1468 : Arrestation de Louis XI à Péronne par le duc de Bourgogne
Ce jour-là, la royauté connut la plus effroyable des humiliations. Il n’y en aura pas de pire jusqu’à la Révolution.
Certains l’ignorent, d’autres l’oublient : il n’était pas obligatoire que la France existât. Du moins telle que nous la connaissons aujourd’hui. Les territoires qui la composent, ces Provinces qui font son extraordinaire richesse grâce à leur infinie diversité, auraient très bien pu aller les unes à telle puissance étrangère, les autres à telle autre.
Ou alors, d’autres centres que Paris auraient pu fédérer une autre entité :
• les Wisigoths, d’abord, qui possédaient presque toute l’Espagne et quasiment toute l’actuelle France méridionale : mais ils furent écrasés à Vouillé par Clovis (voir l’éphéméride du 10 novembre) et refoulés en Espagne;
• ou bien les Comtes de Toulouse, à partir précisément de leur capitale éponyme, mais qui manquait d’un poids démographique suffisant pour s’imposer;
• ou bien les Plantagenêts, d’origine française mais devenus rois d’Angleterre, et qui possédèrent, à un moment, bien plus de territoires de l’actuelle France que le roi de France lui-même.
• ou bien encore les ducs de Bourgogne, les Grands Ducs d’Occident, qui, eux, ne manquaient ni de population ni de richesses mais qui, pour leur malheur, sont « tombés » sur… Louis XI (ci dessous) !
Bien qu’un peu touffue, et assez peu lisible, la carte ci dessous montre la tenaille presque parfaite, et donc mortelle, dans laquelle les possessions bourguignonnes de Charles le Téméraire (en jaune) enserraient en grande partie, et presque totalement, une portion des terres du Roi de France :
Si l’on tient compte du fait que plusieurs autres facteurs militaient en faveur du Grand Duc d’Occident (richesse économique, dynamisme culturel, poids démographique…) on voit bien, dans cette lutte titanesque entre la Maison de France et la Maison de Bourgogne, qui était le chêne (du moins en apparence) et qui était le roseau.
De Jacques Bainville (Histoire de France, chapitre VII, Louis XI : l’unité sauvée, l’ordre rétabli, la France reprend sa marche en avant :
« …Charles le Téméraire, qui venait de succéder à son père, nourrissait de vastes et dangereux desseins. Il voulait fondre en un bloc ses domaines faits de pièces et de morceaux, relier la Bourgogne aux Pays-Bas, soit par la Champagne, soit par la Lorraine, gouverner sans avoir à rendre hommage au roi de France ni à respecter les coutumes flamandes… »
« …Et quand celui-ci (Louis XI, ndlr) fut roi, il continua l’œuvre de son père. Si la grande féodalité comptait sur le nouveau règne, elle se trompait. Seulement, Louis XI, esprit réaliste, avait bien jugé qu’il n’était pas assez fort pour la combattre en face. Il avait, à juste titre, le « cauchemar des coalitions ». Il eut recours aux armes quand il ne pouvait s’en dispenser, mais sa préférence était pour d’autres moyens, l’argent surtout : il payait ce qu’il ne pouvait conquérir. Avaricieux pour lui-même, encore plus modeste dans ses habits que son père, il trouvait quatre cent mille écus pour acheter une province.
La ruse, l’absence de scrupules étaient sans doute dans son caractère. Elles étaient aussi des nécessités de la situation. Diviser ses ennemis, abattre les plus faibles, s’humilier au besoin devant les autres, sacrifier ses alliés en cas de nécessité inspirer la crainte quand il était le plus fort, subir des affronts et attendre l’heure de la vengeance : ce n’étaient pas des procédés de paladin. Charles le Téméraire, le « grand duc d’Occident » (ci dessous) avait une autre allure. À la fin, comme dans la fable, le roseau l’emporte à force de plier… »
« …Vis-à-vis de son grand adversaire, le roi avait adopté pour tactique la prudence. Il le voyait s’engager dans des entreprises de plus en plus hasardeuses, affronter la Lorraine, l’Alsace, l’Allemagne, la Suisse. Louis XI le sentit perdu. Désormais il se garda d’intervenir autrement qu’en lui suscitant des ennemis. Il fit confiance au temps, attendit son heure. Il donna même Saint-Quentin pour que le duc de Bourgogne se tournât d’un autre côté. Ce côté, c’était celui de Granson et de Morat où les cantons suisses infligèrent deux graves défaites au puissant duc. Il ne s’en remit pas. Rien ne lui réussit plus. Devant Nancy, dont il voulait faire la capitale de son État, la tête d’une Lotharingie nouvelle, il trouva une mort misérable (1477).
