Par Radu Portocala.
« Si les divers pouvoirs cherchent à raffermir leur contrôle sur ces réseaux, c’est qu’ils sont assez forts pour le faire. »
Dans les pays du bloc soviétique, les gens étaient profondément malheureux, en dépit du fait que la propagande leur disait sans cesse qu’en réalité, ils étaient très heureux. Alors, ils maugréaient, ils rouspétaient, ils maudissaient, ils racontent des blagues politiques. Tout cela, bien entendu, était interdit par la loi, mais ils continuaient avec le sentiment que, de cette manière, ils accomplissaient des actes de résistance.
C’était, bien entendu, une illusion, car les régimes ne se trouvaient nullement affaiblis par ces chuchotements de coin de rue.
Dans le monde où nous vivons, ces « coins de rue » sont les réseaux sociaux, pour employer leur nom générique consacré et plutôt antipathique. On pourrait les appeler « enclos surveillés de rouspétage ». Ils ne sont en rien différents de ce qu’ont connu les gens de l’Est : on épie les propos des uns et des autres, on censure, on punit ceux qui franchissent une certaine limite. Et ils ne servent à rien puisqu’ils ne peuvent rien changer.
Aussi brutales que peuvent être certaines publications, elles ne constituent pas une révolution et n’ébranlent pas le système qui s’est mis en place depuis déjà des années. Elles n’agacent pas plus que la mouche qui trouble votre sieste. Si les divers pouvoirs cherchent à raffermir leur contrôle sur ces réseaux, c’est qu’ils sont assez forts pour le faire. C’est comme ouvrir la fenêtre quelques instants pour que la mouche sorte. ■ RADU PORTOCALA
Radu Portocala est écrivain et journaliste, spécialisé notamment en Relations Internationales.
Dernière publication…