1213 : Bataille de Muret
Cette bataille est une étape essentielle dans la formation de la France.
Ce jour-là, les Français du nord et du sud se livrent bataille à Muret, au sud de Toulouse. Le roi Pierre II d’Aragon s’est rangé aux côtés des méridionaux. Il vient de remporter un triomphe en Andalousie – à Las Navas de Tolosa – sur les musulmans l’année précédents (1212), sauvant ainsi l’Europe et la Chrétienté de l’invasion des Almohades du Maroc et de Mauritanie, ceux-ci formant la seconde vague de l’invasion musulmane, après la première, qui était entrée en Espagne, par Gibraltar, en 711. Les représentants les plus célèbres de cette première vague d’invasion furent les Almoravides, au XIème siècle, contre lesquels lutta le non moins célèbre Cid Campeador…
Pierre d’Aragon songe peut-être aussi à prendre une sorte de revanche historique, et à revenir sur un événement qui s’était passé sept siècles auparavant : la bataille de Vouillé, en 507 (voir l’éphéméride du 25 mars), victoire par laquelle Clovis avait définitivement chassé les Wisigoth de la Gaule, donnant ainsi à ce qui allait devenir la France sa frontière naturelle des Pyrénées : une seconde grande victoire, dans le sud de la France cette fois, lui vaudrait de jouer un rôle d’arbitre au nord des Pyrénées aussi bien que dans la péninsule ibérique, et d’y réintroduire une influence politique qui en avait été chassée depuis des siècles.
Mais son imprudence et ses erreurs tactiques font que – au contraire… – la bataille tourne au désastre pour lui et son allié, Raymond VI. Leur armée est anéantie, Pierre II est tué, Raymond VI se réfugie en Angleterre (ci-dessus, enluminure des Grandes Chroniques de France, XIVème siècle).
L’année suivante a lieu à Bouvines, au nord, une autre bataille décisive pour le destin de la France. Elle se solde par la victoire du roi Philippe II Auguste, qui s’affirme comme le principal souverain d’Europe (voir l’éphéméride du 27 juillet).
Rassuré sur la solidité de son trône, le roi de France tourne ses yeux vers le drame qui se joue dans le Midi. Il obtient le concours du pape Innocent III, lequel se résigne à déchoir le comte de Toulouse Raymond VI de ses titres par le décret du 14 décembre 1215.
Philippe II Auguste assure ses arrières en obtenant l’hommage-lige de Simon de Montfort pour toutes les terres qu’il a conquises dans le Midi, à l’exception du marquisat de Provence (cette ancienne possession des comtes de Toulouse fait alors partie du Saint Empire romain germanique, et ne dépend pas des rois capétiens).
Dans ce contexte, on voit bien alors que, dans ce que l’on appelle La Croisade des Albigeois, la guerre est très vite devenue – bien plus que simplement religieuse, comme l’imaginent certains – un moment fort et une étape importante dans la réalisation de l’unité nationale….
De Jacques Bainville, Histoire de France, chapitre V, Pendant 340 ans, l’honorable famille capétienne règne de père en fils :
« …Qu’était l’hérésie albigeoise ? Un mouvement politique. On y reconnaît ce qui apparaîtra dans le protestantisme : une manifestation de l’esprit révolutionnaire. Il y a toujours eu, en France, des éléments d’anarchie. D’époque en époque, nous retrouverons de ces violentes poussées de révolution, suivies, tôt ou tard, d’une réaction aussi vive. Et toujours révolution et réaction ont pris la forme d’une guerre religieuse, d’une lutte d’idées.
Comme les protestants, les Albigeois prétendaient purifier le christianisme. Ils s’insurgeaient contre la hiérarchie ecclésiastique et contre la société. Si l’on en croit les contemporains, leur hérésie venait des Bogomiles bulgares qui furent comme les bolcheviks du Moyen Âge. Ce n’est pas impossible, car les idées circulaient alors aussi vite que de nos jours. Il est à remarquer, en outre, que le Languedoc, les Cévennes, âpres régions où le protestantisme trouvera plus tard ses pasteurs du désert, furent le foyer de la secte albigeoise.
Elle se développa, avec la tolérance de la féodalité locale, jusqu’au jour où la croisade fut prêchée à travers la France, au nom de l’ordre autant qu’au nom de la foi. Dès le moment où Simon de Montfort et ses croisés se mirent en marche, l’affaire changea d’aspect. Elle devint la lutte du Nord contre la féodalité du Midi et la dynastie toulousaine. L’adversaire était le comte de Toulouse au moins autant que l’hérésie. Le Nord triompha. Mais, avec un sens politique profond, Philippe Auguste refusa d’intervenir en personne et d’assumer l’odieux de la répression. Il n’avait que peu de goût pour les croisades et celle-là, s’il y eût pris part, eût gâté les chances de la monarchie dans la France méridionale. La féodalité du Sud ne se releva pas de cette lutte. Du moins les rancunes qui en restèrent n’atteignirent pas le Capétien. Elles ne compromirent pas son œuvre d’unité… »
1494 : Naissance du futur François 1er
par Jean Clouet, Musée du Louvre
Né à Cognac, le duc d’Angoulême fut le type accompli du gentilhomme de la Renaissance. Il favorisa les Lettres et les Arts, se fit le patron des Humanistes et fonda la Collège de France (1530); il attira Benvenutto Cellini, le Primatice, Léonard de Vinci; il fit construire Chambord (voir l’éphéméride du 29 septembre) et reconstruire Saint Germain en Laye.