Plus grand bonheur ne pouvait arriver à la France. Sans effort de notre part, un ennemi dangereux était abattu. Et puis, Charles n’avait pas de fils : ses apanages retourneraient donc à la couronne… »
Dans notre album L’aventure France racontée par les cartes, voir la photo « La France face à la maison de Bourgogne »
1634 : Louis XIII se proclame Capitaine des Mousquetaires
C’est un peu plus de dix ans auparavant, en 1622, que le Roi avait créé le corps des Mousquetaires : en réalité, il ne fit que transformer l’armement de la garde personnelle, créée par son père, Henri IV, qui portait le nom de « Carabins » car elle était armée de carabines.
Louis XIII fit remplacer ces dernières par des mousquets, d’où le nouveau nom de « Mousquetaires ».
Dans la Maison militaire du Roi, les mousquetaires formaient deux compagnies, chacune de deux cents cavaliers.
Ils portaient habit écarlate, soubrevestes bleues et galonnées sans manches, avec deux croix de velours blanc, l’une devant, l’autre derrière. La première compagnie avait des galons d’or et des flammes rouges aux angles des croix, tandis que la deuxième avait des galons d’argent et des flammes feuille-morte.
Les mousquetaires de la première avaient des chevaux gris ceux de la deuxième, des chevaux noirs. De là, leur nom de Mousquetaires gris et de Mousquetaires noirs.
Leurs drapeaux étaient blancs :
• sur celui de la première compagnie se voyait une bombe enflammée tombant sur une ville, avec la devise Quo ruit et lethum (Partout où elle s’élance, elle porte la mort), allusion à l’impétuosité des mousquetaires;
• sur celui de la deuxième, il y avait un faisceau de douze flèches empennées et l’inscription Amenas Jovis altera tela (Nouvelles armes de nouveau Jupiter).
Les mousquetaires ont joué un rôle particulièrement brillant et glorieux :
« Ils donnèrent des preuves d’une valeur extrême; on n’en vit jamais reculer un seul, et il en fut tué un grand nombre » (Pelisson).
Ce fut le grand Lully qui composa les deux marches des Mousquetaires, Gris et noirs, dont d’Artagnan reste le symbole le plus fort, tant de siècles après :
• Lully Marche MOUSQUETAIRES GRIS.mp3
• Lully Marche MOUSQUETAIRES NOIRS.mp3
Dans notre Album Drapeaux des Régiments du Royaume de France, voir la photo des Mousquetaires de la garde, et les trois suivantes.
1886 : Naissance d’Alain Fournier
1914 : Mort de Joseph Déchelette
De l’Encyclopedia universalis :
« Fondateur de l’archéologie française moderne, Joseph Déchelette, né à Roanne d’une grande famille de facturiers, se retire des affaires en 1899 pour se consacrer à l’archéologie. Il était conservateur du musée de Roanne depuis 1892. Grand voyageur, il assiste à de nombreux congrès, visite les musées européens et les chantiers de fouilles ; il est en relation avec les sociétés savantes européennes et avec les plus grandes personnalités de l’archéologie.
À la suite de son oncle Gabriel Bulliot, il fouille l’oppidum du mont Beuvray (la Bibracte des Éduens) et, après avoir vu la remarquable collection du docteur Plicque, à Lezoux (Puy-de-Dôme), il tente une classification de la céramique sigillée gallo-romaine, qui paraîtra en 1904 sous le nom Les Vases céramiques ornés de la Gaule romaine. Ses études sur le mont Beuvray l’amènent à comparer ce site avec les grands oppidums d’Europe centrale, et en particulier Stradonitz ; il traduit l’ouvrage de Pic : Le Hradischt de Stradonitz en Bohême (1906).
Mais sa grande œuvre est son Manuel d’archéologie préhistorique, celtique et gallo-romaine, paru en quatre volumes entre 1908 et 1914, réédité en 1927. La richesse de la documentation, la mémoire prodigieuse et surtout les qualités de synthèse de leur auteur font de ces ouvrages, qui embrassent les périodes allant du Paléolithique à La Tène III, une somme scientifique considérable… »
Dans notre album L’aventure France racontée par les cartes, voir la photo « Il y a 30.000 ans : le Paléolithique (I) » et les trois suivantes.
A Roanne est installé le
1961 : Henri-Germain Delauze fonde la COMEX
Henri Germain Delauze (ci contre, en 1987), né en 1929 à Cairanne, dans le Vaucluse, rencontre à Marseille l’équipe du Commandant Cousteau à la fin 1952 : il intègre l’équipe, où il restera trois ans, durant lesquels il effectue ses premières plongées spéléologiques et archéologiques.
