Cet article est paru le 13 août dans Front Populaire. On ne sera pas nécessairement d’accord sur tout, On y trouvera en tout cas maints rappels positifs, intéressants et éclairants pouvant ouvrir débats et commentaires. Qu’on ne s’en prive pas !
CONTRIBUTION / OPINION. Jamais, depuis l’établissement de l’État français en 1940 dans des circonstances dramatiques, la Nation française n’a-t-elle été aussi en danger qu’aujourd’hui. Son pronostic vital est engagé par ceux-là mêmes qui la dirigent ou aspirent à le faire.
« On cherche chez lui (Macron !) désespérément une vision de chef d’État »
« L’essence d’une nation est que tous les individus aient beaucoup de choses en commun, et aussi que tous aient oublié bien des choses. » Ainsi s’exprimait Ernest Renan lors de sa conférence « Qu’est-ce qu’une nation ? » à la Sorbonne le 11 mars 1882. Et il concluait par : « la nation est une âme et un principe spirituel ». L’âme est dans le passé, et le principe spirituel dans le présent. « L’une est la possession en commun d’un riche legs de souvenirs ; l’autre est le consentement actuel, le désir de vivre ensemble, la volonté de continuer à faire valoir l’héritage qu’on a reçu indivis ». La nation n’est pas déterminée par la race, la langue, les intérêts, l’affinité religieuse ni la géographie.
Une évidence s’impose : il n’y a pas de plus grand anti-Renan (ou « anti-nation ») que celui qui est le huitième (et peut-être dernier ?) président de la Ve République, Emmanuel Macron. Ou celui qui aspire à le remplacer pour devenir le premier président de la VIe République, Jean-Luc Mélenchon. Tous les deux sont ligués contre la Nation.
Emmanuel Macron, agresseur compulsif de la Constitution, aime les (flatteuses) comparaisons avec ses prédécesseurs, surtout le plus illustre. Que n’a-t-on entendu ses thuriféraires vanter la hauteur gaullienne d’un Macron « rendant la parole au peuple » avec sa dissolution du 9 juin. Gaullien ? Non et pour deux raisons évidentes. Pour l’une, de Gaulle, un soir d’élection où le peuple vient de parler, ne lui aurait pas rendu la parole mais l’aurait écouté. Et pour l’autre, un communiqué de l’Élysée aurait immanquablement suivi : « compte tenu du désaveu du peuple, il m’est évidemment impossible de poursuivre mes fonctions qui cesseront demain à midi. ». Pas très gaulliennes donc, l’annonce de Macron d’avant les élections, de rester quoi qu’il en coûte, ni cette idée saugrenue d’avoir voulu « jeter une grenade dégoupillée » ! Le 9 juin, il n’a pas rendu la parole au peuple, il l’a fait taire.
Deux cinglants désaveux plus tard, il continue de faire la sourde oreille et manigance pour garder la main. Mais si la réponse à la dissolution est Gabriel Attal toujours Premier ministre, Yaël Braun-Pivet toujours présidente de l’Assemblée nationale et Éric Cocquerel toujours président de sa Commission du budget, quelle était alors la question posée aux Français ?
Les Français découvrent effarés que malgré la crise politique qu’il a créée, Macron part en vacances en décrétant une trêve olympique de convenance personnelle. Sur la porte de Matignon, on peut lire sur une affiche : « cherche Premier ministre – laissez votre CV chez le concierge – pas urgent ». Les affaires courantes des ministres, elles, se traitent sur les gradins des Jeux olympiques…
Macron devait dissoudre, inévitablement, mais il a délibérément choisi le pire moment pour le pays. Aussi celui qui lui convenait le mieux personnellement. Imposer une campagne éclair, le faire juste avant les JO… quelle irresponsabilité ! Il n’avait en réalité qu’un seul but, parfaitement atteint : consacrer les clivages politiques et sociétaux exacerbés de main de maître depuis 2017. Puis priver le Rassemblement national et ses « patriotes » du pouvoir en s’alliant sans vergogne à l’anti-France de Mélenchon : mieux vaut des députés insoumis qui haïssent la France, petit théâtre antifasciste oblige ! Il ne recule devant rien, ni les fractures nationales, ni la déconstruction de la Nation. Renan, réveille-toi !
