En dehors des suites électorales de ce sondage, nous constatons de nouveau la montée en puissance d’un bloc national, patriote, pérenne et puissant. C’est un atout pour la France et pour l’Europe réelle, où partout se produisent des phénomènes analogues. Ce n’est pas un progrès du fédéralisme européen mais des nations du Vieux-Continent. JSF
Publié le 12 sept. 2024.
Le Rassemblement national et ses alliés ont obtenu 11 millions de voix au premier tour des élections législatives. Onze millions de contestataires ? L’analyse du vote montre que le parti d’extrême droite est celui dont l’électorat affirme le plus (48 %) avoir voté par adhésion et le moins (7 %) par opposition, explique Jean-Daniel Lévy, directeur délégué de Harris Interactive, se basant sur une compilation d’études pour différents médias.
Dans une note pour la Fondation Jean Jaurès, le politologue estime que la séquence électorale de juin-juillet « confirme » qu’« il n’est plus question, depuis de nombreuses années, de parler de vote sanction ». Les électeurs du RN sont ceux « indiquant le plus le souhait que le RN réalise le score le plus important possible, qu’il dispose de la majorité absolue à l’Assemblée », poursuit-il. Et moins le souhait d’empêcher un candidat d’être élu ou une formation politique d’obtenir la majorité.
L’immigration, première motivation du vote
Ils sont également les plus convaincus (94 %) que le parti d’extrême droite pourra appliquer son programme s’il arrive au pouvoir. Du point de vue sociologique, plusieurs éléments sont devenus saillants lors des élections européennes et législatives anticipées : ce sont les 35-64 ans (37 %) et les plus de 65 ans (32 %) qui ont le plus modifié leur vote pour se tourner vers le RN. Jean-Daniel Levy observe en outre « la porosité avec l’électorat de la droite classique ».
Le sondeur évoque un « retour aux fondamentaux » du parti fondé par Jean-Marie Le Pen, avec l’immigration placée au premier rang des motivations (69 %), devant le pouvoir d’achat (63 %). Et remarque que ses électeurs estiment que le RN serait « meilleur que la majorité présidentielle et que le NFP sur des sujets centraux : le pouvoir d’achat , l’emploi ou encore la croissance économique ».
Un « effet Bardella » à relativiser
Jean-Daniel Lévy note également que le RN a abordé le premier tour des législatives dans la « dynamique » des Européennes. Quelque 90 % de ceux qui ont choisi le bulletin Jordan Bardella ont voté pour un candidat RN aux législatives, un report supérieur à celui qui a prévalu pour les candidats du Nouveau Front populaire.
Quant à un « effet Bardella » , abondamment commenté, le politologue estime que les chiffres le tempèrent. Les moins de 25 ans le placent de fait en tête de leur personnalité politique préférée, mais François Hollande est au même niveau. TikTok, sur lequel le président du RN est très présent, est une source d’information bien moindre que la télévision. CNews n’arrive d’ailleurs qu’en cinquième position des chaînes de télévision regardées par les électeurs frontistes.
Avec AFP / Les Echos