54 : Mort de l’Empereur Claude
Né à Lyon – en 10 avant Jésus-Christ – il meurt après quatorze ans de règne.
Il est célèbre pour avoir conquis la Bretagne (actuelle Grande-Bretagne), mais aussi celui pour avoir ouvert les portes du Sénat de Rome aux Gallo-romains, accélérant ainsi le processus de romanisation, devenu définitif, des Gaules : les Tables Claudiennes, retrouvées à Lyon, en commémorent le souvenir :
« Timidement, certes, Pères conscrits, j’ai dépassé les bornes provinciales qui vous sont accoutumées et familières, mais c’est ouvertement que doit être plaidée maintenant la cause de la Gaule chevelue. Et si on considère que ses habitants ont fait pendant dix ans la guerre au divin Julius, il faut aussi mettre en regard les cent années d’immuable fidélité et d’obéissance plus qu’éprouvée, en nombre de circonstances critiques pour nous ».
Ce discours fondateur, réécrit par Tacite, fut gravé sur deux grandes plaques en bronze et disparut jusqu’à la renaissance. C’est en labourant sa vigne, située au chevet de l’église Saint-Polycarpe, que Roland Gribaux remit au jour en 1528 « deux grandes tables d’airain ou cuivre antiques », comme l’écrit un chroniqueur de l’époque.
Les conseillers de la ville les acquirent pour la somme de 58 écus d’or. Et depuis lors, les Tables Claudiennes ornèrent successivement les différents Hôtels de ville avant de devenir une des pièces maîtresses du musée de la Civilisation Gallo-Romaine.
1307 : Arrestation des Templiers
Certains voient dans le fait que cette arrestation générale s’est déroulée un vendredi 13 l’origine des superstitions parfois attachées à cette date.
Quoi qu’il en soit, ce jour-là s’est produite, dans le Royaume de France, l’opération de police la plus importante jamais réalisée jusqu’alors…
Ces moines chevaliers, devenues de vrais banquiers, prêtaient de l’argent au roi. Leur ordre, qui avait été créé en 1118 pour défendre Jérusalem contre les Musulmans, s’était insensiblement transformé en une vaste organisation financière. Neuf mille commanderies de Templiers couvraient l’Europe, mais c’est en France que l’Ordre était le plus puissant et formait un Etat dans l’Etat grâce à ses prodigieuses richesses et à ses biens immobiliers.
L’enclos du Temple à Paris était une forteresse où venaient chercher refuge ceux qui fuyaient la justice du roi. Les templiers possédaient encore le quart de la capitale, dont tout le quartier du Marais.
Ci dessous, le sceau de l’Ordre du Temple.
L’ordre du Temple naquit en Terre sainte, en 1119, après la première croisade, à l’initiative du chevalier champenois Hugues de Payns qui voulait protéger les pèlerins se rendant à Jérusalem (voir l’éphéméride du 13 janvier). Il a été officialisé par le concile de Troyes, neuf ans plus tard, à l’initiative de Saint Bernard de Clairvaux
Le prestige des moines-chevaliers au manteau blanc frappé d’une croix rouge fut immense pendant les deux siècles que durèrent les croisades.
Avec les autres Ordres, les Templiers construisirent en Terre sainte d’impressionnantes citadelles, comme (ci contre) le Krak des Chevaliers, en Syrie (voir l’éphéméride du 8 avril). La forteresse couvre 3 hectares. Elle comprend 13 grandes tours, et de nombreuses salles, passages, ponts et étables. Il y a assez de place pour 2000 Chevaliers et on peut y stocker assez de provisions pour cinq ans.
On y trouve cette inscription :
Sit tibi copia, sit sapientia, formaque detur; Inquinat omnia sola superbia, si comitetur.
(Que l’abondance, que la sagesse et la beauté te soient données ; l’orgueil à lui seul souille tout s’il t’accompagne).
Mais la plus grande forteresse jamais construite est le château d’Athlit, ou Château Pèlerin, érigée par les Templiers et les Chevaliers Teutoniques vers la fin de 1217. C’est la seule forteresse Templière qui ne sera jamais prise par l’ennemi. Elle ne fut évacuée qu’en 1291, à la perte de la Terre Sainte (ci dessus).
Cependant, après l’échec de la huitième et dernière croisade, qui s’acheva par la mort tragique du roi Saint Louis devant Tunis en 1270, les dernières possessions franques de Terre sainte tombèrent définitivement entre les mains des musulmans : ceux-ci s’emparèrent de Saint-Jean-d’Acre le 28 mai 1291 malgré la résistance héroïque des Templiers autour du grand maître Guillaume de Beaujeu.
Au début du XIIIe siècle, pourtant, et bien que chassé de Palestine, l’ordre du Temple n’en disposait pas moins encore d’une force militaire impressionnante de quinze mille hommes, bien plus que n’aurait pu en lever n’importe quel roi de la chrétienté. Mais, de soldats, les Templiers s’étaient reconvertis en usuriers et avaient complètement perdu de vue la reconquête des Lieux saints !
