Bien sûr, pour le public, aujourd’hui, Rutebeuf reste d’abord connu pour sa Griesche d’Hiver, ou Complainte Rutebeuf (chantée ici par Léo Ferré).
Pour en savoir plus sur Rutebeuf – dont on sait peu de choses, y compris sur la date de sa naissance qui est incertaine – se reporter à l’éphéméride du jour.
Que sont mes amis devenus
Que j’avais de si près tenus
Et tant aimés
Ils ont été trop clairsemés
Je crois le vent les a ôtés
L’amour est morte
Ce sont amis que vent emporte
Et il ventait devant ma porte
Les emporta
Avec le temps qu’arbre défeuille
Quand il ne reste en branche feuille
Qui n’aille à terre
Avec pauvreté qui m’atterre
Qui de partout me fait la guerre
Au temps d’hiver
Ne convient pas que vous raconte
Comment je me suis mis à honte
En quelle manière
Que sont mes amis devenus
Que j’avais de si près tenus
Et tant aimés
Ils ont été trop clairsemés
Je crois le vent les a ôtés
L’amour est morte
Le mal ne sait pas seul venir
Tout ce qui m’était à venir
M’est advenu
Pauvre sens et pauvre mémoire
M’a Dieu donné, le roi de gloire
Et pauvre rente
Et droit au cul quand bise vente
Le vent me vient, le vent m’évente
L’amour est morte
Ce sont amis que vent emporte
Et il ventait devant ma porte
Les emporta.
L’espérance de l’endemain, ce sont mes fêtes.
Une précision : le texte que nous connaissons par Léo Ferré, sous le titre «Pauvre Rutebeuf», est constitué d’un choix représentant une petite moitié du poème et, naturellement, d’une adaptation en parler actuel. Cette adaptation rend, d’ailleurs, fort bien l’essentiel. Il y a une anecdote autour de cela, que Ferré aimait à raconter ; la voilà…
Michèle Arnaud, variéteuse alors réputée, avait inclus la chanson à son tour, seulement, au lieu de «et droit au CUL quand bise vente», elle atténuait en «et droit au CŒUR»… Léo Ferré rapportait qu’il lui avait écrit (ou téléphoné, je ne sais plus) une réprimande comportant l’idée selon laquelle il déplorait qu’elle eût confondu le cœur avec le cul – je ne me rappelle malheureusement pas la formule bien sentie qu’il prétendait avoir employée.