si le sens de vos vers tarde à se faire entendre,
Mon esprit aussitôt commence à se détendre,
Et, de vos vains discours prompt à se détacher,
Ne suit point un auteur qu’il faut toujours chercher.
Il est certains esprits dont les sombres pensées
Sont d’un nuage épais toujours embarrassées;
Le jour de la raison ne le saurait percer.
Avant donc que d’écrire apprenez à penser.
Selon que notre idée est plus ou moins obscure,
L’expression la suit, ou moins nette, ou plus pure.
Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement,
Et les mots pour le dire arrivent aisément.
Surtout qu’en vos écrits la langue révérée
Dans vos plus grands excès vous soit toujours sacrée.
En vain vous me frappez d’un son mélodieux,
Si le terme est impropre, ou le tour vicieux;
Mon esprit n’admet point un pompeux barbarisme,
Ni d’un vers ampoulé l’orgueilleux solécisme.
Sans la langue, en un mot, l’auteur le plus divin
Est toujours, quoi qu’il fasse, un méchant écrivain
Nicolas Boileau, L’art poétique, chant I, v.131-1
Je joins la critique très « républicaine » qui accompagne ces vers » injonctifs » sur un site éducatif, car elle pose le probléme fondamental:
« Un texte idéologique » :
– Quand Boileau écrit son Art poétique en 1674, le classicisme est déjà bien installé ; il ne fait qu’en dresser le bilan. Quelle peut donc être dès lors l’utilité d’un tel texte ? Ce texte est en fait le prolongement immédiat de la politique royale et de sa mainmise sur toutes les formes d’expression (cf. la création de l’Académie Française en 1634). A l’exemple de Malherbe et de Vaugelas qui fixent les règles (jusque là assez fluctuantes) de l’orthographe, de la syntaxe et du style, Boileau propose ici un texte assez tendancieux. La thématique insistante de la clarté et de l’obscurité renvoie assez clairement à l’idéologie du Roi-Soleil, représenté ici par Le jour de la raison. La littérature doit être aux ordres du monarque dont l’autorité rayonnante trouve en Malherbe un défenseur tout désigné. »