« Peut-être cette pause gouvernementale permettra-t-elle à certains de nos compatriotes de comprendre que – mais oui – ils peuvent vivre sans que l’Etat leur tienne la main et leur dise quoi faire à chaque instant. »
Par Aristide Ankou.
Cette France sans gouvernement à laquelle Aristide Ankou trouve quelques charmes paradoxaux – et même une certaine utilité – a pourtant vécu.
J’écoute (distraitement) la radio, je lis (un peu) les journaux, je suis (de loin) l’actualité politique sur internet, et j’apprends que la France est au bord du chaos parce qu’un nouveau gouvernement n’a toujours pas été constitué depuis les élections législatives.
Je sors dans la rue, je discute avec mes commerçant habituels, j’échange avec mes amis et connaissances, je participe aux activités de mes clubs de sport, de ma paroisse : en bons Français, tous ceux auxquels je parle on quelque motif de se plaindre (et je les comprends : lavielapute, comme disent les jeunes). Mais parmi ces motifs aucun ne mentionne l’absence de nouveau gouvernement.
Tout autour de moi semble fonctionner comme à l’habitude. L’eau coule du robinet lorsque je l’ouvre, mes lampes s’allument lorsque je tourne l’interrupteur. Mes impôts continuent à être prélevés à échéance, les factures tombent toujours dans ma boite au lettre, comme il se doit. Je vois toujours la voiture de la gendarmerie passer dans les rues de ma commune. Je prends rendez-vous chez le médecin. Bref, les services publics que le monde nous envie et que l’on ne paye par conséquent jamais trop cher (parait-il) me paraissent fonctionner ni plus ni moins bien qu’avant la dissolution.
Certes, les déficits publics continuent à s’accumuler joyeusement et la dette à enfler ( on hésite à ce propos entre Quo non ascendam et Quousque tandem ?). Certes les « migrants » continuent à s’installer tranquillement chez nous par centaines de milliers chaque année comme si la France était une terre inhabitée. Certes, les zones dites « de non droit », s’étendent et prospèrent. Certes, le niveau scolaire de nos chères têtes blondes et moins blondes passe progressivement du médiocre au catastrophique et du catastrophique à l’abyssal. Certes, en plus d’un sens, la France dégringole une à une les marches de l’abandon, de la déchéance et du déshonneur.
Mais il ne me semble pas que cette descente soit plus rapide depuis que le gouvernement est démissionnaire. Et comme tous les gouvernements précédents nous ont conduits où nous en sommes, je me dis qu’après tout il n’y pas vraiment d’urgence à s’en donner un nouveau. Peut-être même la descente sera-t-elle un peu moins rapide.
La France a parfaitement les moyens de continuer à vivre ni mieux ni moins bien qu’avant en l’absence d’un nouveau gouvernement et ce pendant de très longs mois, à mon avis. Même le budget de l’Etat dont on nous rebat les oreilles n’a rien d’indispensable. La Constitution donne au gouvernement, quel qu’il soit, les moyens de continuer à percevoir les impôts existants et à dépenser les crédits déjà votés même en l’absence de budget.
Bref, en l’absence de nouveau gouvernement, nous en restons (grosso modo) au dernier budget voté, la législation reste en son état ante-dissolution et l’administration fait ce qu’elle sait le mieux faire : ne prendre aucune initiative.
Je ne vois aucun mal à cela. Je veux dire : aucun mal supplémentaire. Evidemment le dernier budget voté était mauvais à de nombreux égards. Evidemment la législation actuelle est lamentable à plus d’un point de vue. Mais si vous pensez vraiment que le prochain gouvernement va améliorer cet état de fait, c’est que vous êtes vraiment prêt à croire n’importe quoi.
Non, il n’y a vraiment aucune urgence à ce qu’un nouveau gouvernement se « mette au travail », c’est-à-dire ajoute à une législation déjà surabondante et invente de nouvelles réformes qui ne consisteront pour l’essentiel qu’à placer des cautères sur une jambe de bois.
La seule urgence me parait être dans l’esprit des journalistes, qui veulent de l’actualité à se mettre sous la dent, et des membres de la classe politique, qui rêvent de maroquins et « réformes » auxquelles attacher leurs noms.
Pour la France et pour les Français, je ne vois vraiment rien qui presse. Au contraire, peut-être cette pause gouvernementale permettra-t-elle à certains de nos compatriotes de comprendre que – mais oui – ils peuvent vivre sans que l’Etat leur tienne la main et leur dise quoi faire à chaque instant. Je n’ai que des espérances très modestes concernant ce dernier point, nous sommes en France après tout. Mais qui sait ?
Un nouveau gouvernement ? S’il vous plait, monsieur le bourreau, encore quelques mois. ■ ARISTIDE ANKOU
* Précédemment paru sur la riche page Facebook de l’auteur, (le 27 juillet 2024).
Aristide Ankou
Très pertinent article mais il faut tout de même reconnaître que nous avons échappé au pire, un gouvernement des gauchistes du NFP, piloté par LFI. Vous imaginez un ministère de l’éducation nationale ou de l’intérieur ou des affaires étrangères aux mains d’un de ces gens-là ? Cela fait froid dans le dos. Nous sommes dans une époque assez sinistre qui ne nous laisse plus le choix qu’entre le pire et le plus pire si je puis me permettre cette expression. Et pendant ce temps, la France continue à décliner, sa population allogène à augmenter, son industrie à disparaître, sa soumission à cette nouvelle Union soviétique qu’est l’Europe, avec sa nomenklatura se développer chaque jour et la propagande incessante en faveur des dérèglements des moeurs et des détraqués, si caractéristique d’un pays finissant, prospérer.
Cet article c’est du grand Ankou, rien à rajouter