1380 : Mort de Charles V, le Sage
De Jacques Bainville (Histoire de France, chapitre VI) :
« …Un grand règne de réparation et de restauration commençait. Charles V, qui fut surnommé le Sage, c’est-à-dire le savant, celui qui sait, n’est pas un personnage de Froissart. Il est dépourvu de panache. Il vit comme vivra Louis XI, renfermé. Il calcule, médite, thésaurise, il suit un plan, c’est un constructeur, l’homme dont la France a besoin. Il pansera ses plaies, il la remettra à son rang en moins de vingt années.
Son idée elle n’est pas difficile à saisir. La France ne peut pas se résigner au traité de Brétigny ou bien elle renonce à vivre. Il faut que l’Anglais sorte du royaume ou bien il finira par en devenir le maître. Pour le chasser, deux conditions nécessaires : une armée d’abord, une marine ensuite. D’armée, Charles V n’en a pas. Il est si loin d’en avoir une que son célèbre et fidèle connétable, Du Guesclin, n’a été d’abord que le capitaine d’une de ces bandes qui guerroient un peu partout. Le roi s’attache Du Guesclin, rallie par lui quelques-unes des grandes compagnies, en forme peu à peu des troupes régulières. Les Navarrais, toujours poussés en avant par l’Angleterre, sont battus à Cocherel : petite victoire, grandes conséquences. Le roi de Navarre comprend qu’il n’a plus rien à espérer, que l’ordre revient que le temps des troubles est fini.
Charles le Sage transige avec Charles le Mauvais, en attendant mieux. Il transige partout, selon sa maxime qu’il faut savoir céder aux gens pervers. Il transige même avec les aventuriers irréductibles des grandes compagnies. Du Guesclin (ci contre, statue à Dinan), par un trait de génie, conduit les réfractaires en Espagne, à la solde d’Henri de Transtamare, pour combattre Pierre le Cruel soutenu par les Anglais. Après des péripéties nombreuses Henri de Transtamare l’emportera et sera un utile allié de la France.
Pour libérer le territoire, il n’y avait qu’un moyen et Charles V, sage et savant homme de la réflexion et des livres, le comprit. C’était que l’Anglais ne fût plus maître de la mer. Dès que les communications entre l’île et le continent cesseraient d’être assurées, les armées anglaises, dans un pays hostile et qui supportait mal leur domination, seraient perdues. Créer une marine : œuvre de longue haleine, qui veut de la suite, de l’argent, et il a toujours été difficile d’intéresser le Français terrien aux choses de la mer. Charles V prépara de loin notre renaissance maritime et comptait, en attendant, sur la flotte de ses alliés d’Espagne. »
Dans notre album L’aventure France racontée par les cartes, voir la photo « Guerre de Cent ans (2/4) : premier rétablissement »
1793 : Décret de la Convention ordonnant la destruction de la Sainte Ampoule
Le but est, évidemment, de poursuivre la politique systématique de la Nouvelle religion républicaine : faire disparaître tous les symboles de l’ancienne religion – le christianisme – et, en l’occurrence, avec la Sainte Ampoule, un des symboles majeurs de la royauté de Droit divin.
Reliquaire du sacre de Charles X de la Sainte Ampoule : vue d’ensemble (gauche) puis détail de la nouvelle Ampoule (droite) avec l’aiguillette d’or destinée à prendre le Baume sacré
1822 : Mort de Jean-Louis Lagnel, créateur des santons d’argile
Dès le XIIe siècle, on trouve de nombreuses représentations sculptées de la nativité, de l’âne, du bœuf, des rois-mages. La première mise en scène d’une crèche vivante avec des personnages et animaux, fut créée en 1223 par saint François d’Assise (dont la mère était originaire de Tarascon), lors d’une messe de minuit à Gréccio dans la forêt des Abruzzes en Italie.