En 1956, Henri Delauze entre dans la société de travaux publics Grands Travaux de Marseille : il est nommé responsable de la construction du tunnel autoroutier sous-marin dans la baie de la Havane à Cuba (1956-1957), premier tunnel construit par l’assemblage de caissons de 20.000 tonnes fabriqués en cale sèche puis assemblés bout à bout par des plongeurs.
Après son séjour à Cuba, il rentre en France où il dirige la construction d’un tunnel sous la Seine pour le transfert des eaux usées de Paris Ouest vers la nouvelle centrale d’épuration de La Frette.
En 1959, invité par le State Departement de Washington aux États-Unis, il travaille comme consultant pour la U.S Navy et effectue de nombreuses plongée en tant que consultant géologique pour le compte de l’offshore pétrolier californien en baie de Monterrey. C’est durant ce séjour aux États-Unis que lui vient l’idée de créer sa propre entreprise de travaux sous-marins pour les sociétés pétrolières : rentré en France, il fonde la COMEX le 3 octobre 1961. Il définit ainsi son domaine et ses objectifs : l’ingénierie et le monde sous-marin.
Très vite, Comex occupe une position de leader sur le marché international du pétrole « offshore », c’est-à-dire « en mer » (néologisme venu de l’anglais « off » – loin de – et « shore » – côte-…).
En 1962, le CNRS lui confie la création et la direction à Marseille du laboratoire des bathyscaphes. En collaboration avec la marine nationale, Henri Delauze assure de 1962 à 1967 la coordinaon scientifique des cinq campagnes internationales d’exploration des fosses abyssales de la planète
Ingénieur à la conquête du sixième continent, Français le plus profond du monde, pionnier de la plongée industrielle, président-directeur général de la COMEX, entrepreneur planétaire ou chercheur aguerri d’épaves : c’était Henri-Germain Delauze.
1985 : Création du R.A.I.D
LE RAID
1987 : Mort de Jean Anouilh
Voir notre dossier : « Le mythe d’Antigone, de l’Antiquité à… Jean Anouilh »
..Dominant la règle de fer
Le fort est parfois charitable.
Mais les tourments obscurs des misérables
Nous coûtent presque toujours cher.
Petits garçons heureux,
Hitler ou Robespierre,
Combien de pauvres hères
Qui seraient morts chez eux ?
2011 : Jules Hoffmann reçoit le Prix Nobel de Médecine
Le biologiste Jules Hoffmann partage le prix avec l’Américain Bruce Beutler et le Canadien Ralph Steinmann pour leurs travaux sur le système immunitaire.
Il venait juste de recevoir, le jeudi 29 septembre, la très prestigieuse médaille d’or du CNRS pour son travail sur les mécanismes de défenses immunitaires chez les insectes, très instructifs pour l’homme.
Jules Hoffmann un entomologiste prix Nobel de médecine
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A propos de Charles le Téméraire et des Ducs de Bourgogne, puis-je risquer une remarque ? Si les Bourgogne avaient réussi à consolider leur dynastie et peut-être à s’emparer de la couronne de France (après tout, ils étaient non seulement capétiens, mais aussi Valois, et ils n’avaient nullement renoncé à leurs droits) ce n’aurait peut-être pas été une mauvaise affaire pour la France. Bon je sais que là, je déchire la tunique sans couture de notre roman national, mais faut-il pousser l’amour de l’accompli jusqu’à mépriser les rêves fracassés, même quand ils avaient de la grandeur?
attention à la faute de frappe : en 1486 ils étaient morts tous les 2 il s’agit de 1468 !
La question d’Antiquus est sans doute amusante,et la réponse doit cependant être laissée à l’imagination de chacun.Quoi qu’il en soit,bien que Capétiens et Valois,les ducs de Bourgogne ne pouvaient en aucun cas être régnicoles sur le trône de France,selon la loi royale successorale française.On peut donc imaginer que Marguerite de B.,seule héritière du duché,au lieu d’épouser Maximilen,futur empereur d’Autriche (et grand-père de Charles-Quint,lequel,alors, n’aurait pas existé) aurait épousé Charles VIII,comme cela avait été envisagé un moment par son père,Louis XI.De cette façon,la Bourgogne,déjà vassale de la France, serait redevenue directement française avant que la Bretagne ne le soit (grâce à Anne de Bretagne qui n’aurait donc pas épousé Charles VIII,mais sans doute seulement Louis XII).Quoi qu’il en soit, l’histoire aurait été bouleversée et pas nécessairement au bénéfice de la France! Antiquus sait sûrement qu’avec des « si »,on pourrait mettre Paris en bouteille.
(A Olivier) Merci de nous avoir signalé cette regrettable erreur de frappe, maintenant corrigée grâce à vous….