Encore une affaire de mœurs ! Aurait-on dit naguère. A présent on parle plus volontiers d’effets du « patriarcat » ou du « virilisme »…
Donc, après la révélation, facilitée par Richard Millet (l’écrivain – photo de droite – qu’a maudit la harpie nobélisée Annie Ernaux), de la situation sexo-matrimoniale, pour le moins encore peu courante, de l’ ambitieuse Dame gaucharde Lucie Castets, voici qu’on nous sert soudain, à la surprise générale, les comportements « déplacés » de feu l’abbé Pierre (1912-2007), figure de nos jours un peu estompée mais encore présente au palmarès du sociétalement correct…
Une invitation au royaume chérifien
L’apôtre au béret basque, providence des bidonvillois français (en revanche, appelé en consultation à Rabat par le sultan Mohamed v, au moment de l’indépendance du pays (1956), il s’avoua incapable de suggérer des solutions pour les bidonvillois marocains …), aurait donc « sexuellement agressé », durant des années, toute une série de dames et demoiselles, sans que personne n’en sût rien à l’époque… Et ça sort des lustres après son décès en 2007 !… Bizarre non ? Pourquoi aucune de ses accusatrices, absolument aucune, ne s’est manifestée plus tôt ? (Photo : l’abbé Pierre avec le roi Mohamed V).
Une amitié avec le philosophe Roger Garaudy
L’abbé Pierre fut très proche du communiste marseillais converti à l’islam, Roger Garaudy (à gauche ave Ludmilla Tcherina) , et il le défendit vigoureusement lorsqu’il critiqua vertement Israël et fut donc très attaqué par les défenseurs de l’Etat hébreu. L’imprudent abbé était quand même alors trop puissant politiquement pour qu’on lui fasse payer sur le champ son culot. Et comme la vengeance peut être servie très froide, surtout en politique, est-ce qu’on ne lui fait pas payer maintenant son culot de jadis ? ■ PÉRONCEL-HUGOZ
Longtemps correspondant du Monde dans l’aire arabe, Péroncel-Hugoz a publié plusieurs essais sur l’Islam ; il a travaillé pour l’édition et la presse francophones au Royaume chérifien. Les lecteurs de JSF ont pu lire de nombreux extraits inédits de son Journal du Maroc et ailleurs. De nombreuses autres contributions, toujours passionnantes, dans JSF.
Retrouvez les publications sous ce titre…
Je me rappelle maintenant la défense de Garaudy par l’abbé Pierre. Quant à y voir une raison de l’actuelle campagne contre l’abbé, il fallait y penser ! Péroncel ´a fait. Judicieux indeed. (Ce dernier mot est là par moquerie pour le globish).
Églises brûlées et légendes effacées
Peut on trouver refuge dans LE CAMP DES SAINTS?
L’addiction de l’Abbé Pierre était connue et je le savais, bien que ne faisant pas partie de son entourage. Je me souviens d’une prostituée interrogée par un journaliste TV qui n’avait pas mâché ses mots pour en parler mais à l’époque l’abbé était trop utile médiatiquement et la mentalité machiste n’était pas la même.
Nous pensions qu’avec surveillance et soins le penchant fatal êtait sans conséquences. Un homme avait des pulsions et l’abbé était aussi un homme , l’affaire a donc pu être dissimulée et minimisée sans problèmes.
Actuellement où le moindre geste ou compliment est interprété comme une insulte nous subissons les exagérations adverses car comme toujours nous tombons d’un excès dans un autre et l’équilibre du juste milieu est rarement atteint.
La prostituée «qui n’avait pas mâché ses mots» n’était autre que la Suissesse Grisélidis Réal (pseudo-poète, pseudo-peintre), que j’ai très bien connue (elle est la mère d’un de mes demi-frères, de quatre ans mon puîné) et beaucoup fréquentée entre mes 18 et 20 ans, quand elle est venue quelque temps loger à Paris, rue Jean Ferrandy, dans les années 70, au temps de la publication de son morceau autobiographique aux éditions Balland, au titre dont se régalait alors tout «Libé» – «Le noir est une couleur» –, profession de foi prostituo-nègrée qui devrait ravir la sinistre guignolerie actuelle. J’en profite pour signaler que ce pensum, qu’elle avait précédemment tenté de faire lire à un Jean Genet méprisant, espérant fébrilement qu’on pût l’assimiler avec quelque Violette Leduc ou Albertine Sarrazin. Mais ça ne valait pas tripette. Il lui a donc fallu attendre l’accomplissement de la dégénérescence culturelle pour recevoir les lauriers, dus à la reconnaissance des «travailleuses du sexe», pour laquelle elle militait outrageusement.
Cette femme n’était rigoureusement pas fréquentable, je le dis en connaissance de cause exacte ! Néanmoins, la confédération Helvétique en a finalement fait une figure – sinon nationale, du moins cantonale – en accordant à sa dépouille l’inhumation au Cimetière des Rois de Plainpalais, rigoureusement réservé aux «seuls magistrats et personnalités marquantes, ayant contribué, par leur vie et leur activité, au rayonnement de Genève»…
Dans le souvenir qui m’est resté, Grisélidis n’avait alors nullement mentionné des tendances abusives chez l’abbé Pierre, mais déclaré qu’elle l’avait bien connu comme un de ses «clients» ; par la suite, lors d’un passage de l’abbé Pierre à Genève, elle était allé l’attendre à l’aéroport de Cointrin pour lui demander son pardon relativement à ce qu’elle avait pu dire de lui… Pardon accordé par l’abbé, en présence de journaleux tout émoustillés, voire de caméras…
Les turpitudes sexuelles de l’abbé Pierre m’importent peu…. m’importent beaucoup plus ses trahisons lorsque, parlementaire, il refusait les crédits à voter pour le rapatriement des corps des soldats tombés en Indochine, par exemple… ou lorsque, prétendument soucieux du logement des miséreux, il faisait la sourde oreille aux appels des rapatriés d’Algérie, pour lesquels rien n’existait et qui dormaient à cinq dans une pièce….