Saint François d’Assise, impressionné par la visite de la basilique de la Nativité de Bethléem, voulut, de retour en Italie, reproduire la scène de la Nativité pour les pèlerins d’occident interdits de Terre Sainte suite à l’échec de la cinquième croisade. Il utilisa de ce fait une mangeoire remplie de foin, un âne et un bœuf réels dans une grotte, appelée « chapelle de la crèche », près de l’ermitage de Greccio, petite localité située dans le Latium, en Italie centrale où s’étaient implantés les Frères mineurs. Il y associa pour la première fois, à la messe de minuit de Noël 1223, les villageois de ce lieu, qui participèrent à une crèche vivante, aménagée dans cette grotte.
Dès la fin du XIIIème siècle, les moines franciscains introduisirent la crèche en Provence.
Quand la révolution interdit la célébration du culte catholique, et donc la Messe de Minuit et les crèches d’église, les Marseillais résistèrent à leur façon à cette violence qui était faite à leur Foi, et l’usage se développa de monter une crèche dans chaque foyer. « La Crèche » est donc, au départ, un acte de résistance au fanatisme révolutionnaire : évolution que Robespierre et sa clique étaient bien loin d’imaginer lorsqu’ils prenaient leurs mesures de dé-christianisation de la France !…
Ensuite, Napoléon, par calcul politique, fit la paix avec l’Eglise, par le Concordat, et les églises rouvrirent, présentant de nouveau leurs crèches au public, mais l’habitude était prise, et se maintint, de « faire la crèche » aussi chez soi. La crèche familiale est, aujourd’hui, l’une des coutumes calendales (c’est-à-dire « de Noël », en provençal) les plus vivaces…
Jean-Louis Lagnel, venait juste d’inventer les santons d’argile. Avant sa création, les santons étaient en plâtre ou en bois : c’est lui qui eut l’idée de réaliser des moules figurant ses voisins, chacun dans son métier, et ses santons furent vêtus à la manière populaire de l’époque Ces moules de plâtre permirent de faciliter la reproduction de sujets à moindre coût : ces « santons d’un sou » permettaient en effet à chacun de posséder sa propre crèche…
C’est en 1803, juste après la signature du Concordat, qu’eut lieu à Marseille la première Foire aux Santons et aux Crèches, sur le cours Saint-Louis, à côté de la Canebière.
« Le dresseur de marmottes », l’un des premiers santons de Lagnel.
1824 : Mort de Louis XVIII
De Chateaubriand, Mémoires d’Outre-Tombe, Pléiade, tome 1, pages 704/705 :
« …Appréciez maintenant les calomnies dont la restauration a été l’objet; qu’on interroge les archives des relations extérieures, on sera convaincu de l’indépendance du langage tenu aux puissances sous le règne de Louis XVIII et de Charles X. Nos souverains avaient le sentiment de la dignité nationale; ils furent surtout rois à l’étranger, lequel ne voulut jamais avec franchise le rétablissement, et ne vit qu’à regret la résurrection de la monarchie aînée…
Une partie de la haine des cours d’Angleterre et d’Autriche contre la légitimité vient de la fermeté du cabinet des Bourbons. Loin de précipiter cette légitimité, mieux avisé on en eût étayé les ruines; à l’abri dans l’intérieur, on eût élevé le nouvel édifice, comme on bâtit un vaisseau qui doit braver l’océan sous un bassin couvert taillé dans le roc : ainsi la liberté anglaise s’est formée au sein de la loi normande.
…la distante postérité reconnaîtra que la Restauration a été, historiquement parlant, une des plus heureuses phases de notre cycle révolutionnaire. Les partis dont la chaleur n’est pas éteinte peuvent à présent s’écrier: « Nous fûmes libres sous l’Empire, esclaves sous la monarchie de la Charte ! ».
Les générations futures, ne s’arrêtant pas à cette contre-vérité, risible si elle n’était un sophisme, diront que les Bourbons rappelés prévinrent le démembrement de la France, qu’ils fondèrent parmi nous le gouvernement représentatif, qu’ils firent prospérer les finances, acquittèrent des dettes qu’ils n’avaient pas contractées, et payèrent religieusement jusqu’à la pension de la soeur de Robespierre. Enfin, pour remplacer nos colonies perdues, ils nous laissèrent, en Afrique, une des plus riches provinces de l’empire romain.
