1792 : Début des massacres de Septembre, à Paris
Sans-culottes en armes, gouache de Jean-Baptiste Lesueur, vers 1793-1794, musée Carnavalet.
Tout va très vite depuis le 10 août dernier (éphéméride du 10 août) : c’est ce jour-là qui marque la « fin finale » des derniers restes de pouvoir que conservait encore Louis XVI, et qu’il pouvait sans-doute conserver, s’il l’avait voulu, même ce jour-là.
Mais, pénétré d’esprit de bonté et de sentiments chrétiens bien plus que des idées à la mode, Louis XVI ne voulait pas se défendre, en tout cas pas par la force, et ne voulait pas faire couler le sang de quelques agitateurs et factieux. Moyennant quoi, il a « permis » la Révolution qui, elle et ses conséquences calamiteuses sortant sans fin les unes des autres jusqu’à nos jours, a fait couler le sang de dizaines de millions d’hommes, innocents.
Dès le lendemain du 10 août, le Roi, réfugié à l’Assemblée, est suspendu (comme le disait Bainville, ce qui revenait à la déchéance moins le mot) et l’Insurrection révolutionnaire, grosse du terrorisme, a, de fait, les pleins pouvoirs à Paris, alors que l’immense majorité du pays est monarchiste.
• dans trois semaines, en ce début de septembre, le Roi sera enfermé au Temple, avec toute la famille royale;
• dans trois mois s’ouvrira son pseudo-procès;
• et, dans moins de cinq mois, il sera guillotiné : les terroristes révolutionnaires ne perdront pas de temps, eux, et n’auront pas, vis-à-vis de lui, la pusillanimité et les pudeurs d’humaniste qu’il eut, lui, vis-à-vis d’eux !
Ayant pris le pouvoir par la force et l’émeute, l’insurrection va le conserver par les mêmes procédés, qui iront s’amplifiant, jusqu’à la proclamation de la Terreur : ainsi, trois semaines à peine après ce funeste 10 août, les massacreurs vont se déchaîner contre tout ce qu’ils appellent, un peu vite, les contre-révolutionnaires.
Pour frapper les esprits, annihiler toute velléité de résistance et asseoir encore mieux leur pouvoir à Paris, où ils sont les maîtres absolus, les terroristes révolutionnaires vont massacrer 1.400 personnes; l’horreur durera quatre jours.
Le peuple français commence à peine à payer le funeste aveuglement de Louis XVI, et sa bonté dénaturée et dévoyée, qui n’aura profité qu’au crime, au meurtre, à la violence sans bornes, à la Terreur.
Chateaubriand a été le témoin oculaire de ces monstrueux massacres de septembre :
« Les scènes des Cordeliers, dont je fus trois ou quatre fois le témoin, étaient dominées et présidées par Danton (ci dessous), Hun à taille de Goth, à nez camus, à narines au vent, à méplats couturés, à face de gendarme mélangé de procureur lubrique et cruel. Dans la coque de son église, comme dans la carcasse des siècles, Danton, avec ses trois furies mâles, Camille Desmoulins, Marat, Fabre d’Eglantine, organisa les assassinats de septembre. Billaud de Varennes proposa de mettre le feu aux prisons et de brûler tout ce qui était dedans; un autre Conventionnel opina pour qu’on noyât tous les détenus; Marat se déclara pour un massacre général. On implorait Danton pour les victimes. « Je me f… des prisonniers », répondit-il. Auteur de la circulaire de la Commune, il invita les hommes libres à répéter dans les départements l’énormité perpétrée aux Carmes et à l’Abbaye.
