La conférence de presse d’où provient cet extrait date du début des années 1960, en tout cas d’après avril 1962, Georges Pompidou y figurant comme Premier ministre. A noter que lorsque vers la fin, de Gaulle envisage pour « dans l’avenir » « l’entente de l’Europe tout entière », il pense, évidemment, à la Russie et à ses satellites, alors sous le joug soviétique.
Transcription des propos du général de Gaulle.
« Rien de ce qui est important aujourd’hui dans l’organisation, demain dans le fonctionnement du marché commun des Six, ne doit être décidé ni a fortiori appliqué que par les pouvoirs responsables dans les six États, c’est-à-dire les gouvernements contrôlés par les parlements.
Or on sait, Dieu sait si on le sait, qu’il y a une conception différente au sujet d’une fédération européenne dans laquelle, suivant le rêve de ceux qui l’ont conçue, les pays perdraient leurs personnalités nationales. Et où d’ailleurs, faute d’un fédérateur, comme tentèrent de l’être, chacun d’ailleurs à sa façon, César et ses successeurs, Charlemagne, Othon, Charles Qunit, Napoléon, Hitler, et tel qu’à l’Est s’y essaya Staline. Faute de ce fédérateur, eh bien ! la fédération européenne serait régie par un aréopage technocratique, apatride et irresponsable.
Et on sait aussi que la France s’oppose à ce projet qui paraît vraiment en dehors de la réalité, oppose le plan d’une coopération organisée des États, laquelle évoluerait probablement vers une confédération. C’est en effet ce plan qui nous paraît seul répondre à ce que sont réellement les Nations de notre continent. Ce qu’elles sont à l’heure qu’il est, ce qu’elles sont au siècle où nous sommes. C’est aussi ce plan qui seul permettrait un jour à d’autres pays comme l’Angleterre et l’Espagne d’y adhérer. Parce que ces pays là, comme le nôtre, ne veulent pas perdre leur souveraineté. Et enfin ce plan rendrait concevable dans l’avenir l’entente de l’Europe tout entière. » ■