On cherche chez lui désespérément une vision de chef d’État : on connaît ses revirements sur le nucléaire civil, quand Macron avec Borne ministre de l’Écologie s’enorgueillit d’avoir fermé Fessenheim pour ensuite, devant la crise énergétique, promettre avec Borne Premier ministre de construire les centrales dont ils venaient de décider l’annulation. On sait moins que le ministre Macron avait conseillé à un Hollande éberlué de renoncer à la dissuasion nucléaire pour trouver cinq milliards d’économies. Si Macron peut rappeler aujourd’hui à Poutine, entre deux menaces de déployer des troupes en Ukraine, que la France est une puissance nucléaire, ce n’est pas grâce à lui…
La République est en danger, quand il pousse ses institutions réputées insubmersibles à leur point de rupture. Tout plutôt que d’admettre un désaveu. Comme le dit fort justement Henri Guaino, quand les institutions disparaissent, il ne reste que la brutalité et la violence. Nous y sommes. Il s’est mis dans un tel cul-de-sac qu’il ne lui restera qu’à pousser sur le bouton de l’Article 16 des pleins pouvoirs en raison « du blocage du pays ». Et achever sa société illibérale. Il en rêve : il s’est promis d’user de tous les gadgets de la Constitution.
Mélenchon, madré du haut de ses 73 ans et son demi-siècle de politique, a bien compris ce petit jeu macronien. Il mise sur le chaos, qui seul pourra lui apporter ce que les urnes lui ont toujours refusé. L’inconséquence de Macron, ses revirements permanents, le rejet dont il fait preuve et le déni présidentiel post-législatives sont le ferment des remous espérés par l’impétrant lider maximo. La dernière chose qu’il souhaite est un gouvernement qui gouverne. Gageons même que le déclenchement de l’article 16 le comblerait : il serait alors le rempart antifasciste, le recours du peuple opprimé soulevé contre son nouveau despote. Ne comptons pas sur Mélenchon pour aider à résoudre la crise politique, qu’il entend bien tourner en crise de régime. Il se croit de Gaulle en 1958 qui viendrait ramasser un pouvoir à terre. Il spécule sur une présidentielle anticipée et la jachère politique que laissera Macron. Et espère que, pour la troisième fois consécutive, une Le Pen au second tour fasse élire mécaniquement son adversaire.
Le culte de Mélenchon pour Robespierre lui fait penser que la France n’existe que depuis 1789, plus exactement depuis la Terreur qui serait l’acte fondateur de la République. Renan dénonce ce type de biais quand il évoque « l’investigation historique qui remet en lumière les faits de violence qui se sont passés à l’origine de toutes les formations politiques ». Mélenchon et ses sbires appellent d’ailleurs à la repentance permanente et la revendication victimaire, pour ne pas « oublier », pour éroder le ciment de la société. Passer du côte-à-côte au face-à-face.
Les moyens qu’il envisage sont catastrophiques pour la Nation française. Alors qu’il suffira d’élire un gentleman pour corriger les viles pratiques institutionnelles de Macron, les méthodes de Mélenchon sont irréversibles. Quand Renan exprime en 1882 qu’une religion ne constitue pas une nation, Mélenchon y voit le moyen de la déconstruire. Quand Renan dit que « la religion est devenue chose individuelle, qu’elle regarde la conscience de chacun », Mélenchon y voit l’arme puissante de ses ambitions. Il utilise la religion, ou plutôt une religion, comme l’outil d’une contre-société, voire d’une contre-civilisation qui lui permettra d’atteindre son objectif. Il ne s’en cache même pas : son modèle de « créolisation » de la société, autour d’une politique massivement immigrationniste, lui permettra d’importer l’électorat qui lui manque pour soumettre celui qui existe et le diluer. C’est assurément un grand remplacement et non un vivre ensemble qu’il propose, tout le contraire de « la continuation de l’héritage reçu en indivis » chère à Renan. Renan, encore une fois, ne s’y est pas trompé quand il dénonce la puissance destructrice du communautarisme que prône Mélenchon : « Prenez une ville comme Salonique ou Smyrne, vous y trouverez cinq ou six communautés dont chacune a ses souvenirs et qui n’ont entre elles presque rien en commun ». C’est le triste dessein auquel il aspire, irréversible, car une fois advenu, la majorité permettant d’adopter les lois pour faire marche arrière sera impossible à trouver avec ces Français d’importation.
