Parce qu’il promet tout, l’État prend aussi presque tout. Dans la poche du commun des mortels, évidemment.
On dit souvent d’une religion qu’il s’agit d’une secte qui a réussi. De même, on pourrait croire que l’État est un gang qui a réussi à éliminer ses rivaux, une mafia parvenue à s’imposer contre toutes les autres. Et comme toutes mafias, il se présente d’abord comme un racket de protection : c’est en échange de la sécurité qu’il promet à ceux qui le subissent qu’il justifie son existence et réclame son pizzo. Protection physique, d’abord : c’est le grand récit du Léviathan hobbesien. Promesse d’ivrogne. Il promet aussi la sécurité de la crèche à l’Ehpad, en passant par les meilleures écoles et les meilleurs hôpitaux pour se soigner les mauvais jours : promesse d’ivrogne aussi. Parce qu’il promet tout, l’État prend aussi presque tout. Dans la poche du commun des mortels, évidemment. Prière de payer avec le sourire. Au nom de la solidarité. Ou avec un air grave : pour éviter la faillite de l’État. Mais prière de payer, chaque fois.
Comment ne pas avoir ces réflexions à l’esprit quand on entend le gouvernement expliquer qu’il fera passer les Français à la caisse pour « sauver » les finances publiques. C’est une grande opération de braquage fiscal qui commence : on nous demande d’y voir du courage, presque un geste régalien longtemps attendu. On rassure évidemment le quidam, citron fiscal déjà pressé jusqu’à la dernière goutte, qu’on ne s’en prendra cette fois qu’aux riches, et même, pour se rassurer encore plus, aux super-riches. Le commun des mortels se dit soulagé, tout en se permettant peut-être un petit rictus méchant : les médias l’ont convaincu que les « plus fortunés » étaient des accapareurs cyniques ne faisant pas leur part, et qu’il était possible, et nécessaire, de les saigner davantage. Le socialisme mental est parvenu au fil du temps à faire de l’envie une vertu. Le plus envieux sera même jugé le plus généreux. Mieux vaut être également pauvres qu’inégalement riches. Il appelle cela la justice sociale.
La droite libérale, éternelle cocue contente de l’État-providence, où son rôle consiste à colmater les dépenses publiques les années bissextiles, grogne un peu, mais poliment, en disant qu’il vaudrait mieux sabrer dans les dépenses que de mettre la main à la poche des Français. En gros, il faudrait dépenser moins pour taxer moins. Qui parle ainsi passe pour un transgressif raisonnable de plateau télé. Il faut pourtant inverser la formule. Il faut surtout, aujourd’hui, taxer moins pour dépenser moins, et contraindre l’État à réviser le périmètre de son action légitime. Starve the beast, disent les Américains. Ce qui implique d’enfin constater que l’État ne sait jamais s’arrêter de dépenser, car la mécanique démocratique pousse tous les groupes à convertir leurs besoins et leurs caprices en droits sociaux fondamentaux à financer à même le trésor public.
Volaille consentante
Très concrètement, il faudrait forcer l’État à couper non seulement dans ses dépenses inutiles, mais dans ses dépenses nuisibles. Car n’oublions pas que dans la deuxième moitié du XXe siècle, ils ont tenté de transformer la société en séminaire de rééducation et en chantier d’expérimentation idéologique. Il s’est donné l’appareil bureaucratique pour mener ensuite ce travail d’ingénierie sociale. Le commun des mortels paye pour qu’on le rééduque et qu’on le déconstruise.
Il manque aux amoureux de la dépense publique une leçon de sociologie politique : l’État est cet organisme qui toujours croit, et aime se voir croître – c’est le phénomène de l’obésité administrative morbide. L’État revendiquant le monopole de l’intérêt général, l’administration a intérêt à s’étendre, en réclamant les fonctions autrefois dévolues à la société civile, à la famille, aux individus. C’est ce qui assure la reproduction électorale des socialismes de gauche, du centre et de droite en plus d’engendrer de toujours plus nombreuses catégories d’assistés. Contre cela, les réformes habituelles au nom de l’efficacité administrative ne peuvent pas grand-chose. L’État ne se guérira pas lui-même de son incontinence budgétaire. Il faut sabrer dans les dépenses, et sabrer encore. Il n’y parviendra qu’en débureaucratisant hardiment et en changeant de philosophie. Le chèque scolaire est l’avenir de la saine dépense publique.
L’État devenu fou considère que l’argent que vous gagnez ne vous appartient pas. Vous le gagnez pour lui, et il vous laisse ensuite la petite part qu’il juge nécessaire pour que vous ne vous révoltiez pas. Mais peut-il aller trop loin et susciter la révolte ? C’est ce que disent ses hiérarques qui s’inquiètent pudiquement de la baisse du consentement à l’impôt. Mais qu’ils ne s’inquiètent pas. Le contribuable démocratique est une créature domestiquée, qui consent qu’on la vole pour peu qu’on vole toujours davantage son voisin. C’est une volaille consentante qu’on peut plumer en toutes circonstances et qui s’offre à ceux qui la cuiront et la mangeront avec la fierté de la solidarité accomplie. ■ MATHIEU BOCK-CÖTÉ
Très bien, mais pourquoi vers la fin :
« le chèque scolaire est l’avenir de la saine dépense publique » .