Il fit du français – au détriment du latin – la langue obligatoire de tout acte officiel. Il est le créateur du Dépôt légal, et fut également aux origines de l’Imprimerie nationale (éphéméride du 28 décembre).
Lorsqu’il décida, après sa captivité en Espagne, que le roi, dorénavant, résiderait d’une façon permanente à Paris, c’est lui qui appela Pierre Lescot pour reconstruire et transformer le Louvre de Philippe Auguste et Charles V en résidence royale moderne (éphéméride du 10 septembre).
C’est lui qui signa avec la Suisse « la paix perpétuelle » (voir l’éphéméride du 29 novembre) et des « Suisses » restèrent au service du Roi de France jusqu’au tragique et monstrueux 10 Août 1792 : cette « paix perpétuelle » entre deux nations qui venaient de s’affronter durement est un cas unique dans les annales de l’Humanité : notre album Drapeaux des Régiments du Royaume de France (472 photos) consacre l’intégralité de sa partie 3 (86 photos) aux Régiments suisses : « Au début furent les Cent Suisses ».
Si le règne commença en fanfare, avec le triomphe de Marignan, les difficultés n’ont pourtant pas été épargnées au « grand roi François » : l’une des plus dangereuses étant la trahison du connétable de Bourbon (voir l’éphéméride du 18 juillet), celui-là même qui, s’alliant à Henri VIII d’Angleterre et Charles-Quint vainquit le roi à Pavie, entraînant sa captivité à Madrid.
Dans notre album L’aventure France racontée par les cartes, voir la photo Agrandissements de François premier
1621 : Aux origines de la Frangipane
On sait peu de choses – du moins dans le grand public… – sur le marquis Pompeo Frangipani, maréchal de France sous Louis XIII, et grand ami de Bassompiere, lui-même grand homme de guerre au service du roi.
Membre d’une célèbre famille italienne, venu en France comme les Vinci, Médicis et tant d’autres, Pompeo Frangipani se mit au service, militaire, du roi de France, et, pour pallier les incommodités dues aux odeurs de la guerre et de la vie dans les camps, il inventa un parfum à base d’amandes avec lequel il parfumait ses gants et ses chausses.
Son pâtissier eut l’idée de s’en servir à son tour, mais pour un tout autre usage : la Frangipane était née…
On lira, en cliquant sur le lien ci-après, le récit que fait Bassompiere de l’arrivée de son ami, Pompéo, le dimanche 12 septembre 1621, aux armées du roi :
COLLECTION DES MEMOIRES RELATIFS A L’HISTOIRE DE FRANCE
Merci, Pompeo !
1764 : Mort de Jean-Philippe Rameau
Écouter : « Clair flambeau du monde » (Opéra Les Indes galantes)
1860 : Bénédiction de la statue de Notre-Dame de France, au Puy-en-Velay
Depuis 1860, la ville du Puy-en-Velay (Haute-Loire) est dominée par une statue de la Vierge Marie, haute de 16 mètres, édifiée sur le « podium » du Rocher Corneille, ou Mont Anis. Longtemps, il y eut un calvaire en ce lieu. Mais ce n’est qu’au 19ème siècle que l’on envisagea sérieusement la construction d’un édifice à la dimension du site.
En 1850, l’évêque du Puy, lança le projet de l’édification d’une statue monumentale de la Vierge Marie sur le Mont Anis. En 1853, un concours fut ouvert, auquel participèrent 53 artistes. Dans le même temps, une souscription fut lancée dans toute la France. Les 300 000 élèves des écoles des Frères des Ecoles Chrétiennes réunirent la somme nécessaire à l’édification du piédestal.
Pour sa part, l’empereur Napoléon III offrit les canons pris sur l’armée russe au cours de la guerre de Crimée. En 1859, les différents éléments de la statue furent fondus à Givors (Rhône) et acheminés jusqu’au Puy. L’inauguration officielle eut lieu en présence d’une foule de 120 000 personnes et de 12 évêques.
1897 : Naissance d’Irène Joliot-Curie
Prix Nobel de Chimie 1935.
futura-sciences/personnalites/physique-irene joliot curie
1914 : Victoire française sur la Marne
La bataille, qui aura duré six jours, marque l’arrêt de la progression des troupes allemandes.