Ce qu’il ne voit pas, cependant, est que sa créolisation est un leurre aussi pour lui-même. Car on trouvera nécessairement plus créole que lui qui l’évincera, armé d’une solide majorité pour mettre un des leurs à sa place. Un beau barbu au crâne rasé et djellaba plus représentatif de ces nouveaux Français qu’il aura accueillis à bras ouverts. Comment peut-il être aussi aveugle pour ne pas voir qu’il n’est que l’idiot utile des Frères musulmans, dangereusement rabibochés avec les chiites iraniens par Mohamed Morsi. Son islamogauchisme ne durera qu’un court instant, avant de devenir islamique tout court. Au totalitarisme de Mélenchon succèdera rapidement le fascisme islamiste.
Car pour Mélenchon, les apories politiques de Macron, sont, si l’on ose dire, du pain béni puisqu’elles trahissent surtout le fait du prince qu’il veut renverser par sa révolution bolivarienne. Ainsi, Mélenchon a besoin de Macron, comme Macron a besoin de Le Pen. La France est condamnée dans tous les cas, car son sacrifice ne sera pas plus un prix trop grand pour le destin personnel de Mélenchon qu’il ne l’a été pour Macron. Mais Mélenchon ne voit pas, grisé par l’odeur du pouvoir, qu’il travaille non pas à l’instauration de sa VIe République, mais de la première République islamique française.
Une nation est, selon Renan, « une conscience morale » qui n’est légitime que pour autant qu’elle « prouve sa force par les sacrifices qu’exige l’abdication de l’individu au profit d’une communauté ». Autant dire que nous n’en avons jamais été plus éloignés qu’après ce septennat macronien quand le seuil de non-retour est juste à portée de Mélenchon.
La fin risque d’être apocalyptique : Macron avait juré aux Français, au début de son premier mandat et de l’avènement (aujourd’hui oublié) de son Nouveau Monde, de protéger la France du risque Le Pen. Pourtant, le Rassemblement national ne s’est jamais aussi bien porté que c’est uniquement à la grâce de quelques artifices électoraux que le pouvoir lui a échappé. Le dernier, l’unique moyen qu’il reste à Macron pour garder sa promesse anti-le Pen est de remettre le pouvoir à… Mélenchon. Souvenons-nous de Berthold Brecht : « le ventre où est née la bête immonde est toujours fécond… » Pauvre France ! ■
Fourvoiement CHRONIQUE d’Ernest Renan et de ceux qui firent le lit de sa pensée, comme des suiveurs, glissés sous de pareils beaux-draps…
Si l’on tient à «historiciser» les choses ou, ce qui revient exactement au même, à les inscrire dans une perspective cosmologique, il s’agit de respecter l’enchaînement causal, afin de le transcrire à peu près correctement dans l’ordre logique du temporel.
Le «principe spirituel» cité, par le vocabulaire employé même, ne peut être entendu qu’en la qualité de ce que sa dénomination détermine : PRINCIPE, qui signifie littéralement «premier» et implique l’idée d’«origine». Cela signifie donc que la position chronologique occupée est antérieure à tout ce que l’on ne peut considérer que dans la suite dudit «principe».
Dès lors qu’un pareil ordre de succession est renversé, il ne peut s’ensuivre que l’anarchie, l’absence d’ordre, le désordre et, par conséquent, un chaos quelconque.