Danton, plus franc que les Anglais, disait : « Nous ne jugerons pas le Roi, nous le tuerons. » Il disait aussi : « Ces prêtres, ces nobles, ne sont point coupables, mais il faut qu’ils meurent, parce qu’ils sont hors de place, entravent le mouvement des choses et gênent l’avenir. » Ces paroles, sous un semblant d’horrible profondeur, n’ont aucune étendue de génie : car elles supposent que l’innocence n’est rien, et que l’ordre moral peut être retranché de l’ordre politique sans le faire périr, ce qui est faux. Danton n’avait pas la conviction des principes qu’il soutenait; il ne s’était affublé du manteau révolutionnaire que pour arriver à la fortune.
« Venez brailler avec nous » conseillait-il à un jeune homme; « quand vous vous serez enrichi, vous ferez ce que vous voudrez ». Il confessa que s’il ne s’était pas livré à la cour, c’est qu’elle n’avait pas voulu l’acheter assez cher: effronterie d’une intelligence qui se connaît et d’une corruption qui s’avoue à gueule bée. »
(Mémoires d’Outre-Tombe, La Pléiade, Tome 1, pages 298/299).
1843 : Aux origines de l’Entente cordiale : début de la première visite de la Reine Victoria en France.
La deuxième visite chez Louis-Philippe, au Châteu d’Eu, en 1845
La reine Victoria viendra trois fois en France : deux fois invitée par Louis-Philippe – en 1843 et 1845 – et, plus tard, invitée par Napoléon III, en 1855 (éphéméride du 18 août).
L’objectif de ces voyages ne changea pas : après des années, des décennies et même des siècles de conflits entre les deux puissances, établir enfin, sinon l’harmonie complète, du moins… l’entente cordiale.
La chute de Louis-Philippe en 1848, puis celle de Napoléon III en 1870 retarderont ce projet qui, pourtant, se concrétisera, et nous sera fort utile… en 1914, lorsque l’Allemagne de Guillaume II nous déclara la guerre.
Les deux rencontres avec Louis-Philippe eurent lieu en Normandie, au château d’Eu, résidence d’été du Roi. La reine Victoria n’avait que 24 ans, en 1843. Les négociations entre les ministres des Affaires Etrangères d’Angleterre et de France, Lord Aberdeen et François Guizot, qui devaient permettre cette visite, étaient engagées depuis deux ans. Le 2 septembre, dans l’après-midi, le yacht à vapeur Victoria et Albert, avec à son bord la reine, le prince Albert, son époux, et 300 hommes d’équipage, arriva au Tréport.
Louis Philippe voulut accueillir la reine d’Angleterre dans une ambiance joyeuse, intime mais éclatante. Dès le premier soir, un banquet de 60 couverts ouvrit les festivités; puis, ce fut une succession de concerts, de promenades en char à bancs, de spectacles, de pique-niques dans le parc et les environs d’Eu. Enchantée et ravie, la reine Victoria revint à Eu deux ans après.
1870 : Défaite de Sedan, capitulation de Napoléon III
De Jacques Bainville, Histoire de France, chapitre XX, La Deuxième République et le Second Empire :
« …Cette guerre, bien peu de Français avaient compris ce qu’elle signifiait, deviné ce qu’elle allait être. On pensait n’avoir à combattre que la Prusse (l’aigle prussien, ci contre), puissance malgré tout de second ordre, à qui l’on en voulait encore plus de son ingratitude que de son ambition, et de petits États germaniques, ses alliés, qu’on ne prenait pas au sérieux. La France entrait en conflit avec le peuple allemand tout entier quand elle croyait n’avoir affaire qu’aux Prussiens. On n’imaginait même pas ce qui allait fondre sur nous. La défaite, l’invasion n’étaient entrevues par personne. Si la France avait été envahie deux fois, en 1814 et en 1815, c’était par une coalition écrasante et après de longues années de victoires. Toutes les campagnes du second Empire avaient encore eu lieu au loin. Une victoire de la Prusse paraissait invraisemblable. On comprend le choc terrible que la France reçut d’événements auxquels rien n’avait préparé ni ceux qui n’avaient pas observé les progrès de l’unité allemande sous l’influence et la direction de l’État prussien, ni ceux qui regardaient le mouvement des nationalités comme légitime et pacifique, ni ceux qui annonçaient qu’il n’y aurait plus de guerres ou que, s’il y en avait encore entre les monarchies, il ne pouvait y en avoir de peuple à peuple.