C’est comme une mouche qui tombe dans un bol de lait !
Quel rapport avec le sujet plus général de la dépense publique à tout va, avec en corollaire la pression fiscale qui aboutit à une forme d’esclavagisme démocratique.
C’est vraiment important cette histoire de chèque scolaire ( qui bénéficierait aux écoles catholiques qui ont parfois des soucis avec l’équilibre de leurs comptes, avec leurs rabais consentis aux foyers modestes, avec leur impayés de parents qui mènent un train sans rapport avec leurs revenus ) ?
Passons sur la visite d’une école catho dont la salle de réunion était garnie d’ informations sur les moyens contraceptifs !
Passons aussi sur la sotte mentalité démocrate d’anciens élèves passés par les écoles cathos ; pas tous heureusement.
Mais ce n’est pas la première fois que cette histoire de chèque scolaire est abordée.
C’est pour ce genre de choses que la vraie Droite voudrait arriver aux affaires ?
Cela fait songer à ce que pouvait écrire Bernanos dans *La grande peur des bien-pensants* :
« A la différence des hommes de gauche, toujours rustres, qui jettent aussitôt la main au plat, se partagent les morceaux, le conservateur pille discrètement le buffet, s’en va d’un pas solennel, sous les regards déférents des serveurs, croquer son butin dans une embrasure, et il se garderait bien d’essuyer sa moustache aux rideaux. »
Pour terminer, et pour ce qui concerne la qualité de l’enseignement , il y a le « tout venant », aussi bien dans le public que dans le privé et les bons profs, les établissements d’exception aussi bien catholiques que publics ; tant à Paris qu’en province .
(Ceux ci sont, du reste, connus des parents ayant de l’ambition pour leurs enfants, sans garantie de succès bien entendu : la nature est capricieuse qui dans une même fratrie peut donner un « sujet à bon potentiel » ou bien à l’inverse, un « âne bâté » .
Chèque ou pas chèque scolaire il me semble qu’à l’heure actuelle. L’État est parfaitement incapable de diriger l’éducation nationale.
Il faudrait peut-être songer à l’en dessaisir. . Ce qui veut dire reconstituer un tissu éducatif, confié non pas au « privé »mais aux communautés historiques, commue, , région, département, etc. et aux communautés associatives religieuses, culturelles, ou autre. Même si les établissements dis privés, mais que j’appellerai moi plutôt associatifs, s’ils ont des défauts ne seraient pas pires que ceux directement régis par l’État et briserai le monopole de la rue de Grenelles. – qui est la véritable catastrophe de l’enseignement français.
Par ailleurs, j’ai l’impression qu’il en résulterait une belle économie pour l’État car rien ne saurait coûter plus cher que le ministère de l’éducation nationale actuel.
Qu’en pensez-vous ?
École privée; école libre est une qualification plus plaisante, dans le fond.
Écoles pouvant être confessionnelles ou non . C’est la liberté des parents, et l’Etat qui se charge de l’obligation scolaire, de la généralisation à tous les enfants, de la « gratuité » afin qu’il n’y ait point l’obstacle du coût direct , l’Etat, donc, avec la charge de faire apprendre à lire, écrire, compter , transmettre les connaissances en littérature, en histoire, sciences naturelles et cetera ne saurait se transformer en réformateur de l’esprit public (former des citoyens républicains par exemple, comparable au troisième Reich qui utilisait l’école pour former de bons nationaux-socialistes).
La garantie contre cette dérive totalitaire .
c’est le maintien de la liberté scolaire pour autant que le niveau des écoles privées soit satisfaisant .
Cette liberté, nécessite, le financement public pour rester dans la » gratuité » (d’autant que les parents renoncent au public et à ce qu’il coûte à la Nation.)
Un chèque, directement remis aux parents, serait il forcément utilisé pour l’école ?
Confier aux régions, aux collectivités locales, aux associations ; sont elles si vertueuses ? N’est ce pas risqué , également, de trop différencier selon les régions, départements ?
Il y a tout de même, et c’est le principal la gestion catastrophique de l’E.N , la baisse du niveau scolaire, l’embrigadement dans les fumisteries actuelles telles que le wokisme, la théorie des genres et cetera .
Ménage à faire , et à fond.
Sans aller jusque là, autorité des inspecteurs d’académie sur les enseignants lors des contrôles .
Enfin, les syndicats enseignants, organisations totalitaire, à mater ; là encore c’est une question d’autorité .
Les parents, parfois ils se font des illusions sur les aptitudes de leur progéniture, ils ne sauraient donc, à titre individuel ou via des associations interférer abusivement .
Là encore, possibilité, s’ils le veulent d’orienter vers le privé, (également lorsque la situation, le métier des parents et cetera expose leurs enfants à l’animosité de certains enseignants, voire au harcèlement d’autres élèves .)
Mais, tout ceci concerne le public ; le privé fait ce qu’ il veut en matière d’enseignement pourvu que le niveau scolaire soit satisfaisant.
Donc , financement public des enseignants, des bâtiments . Controle , tout de même.
Pour les petits surplus ( stages de ceci ou cela, voyage scolaire en Autriche ou bien Athènes, c’est à la charge des parents.