Néanmoins, ici, les termes en arrivent à dire un petit peu ce qu’il faut, mais, si j’ose dire, par accident sémantique…
Il y a bel et bien nécessité de consentement AU PRÉSENT, avec cette précision que, sur le plan strictement temporel, ledit «présent» est conçu comme ayant lui-même «consenti au passé», mais non comme une quelconque orientation de la volonté en direction de quoi que ce soit : il y a «soumission» à une donnée que l’on qualifiera d’ANTÉRIEURE (en langage temporel), laquelle est le reflet de ce qui, en langage spirituel, est SUPÉRIEUR, à savoir ce PRINCIPE – le «bereshit» génésiaque, l’«in principio» johannique).
En cas de confusion, comme cela se produit aujourd’hui, le désordre s’inscrit au fronton du monument de la «nation». Pour en avoir conscience, il suffit de recourir à l’étymologie : «nation», du latin “natio”, qui signifie proprement, en français, «naissance, extraction», d’où «nation», de “natus”, «né».
C’est seulement au XVIe siècle (souche de la modernité actuelle) que, symptomatiquement, l’adjectif dérivé – «national» – apparaît. Il faudra attendre la Révolution pour que, au long du «stupide XIXe siècle» les idées conséquentes prennent successivement corps (nationaliser, nationalisme, internationalisme, etc.), jusqu’au fatal «principes des nationalités», qui impose la confusion entre naissance et régime politique centralisé (disons même centralisateur). Moyennant quoi, dès lors, la «vie de la cité» n’a plus à considérer «la race, la langue, les intérêts, l’affinité religieuse ou la géographie», dont Thierry Lebeaux semble savourer l’énumération des termes avec gourmandise. Et il croit ainsi révéler une évidence qui est la contradiction constamment PRÉSENTE de la théorie de Renan. En effet, le Maqueron et le Mélenchon auxquels il s’intéresse, tiennent ensemble les rênes de la même idée, selon laquelle la «nation» ne doit jamais plus être déterminée par ce qui – quoi qu’il en soit des sophismes et des amphigourismes plus ou moins bien pensants –, ne plus être déterminée par ce qui, NATIVEMENT, s’impose à toute chose terrestre et, pour «commencer», à l’être humain.
La poursuite de la Révolution – poursuite conjointe par tous les Macron et Mélenchon précédents – consiste à passer du (pseudo-)national à l’international, au cosmopolite, pour en arriver au reniement absolu de toute espèce de «nativité» (si j’ose dire), jusques et y compris le reniement du “natus” des féminin et masculin dans le cadre de la vie humaine : pas de race, pas de genre, seulement des produits d’une chimie organique hasardeuse, à inscrire dans un «progrès» scientifique améliorateur, au rythme de l’extension des rayons aux supermarchés de la génétique assistée…
C’est ainsi que l’on en arrive au Maqueron, préfabriqué pour croire et persuader que son pouvoir étatique de dissolution parlementaire peut avoir une action directe sur la composition native de l’être humain.
Complémentairement, Mélenchon envisage les choses de la même façon, quoique sous un angle différent ; donnant la primeur à la collectivité, il érige l’individu en composant «principal», quoique multiple (d’où le projet correctif d’uniformisation «créole»). Cependant, le collectif ne pourra jamais être autre qu’un conglomérat d’individualités, organisé à la convenance maniaque des «présents» variant au rythme du «progrès» des idéologues fantaisistes se succédant et, d’ailleurs, parfaitement formés et réformés pour savoir en venir gaillardement aux mains, aux canons et aux couperets, à tout moment rendu opportun par le travail de sape de «la vieille taupe» marxiste, détournée de l’«Hamlet» de Skaespeare.
Revenir au(x) principe(s) ! Intellectuellement, chez la véritable élite, et le reste, nous le trouverons «par surcroît».
Eh oui !… «La fin risque d’être apocalyptique», nous dit enfin l’auteur de l’article, sans réaliser que la conclusion qu’il s’est inspirée à lui-même est la contradiction même de tout son raisonnement.