La première déception vint de notre solitude. Nous n’avions pas une alliance. La Russie, par rancune, laissait faire la Prusse (ci contre, caricature de Daumier sur la Prusse annexant, un à un, ses voisins). L’Angleterre craignait qu’après une victoire la France n’annexât la rive gauche du Rhin et peut-être la Belgique. L’Italie n’attendait que notre défaite pour achever son unité et entrer à Rome. L’Autriche était intéressée à prendre sa revanche de Sadowa, mais elle n’avait pas confiance en nous et elle connaissait la force de la Prusse. Toutes les fautes de la politique des nationalités se payèrent alors. Cette politique, Napoléon III avait cru habile de l’exécuter par étapes. S’il avait évité la coalition que Louis-Philippe redoutait, il n’avait réussi à la fin qu’à nous laisser seuls et affaiblis en face de l’Allemagne organisée et commandée par la monarchie prussienne.
La défaite fut d’une soudaineté effroyable. L’ennemi, prêt avant nous, était entré en Lorraine et en Alsace. Le 3 août, nous avions perdu les batailles de Frœchwiller et de Forbach. Douze jours plus tard, l’armée du Rhin était bloquée dans Metz. Une autre armée, formée à Châlons, s’étant mise en marche pour la délivrer, fut prévenue et arrêtée par les Allemands. Elle ne tarda pas à être enfermée dans la petite place de Sedan avec l’empereur lui-même qui l’accompagnait. Il ne lui resta plus qu’à se rendre. Le 2 septembre, Napoléon III et cent mille hommes étaient prisonniers. »
Berlin, Porte de Brandebourg, 1871 : la Prusse célèbre le triomphe de Sedan.
Dans notre album L’aventure France racontée par les cartes , voir les trois photos « 1870 : L’Alsace, une partie de la Lorraine perdues » , « La nouvelle carte des frontières Est après 1870 », et « 1871 : Strasbourg, glacis anti-français »
1903 : Naissance de Gustave Thibon
• Retrouvez deux discours de Gustave Thibon au Rassemblement Royaliste des Baux, qui sont deux de nos Grands Textes.
Le suprême risque et la suprême chance.
La paille des mots remplace le grain des choses
• Et ce pur joyau, e l’exceptionnel dîner-débat de Benoist – Thibon organisé le 15 avril 1982 à Marseille par L’Union Royaliste Provençale.
Le 15 avril 1982, en effet, Alain de Benoist et Gustave Thibon furent invités par l’Union Royaliste Provençale à discuter de la Tradition, de la culture chrétienne et de sa critique néopaïenne ; or aujourd’hui cette rencontre résonne encore en nous, quarante années après.
Destinée à tous ceux pour qui l’avenir de ce qui fait notre identité est un souci majeur, une retranscription en version manuscrite, réalisée par les équipes de Je Suis Français et Belle-de-Mai Éditions est maintenant disponible. Elle s’intitule Un débat sur la Tradition.
Il était effectivement selon nous important que, outre la version vidéo existante, le texte même de ce débat de haute volée, en tout cas pour nous, soit publié et mis à la disposition de nos lecteurs, mais aussi de tous ceux, militants engagés, universitaires et chercheurs, passionnés par l’histoire des idées.
