À quand les résultats ? Les présents ministres de l’Intérieur et de la Justice veulent-ils épater tout le monde ?
Par Xavier Raufer.
Cette nouvelle contribution de Xavier Raufer est parue sur Atlantico le 7 octobre. Intéressante analyse que nous ne commenterons pas sauf pour dire qu’elle émane d’un spécialiste très avisé dont nous suivons les travaux depuis des années.
D’abord, nous voilà débarrassés des précédents. M. Darmanin, qui joua durant quatre ans à l’homme de droite ferme et tout, part en victime d’un prénom exotique (Quand même monothéiste, consolons-le : le Moussa du Coran, c’est Moïse).
M. Dupond-Moretti, plus exaspéré-bouledogue que jamais, se fâche de devoir partir avec, sur le feu, une loi anti-crime-organisé propre à sidérer les bandits. Rappelons quand même que l’intéressé, seul de l’aréopage politique, avait dans les supermarchés de la drogue des pochons de cocaïne à son effigie ; les caïds goguenards-sympas ne semblant pas trop souffrir de ses exploits anti crime.
(Saisi lors d’une descente de police à Grenoble)
Bien plus important quand même, le présent et l’avenir. Comme déjà observé, ce gouvernement repose sur un socle friable et son horizon est tout, sauf assuré au long cours. Que faire en pareil cas ? Ici, le criminologue répond : un exemple. Qui peut le plus, peut le moins : si, s’étant accordé, le présent attelage police-justice parvient à rétablir l’ordre à Marseille, l’onde de choc s’étendra loin au-delà de la France. À l’étranger, vraiment ? Scoop : de hauts dirigeants de la police fédérale belge ont tout récemment révélé à l’auteur de ces lignes, l’implantation autour de Bruxelles de succursales ou colonies de grands gangs marseillais, type Yoda ou DZ Mafia. Rétablir l’ordre à Marseille, c’est donc signaler à la France et à ses voisins qu’on est sérieux ; qu’on ira au fond des choses.
Oui, mais encore Marseille… La situation n’y est-elle pas rétablie ? Les dizaines de visites de MM. Darmanin, Macron, etc., n’ont-elles pas restauré l’ordre ? La préfète-Bécassine aurait-elle combattu en vain ? Qu’on en juge.
Survol de la presse locale, au seul mois de septembre : Un homme gravement blessé par balles à la Belle-de-Mai… Une fusillade au Moulin-de-Mai fait un mort et un blessé… Fusillade mortelle à la Cayolle… Insécurité à Belsunce (Marseille 2e) … Saint-André (Marseille 16e) sous l’emprise de la délinquance… Place nette XXL [Hou-hou, Moussa] Les dealers sont toujours là… Marseille, capitale du trafic de pièces de voitures volées… Plusieurs véhicules incendiés la même nuit par des malfaiteurs armés… Un homme (un gangster) abattu près d’un bar à chicha… Marseille, 3e ville la plus dangereuse de France…
Oui mais, disent les magistrats et chefs policiers locaux, le nombre d’homicides baisse depuis 2023. Sont-ils à ce point habitués à abreuver le public de lénifiantes sornettes ? Pire encore, ignorent-ils à ce point la base même de la criminologie ? En 2023, deux gangs des quartiers nord de Marseille, métastasant désormais du midi jusqu’à Bruxelles, on l’a vu, lancent une guerre qui dans l’année fait environ 45 morts. Car telle est la caractéristique d’une guerre : elle tue, on y meurt. Mais peut-on comparer cet épisode meurtrier à ce qui précède ou suit ? Non bien sûr. Un enfant de quatre ans (voire un préfet, un commissaire ou un juge) devrait pouvoir saisir qu’à Verdun par exemple, il y a plus de morts en 1916 qu’en 1906 ou en 1926.
Que par conséquent, ces présentes autorités marseillaises proclament haut et fort qu’au premier semestre 2024, on compte bien moins de mort à Marseille qu’aux mêmes dates de 2023, n’est qu’un affligeant bobard – pieusement repris par les médias asservis, d’ailleurs.
Les présents ministres de l’Intérieur et de la Justice veulent-ils épater tout le monde ? Rêvent-ils d’effrayer les caïds des zones-hors contrôle de France et de Navarre, au point qu’ils décident de lever le pied ; voire, songent à aller exercer leurs funestes talents sous des cieux plus cléments ? Par exemple au Royaume-Uni, dont le présent premier ministre socialiste, M. Keir Starmer, rappelle fâcheusement M. Hollande, le charisme et l’autorité en moins ?
Que nos autorités régaliennes assurent, pour de bon, le retour de la loi et de l’ordre dans la favela marseillaise. Qu’ils y parviennent et leur gloire sera à jamais immarcescible. Les bandits trembleront et les Marseillais seront bien soulagés. ■ XAVIER RAUFER
Xavier Raufer
Docteur en géopolitique et criminologue.
Il enseigne dans les universités Panthéon-Assas (Paris II), George Mason (Washington DC) et Université de Sciences politiques et de droit (Pékin)