Par Pierre Gourinard.
Charles Benoist est d’autant plus actuel que les Lois de la Politique française insistent en premier lieu sur le procès et la condamnation du régime électif et, en second lieu, sur l’exigence de la souveraineté de la nation française.
Nous pouvons tenir pour établi que partout, à des degrés divers, le régime électif, avec les abus qui en sont inséparables, trouble, agite, et va jusqu’à mettre en péril l’existence même des États. Le suffrage universel a ruiné le régime parlementaire en le faisant dégénérer d’abord en parlementarisme, puis en « parlementarité ».
« Depuis un demi-siècle, la Chambre des députés élue au suffrage universel direct n’a fait que choir de palier en palier, un étage tous les quatre ans. »
Ce serait une erreur de croire que les maux qui accompagnent le suffrage universel tiennent à des modes de scrutin défectueux et qu’il suffirait de les changer pour l’améliorer. Il peut apparaître surtout anarchique parce qu’inorganique. Pourrait-on y remédier en l’organisant par la profession dans le cadre des forces sociales ? Mais, la démocratie peut-elle être organisée ? En d’autres termes, peut-on organiser ce qui ne veut pas être hiérarchisé ?
La monarchie doit être un recours, mais conclure à sa supériorité « ce n’est pas jeter au peuple la clé retrouvée du paradis perdu ». La juste apologie de l’Ancien Régime ne doit pas aller jusqu’au panégyrique. Considéré comme système de gouvernement, il eut ses imperfections, ses défaillances, ses torts. Son bel ordre architectural était, vers la fin, plus théorique que réel. En fait, il tolérait beaucoup de confusions. La monarchie n’avait d’ailleurs pas pu unifier notre droit civil. Elle avait essayé depuis l’Ordonnance de Louis XI, à Montils-lès-Tours en 1453. Même, l’un des défauts que l’on reproche le plus à la République, du moins la Troisième et la Quatrième, l’instabilité ministérielle, la monarchie n’en fut pas exempte. Ainsi, Louis XV eut-il huit contrôleurs généraux des Finances, Louis XVI en eut dix en quinze ans. Ils se succédaient si rapidement qu’on appelait leur ministère « l’hôtel des déménagements ».
Mais, le grand bienfait de la monarchie apparaît dans son principe, l’unité. ■ PIERRE GOURINARD
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