Nombre de pages : 92 – Prix (frais de port inclus) : 19 €
Commander ou se renseigner à l’adresse ci-après : B2M – Belle-de-Mai Éditions commande.b2m_edition@laposte.net
Au Rassemblement Royaliste des Baux, dont il fut sans conteste l’un des piliers, par la continuité fidèle et la qualité de sa participation
« Vous êtes, vous et vos amis, les héritiers spirituels de Charles Maurras. Mais vous savez bien qu’un héritage n’est pas un talisman ni une baguette magique : c’est un outil. Et un outil qu’il faut savoir manier et adapter en fonction du mouvement de la vie qui ramène toujours le semblable, jamais l’identique. Épouser la pensée d’un maître, cela veut dire s’unir à elle pour lui faire des enfants et non pas la stériliser sous prétexte de lui conserver je ne sais quelle intégrité virginale. Il n’y a pire trahison qu’une certaine fidélité matérielle et littérale qui, en durcissant les principes en système, n’aboutit qu’à congeler ce qui était le jaillissement d’une source vive. Les exercices de patinage qu’on peut faire sur cette glace ne m’intéressent pas. La vraie fidélité est celle qui prolonge, qui corrige et qui dépasse. Et le meilleur héritier n’est pas celui qui fait de son héritage un musée ou une exposition rétrospective. « Le bien gagné reste à défendre » : le capital de la sagesse que Maurras vous a légué, vous ne le conserverez qu’en le fécondant, en le récréant sans cesse ».
• 193 courtes citations, « Au fil de mes lectures »… : gilles-jobin.org/citations/?au=290
1930 : Création du Parc national des Cévennes
Grotte de Trabuc
1930 : Arrivée du premier vol Paris-New York sans escale
Des deux pionniers qui le réalisent, Dieudonné Costes et Maurice Bellonte (ci dessous), le premier était déjà célèbre pour sa première traversée de l’Atlantique Sud sans escale en 1927.
1937 : Mort du baron Pierre de Coubertin, restaurateur des Jeux Olympiques
franceolympique.com/art/267-pierre_de_coubertin
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Merci de ces rappels, en particulier de celui sur les massacres de septembre. Quand on va à » la catho » qui jouxte ces massacres il n’y a pratiquement rien qui rappelle ces massacres de prêtres en particulier, le cimetière n’est pas mis en valeur. Il serait intéressant que questionner les étudiants qui fréquentent » la catho iet de leur demander » ce qu’ils connaissent de ces événements! Combien ont lu » Dialogue des Carmélites ou vu?
Rappelons aussi que cette œuvre de Bernanos » est directement inspiré de la nouvelle de Gertrud von le Fort » la dernière à l’échafaud . » Dans cette nouvelle son héroïne Blanche de la Force qui , elle, n’a jamais existé, contrairement aux autres carmélites assiste » en direct au massacre de son père le marquis de la Force dans ces journées sanglantes et voit aussi Mademoselle de Sombreuil sauver héroïquement son vieux père d’une mort infamante, épisode,lui, historique, relaté par Lenôtre. Biens sûr dans la nouvelle Blanche de la Force sort définitivement brisée de l’épreuve, bouleversée, mais elle trouvera finalement la force de suivre ses sœurs à l’échafaud à Picpus.Tout l’art de Gertrud von le Fort est dans cette transfiguration, cette reviviscence aussi de cette période trou bel apocalyptique de notre histoire, transfiguration reprise par Bernanos, qui certes en gomme ces aspects, notamment l’épisode des massacres de septembre, mais dont ‘la dernière œuvre » Dialogues des Carmélites », reprend cette nouvelle inspirée sur ces Carmélites de Compiègne, les tirant définitivement de l’oubli volontaire de notre histoire, ( grâce à l’opéra de Poulenc aussi ) et qui culmine dans ce combat entre la grâce et la peur de la mort, qui ne laisse personne , croyant ou agnostique, indifférent, et signe de ce fait la victoire des Carmélites de Compiègne sur la révolution. . Donc indirectement ou directement ce lieu de mémoire à Paris rue de Vaugirard est lié à notre combat spirituel d’aujourd’hui, et reste toujours d’une actualité brûlante. Merci de nous le remémorer;