Trois choses demeurent acquises à la légitimité restaurée: elle est entrée dans Cadix; elle a donné à Navarin l’indépendance à la Grèce; elle a affranchi la chrétienté en s’emparant d’Alger : entreprises dans lesquelles avaient échoué Bonaparte, la Russie, Charles Quint et l’Europe. Montrez moi un pouvoir de quelques jours (et un pouvoir si disputé), lequel ait accompli de telles choses ».
A Saint Denis.
• De Chateaubriand : « Français ! vous avez perdu le Roi qui vous a sauvés, le Roi qui vous a rendu la paix, le Roi qui vous a faits libres; mais ne tremblez point pour votre destinée; le Roi est mort mais le Roi est vivant; LE ROI EST MORT, VIVE LE ROI ! C’est le cri de la vieille monarchie, c’est aussi le cri de la monarchie nouvelle. Un double principe politique est renfermé dans cette acclamation de la douleur et de la joie : l’hérédité de la famille souveraine, l’immortalité de l’Etat ».
• D’Anne Bernet : « …Entre avril et novembre 1814, Louis XVIII restauré aura réussi à tirer la France de la situation cataclysmique où l’avait plongée Napoléon 1er… Il a accompli des prodiges, tiré la France tête haute d’une situation profondément compromise et lui a rendu sa position sur la scène internationale… En préservant pendant plus de trente ans la France des aventures, la Restauration pansera les plaies de la Révolution et de l’Empire… »
Balzac a, lui aussi, parlé d’une façon élogieuse des hautes qualités personnelles et de la haute conception de la royauté qu’avait Louis XVIII. Dans son court ouvrage, publié en 1837, Rois de France, il brosse ce portrait flatteur du souverain : Louis XVIII
Sur le roi tout à fait exceptionnel que fut le grand Louis XVIII, voir :
• notre éphéméride du 16 septembre (jour de sa mort);
• du 4 juin (Louis XVIII établit la Charte constitutionnelle) et du 8 juillet (retour définitif du roi à Paris);
• du 20 février et du 26 février sur l’échange de lettres entre le Roi et Napoléon;
• du 21 novembre (jour où les troupes alliées quittent définitivement la France).
Et, dans notre album Maîtres et témoins…(II) : Jacques Bainville, voir la photo « Le peuple, jamais plus heureux que de 1816 à 1830 »
1896 : Mise en service du Pont-canal de Briare
Véritable prouesse technique, le pont-canal de Briare est un pont d’eau de 662 mètres de longueur qui a été construit à la fin du XIXème siècle afin de relier le bassin de navigation de la Seine à celui de la Saône.
Il s’agit d’un pont portant une voie navigable qui enjambe la Loire. Mais il ne fait pas partie du canal de Briare avec lequel il ne doit pas être confondu.
Ce pont repose sur quatorze piliers en pierre taillée et supporte une voie d’eau entièrement métallique de 6 mètres de largeur. Quatre pilastres d’angle ornés de bronze marquent les entrées du pont-canal. La voie navigable est bordée de deux trottoirs et d’une rangée de lampadaires.*
structurae.info/ouvrages/pont canal de briare
1936 : Naufrage du Pourquoi pas ?
Le navire océanographique du Docteur Charcot sombre près des côtes islandaises, après une tempête qui aura duré douze heures. Jean Charcot et ses équipiers disparaissent dans le naufrage auquel un seul matelot réchappera: Eugène Gonidec, dit Pingouin.
Grâce à ses expéditions, le docteur Charcot a permis de cartographier la côte antarctique et de découvrir de nouvelles terres. Les naufragés auront des obsèques nationales le 12 octobre.
1959 – Discours de de Gaulle sur l’autodétermination en l’Algérie. Marquant le grand tournant de sa politique algérienne. Trahison pour les Français patriotes d’alors
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Mais aussi : 1943 – La ville de Nantes est rasée par un bombardement Anglo-américain qui fait 700 morts. Un second bombardement le 23 septembre fera 250 morts parmi la population civile