Les Français, menés par le maréchal Joffre, l’emportent face à une armée allemande épuisée qui décide de battre en retraite dès le 11 septembre :
histoire pour tous/batailles/la bataille de la marne-1914
Dans notre album Maîtres et témoins (III) : Léon Daudet , voir la photo « La 1ère victoire de la Marne : Joffre et Galliéni »
1940 : Découverte de la Grotte de Lascaux
Grâce à leur chien qui s’était engouffré dans un trou, quatre jeunes périgourdins découvrent la grotte de Lascaux près de Montignac.
Stupéfaits de trouver des peintures sur les parois, ils alertent leur instituteur, Léon Laval. Quelques jours plus tard, le préhistorien Henri Breuil, au terme d’une étude approfondie, certifie scientifiquement qu’il s’agit de peintures rupestres. Il baptise alors la grotte: « La chapelle Sixtine du Périgordien ».
Le 27 décembre suivant, le site est classé monument historique.
Ce chef d’oeuvre attira très rapidement les foules, ce qui amena une dégradation évidente, rapide et inquiétante du lieu. On construisit donc assez rapidement, tout à côté de la grotte, une reconstitution d’une partie de celle-ci, que l’on baptisa « Lascaux 2 ». Une exposition itinérante d’une reproduction d’une partie des chefs d’oeuvre de la grotte fut, elle, baptisée « Lascaux 3 ».
Enfin, le 10 décembre 2016 on inaugura « Lascaux 4 » (voir l’éphémeride du 10 décembre) : située un peu plus loin de la grotte que Lascaux 2, afin de mieux préserver un site extrêmement fragile, cette reconstitution est une double merveille : d’abord, parce qu’elle donne à voir l’intégralité du site; et, surtout, parce que la reconstitution est, dans tous les domaines, d’une fidélité quasi parfaite.
archeologie.culture.gouv.fr/lascaux
Et, dans notre album L’aventure France racontée par les cartes, voir la photo « Il y a 17.000 ans (I) : le magdalénien »
2008 : Arrivée de Benoît XVI en France pour un séjour de 4 jours
Le Pape y restera quatre jours : deux à Paris, et deux à Lourdes.
A Paris, le jour même de son arrivée, il prononcera son mémorable Discours des Bernardins, adressé « au monde de la culture » : ce texte, magistral, constitue l’un de nos Grands Textes.
Nous en donnons ci-dessous la version enregistrée.
• Pour avoir une idée de ce qui s’est passé à Paris :
• Et lors du voyage dans son ensemble (à Lourdes.)
eglise.catholique/vatican//la visite du pape benoit-XVI-en-france/dimanche 14 septembre à lourdes
A Lourdes
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PETITE ERREUR AU TOUT DEBUT DES EPHEMERIDES DE CE JOUR : EN 711 CE SONT BIEN DES TROUPES MAHOMETANES QUI ONT ENVAHI L’IBERIE MAIS PAS LES ALMORAVIDES QUI VIENDRONT BEAUCOUP PLUS TARD EN CETTE REGION / LES ENVAHISSEURS ARABO-BERBERES DE 711 ETAIENT CONDUITS PAR UN SIMPLE CHEF BERBERE LOCAL FRAICHEMENT ISLAMISE NOMME TARIK QUI AGISSAIT AU NOM DU LOINTAIN CALIFE SUCCESSEUR DE MAHOMET EN ORIENT / GIBRALTAR VEUT DIRE EN ARABE LE MONT TARIK /
Merci à Péroncel-Hugoz pour cette précision.
Voilà, je viens de re-écrire les deux lignes concernées. Merci pour l’attention que vous portez à ces Ephémérides, et merci de m’aider à les améliorer sans cesse. Comme disait Boileau : « Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage, polissez-le sans cesse et le repolissez… »
En jaune sur la carte les terres conquises par Simon de Montfort. Or dans ce « territoire » il y avait un « réductible village », non une réductible bastide. Montalba de nos jours Montauban. Construite par le comte de Toulouse pour et par des gens venus de nulle part, qui se voulaient libres. Sans prince , seuls, ils ont édifié la première bastide d’Occitanie et l’ont fortifiée. Ces fortifications permettront à ces Montalbanais de rester libres. Simon de Montfort a été le premier a rebrousser chemin. Ce dernier a été tué par une pierre lancée par un mangonneau instrumentalisé par des Toulousaines. Montauban a résisté ensuite à plusieurs encerclements de la ville, le dernier en date nous vaut les quatre cents coups. Il faudra que Richelieu affame La Rochelle, pour que les Montalbanais lui ouvrent les portes de leur ville. Montauban aura eu 425 ans de gestion municipale libre. Voici ce que disaient les résistantes et les résistants enfermés dans leur ville, du haut de leur rempart,: » Nous ne combattons pas le roi de France qui nous a remis les armes et le blason de la ville, nous combattons les Anglais, nous combattons pour la liberté de culte et la liberté de gérer notre administration comme nous l’entendons. » Ville d’Ingres, de Bourdelle, elle aura hébergé quelques rois, Henri IV, Louis XIII, le capitaine de jeanne d’Arc, la Hire y est décédé.
Très intéressant. Merci.