Cher David, je vous trouve bien sévère avec Renan. Surtout, je crois que vous le comprenez mal. Le « plébiscite permanent » évoqué par Renan est la volonté de continuer la nation ; il est bien évident qu’une nation s’effondre, à moins que ses membres n’aient envie de la poursuivre. Quant au fait que la nation soit fille de l’histoire, cela me paraît une évidence : il n’y avait aucune nécessité pour que tant de peuples divers fussent unis sous la couronne capétienne et s’il le sont devenus, c’est au fil du temps. Au XVIIe siècle encore, les Flamands, Roussillonnais, Alsaciens et Franc-Comtois ne se considéraient pas vraiment comme Français ; aujourd’hui, ils le sont sans équivoque. La même chose pourrait être dite de l’outre-mer, au moins pour les ex « vieilles colonies ». Mais peut-être vous ai-je mal compris.
J’ai relevé essentiellement l’inversion hiérarchique de Renan, selon laquelle il place la notion principielle «après», ce qui constitue un contresens, sur le plan de l’expression, sans doute, mais, surtout, au point de vue métaphysique (ou intellectuel, au sens profond du terme), car, en effet, l’âme est bien ce qui a été «animé», ce qui suppose une activité antérieure ; en l’occurrence, le souffle de Dieu dans les narines d’argile, cependant (si j’ose ainsi temporellement dire) et encore auparavant [“bereshit”], le divin souffle (“spiritus”) «planait sur les eaux». Là est le Principe. Le situer ailleurs, c’est, dès le «commencement» (si j’ose dire encore), avoir déjà tout confondu ; moyennant quoi, l’ensemble de ce qui vient ensuite se trompe ou bien est tromperie, notamment et surtout, sur les questions d’origine (évidemment!), de NAISSANCE et, donc, de «nation». Renan est amené à pareilles bévues par sa réduction systématique de toute perspective intellectuelle à ce qu’il appelle la «critique» : «La critique a deux manières de s’attaquer à un récit merveilleux (quant à l’accepter tel qu’il est, elle n’y peut songer, puisque son essence est la négation du surnaturel […]), j’entends ici par surnaturel le miracle, c’est-à-dire un acte particulier de la Divinité, venant s’insérer dans la série des événements du monde physique et psychologique, et dérangeant le cours des faits en vue d’un gouvernement spécial de l’humanité.» («Études d’histoire religieuse» Michel Lévy frères, 1857, p. 137-138.) Pour lui, rien ne doit «déranger le cours des faits» tel qu’il veut cérébralement se les figurer.
Tout cela tient à la pathologie «critique» de la modernité, qui s’échine à bâtir toutes sortes de systèmes, plus ou moins contradictoires entre eux, dont la praticité majeure tient à ce qu’ils prêtent le flanc à mainte espèce de «critiques», justement, à toutes sortes de sophismes et syllogismes, qui entretiennent une illusion d’énergie circulant entre les divers systèmes proposés, par une sorte de «mouvement perpétuel» produit par les articulations mécaniques et autres engrenages des dicts et contredicts.
Dans ce contexte, par exemple, l’idée de «plébiscite permanent» n’est pas plus à rejeter qu’à accepter mais, en tout état de cause, doit être examinée à une autre lumière que celle de la «critique», dont les répétées imbroglios ne savent que troubler l’observation.
En effet, jusqu’au XVIIe siècle les conceptions «nationales» étaient de nature «facultative», si vous me permettez le calembour… En l’occurrence, la «nation française» était l’une des quatre composant la Faculté des arts de l’université de Paris (conjointement avec les nations normande, picarde, anglaise et/ou allemande). Par ailleurs, nous avions les provinces, au nombre desquelles, par exemple, le Limousin (dans la Basse-Marche duquel je vis désormais) était un foyer culturel et linguistique majeur, dont il ne nous reste plus que le souvenir de la haute courtoisie, de la haute poésie, de la haute chevalerie, de la haute spiritualité. On ne saurait s’en représenter l’élévation que par ce que l’on se rappelle (d’ailleurs, très confusément) des troubadours, car, pour le reste, cela appartient à une Histoire, pour ainsi dire, antédiluvienne : réforme parpaillote, académisme classique et Révolution ayant relégué toutes les vertus alors célébrées dans «l’obscurantisme du Moyen Âge».