C’est que de considérables donations avaient rendu l’ordre immensément riche et l’avaient transformé en l’une des principales institutions financières occidentales… et la seule qui soit sûre. Il gérait ainsi, en véritable banquier, les biens de l’Église et ceux des rois d’Occident (Philippe le Bel, Jean sans Terre, Henri III, Jaime Ier d’Aragon…)
Dès lors, l’opinion européenne commença à s’interroger sur la légitimité du Temple.
Philippe le Bel résolut finalement de détruire cette sorte d’État dans l’État de la façon que l’on sait.
Le dernier Grand maître de l’Ordre fut Jacques de Molay : au soir du 18 mars 1314, avec Geoffroy de Charnay, il fut brûlé vif à Paris, à l’extrémité de l’Île aux Juifs, aujourd’hui rattachée à l’Île de la Cité (voir léphéméride du 18 mars)
Selon le témoignage du chroniqueur Geoffroy de Paris, il est mort dignement :
« Le maître, qui vit le feu prêt, s’est dépouillé immédiatement, et se mit tout nu en sa chemise… Il ne trembla à aucun moment, bien qu’on le tire et bouscule. Ils l’ont pris pour le lier au poteau, et lui, souriant et joyeux, se laisse faire. Ils lui attachent les mains, mais il leur dit : « Dieu sait qui a tort et a péché, et le malheur s’abattra bientôt sur ceux qui nous condamnent à tort. Dieu vengera notre mort. Seigneur sachez que, en vérité, tous ceux qui nous sont contraires par nous auront à souffrir… »
Maurice Druon a fait de cette malédiction lancée par Jacques de Molay sur son bûcher le point de départ de ses célébrissimes Rois maudits :
« Pape Clément, Roi Philippe, Chevalier Guillaume de Nogaret, avant un an, je vous cite à comparaître au Tribunal de Dieu… maudits… vous serez maudits jusqu’à la treizième génération...« . (voir l’éphéméride du 19 avril, sur l’épilogue de l’affaire dite « de la Tour de Nesle »)…
Si, en réalité, Guillaume de Nogaret était déjà mort lorsque la prétendue malédiction fut lancée, le pape puis le roi de France moururent, effectivement, dans l’année.
13 octobre 1307 – Arrestation des Templiers
1344 : Matteo Giovannetti commence à décorer le Palais des Papes
Il couvre d’abord de ses fresques la chapelle Saint-Martial, qui s’ouvre dans le Grand Tinel (la salle à manger) du Palais des Papes d’Avignon : elle fut achevée le 1er septembre 1345.
Ensuite, toujours en 1345, il décora l’oratoire Saint-Michel, et débuta en novembre les fresques du Grand Tinel lui-même, qu’il termina en avril 1346.
Enfin, en 1347, du 12 juillet au 26 octobre, il œuvra dans la salle du Consistoire, puis dans la chapelle Saint-Jean.
Né à Viterbe, dans le Latium, Matteo Giovannetti appartenait à l’école de Simone Martini, et fut, comme son maître, un ami de Pétrarque. Il fut appelé par le pape Clément VI pour décorer le Palais des Papes d’Avignon, et dirigea des équipes de peintres de toute l’Europe. Mais, à la différence de Simone Martini, qui mourut en Avignon, Giovannetti rentra à Rome – où il mourut – avec le Pape Urbain V, ancien abbé de Saint Victor de Marseille, celui qui ramena la papauté dans la Ville éternelle.
Fresques de Matteo Giovanetti au Palais des Papes.
Ci-dessus, Voûtes de la Chapelle Saint Martial; ci-dessous, Chambre du Cerf : dénicheurs d’oiseaux
1870 : Incendie du Château de Saint Cloud
Reconstitution par image de synthèse
Aujourd’hui détruit, le superbe château royal de Saint Cloud surplombait la Seine. Il ne subsiste aujourd’hui que le parc de 460 hectares, dénommé officiellement « Domaine national de Saint-Cloud ».
Comme le Palais de l’Elysée, l’Hôtel Matignon, le Palais des Tuileries… cette merveille architecturale, qui renfermait d’inestimables trésors artistiques, était un véritable livre ouvert de l’Histoire de France, et plusieurs pages de notre aventure nationale s’y sont écrites.
1. Rapide résumé de l’histoire du château
Tout commence avec les Gondi, famille de financiers florentins arrivés en France en 1543 à la suite de Catherine de Médicis…
Celle-ci offrit à Jérôme de Gondi une maison à Saint-Cloud, dénommée « hôtel d’Aulnay ». Autour de cette maison, Jérôme de Gondi fit bâtir un château de plan en « L », bordant une terrasse. La principale façade regarde le sud, et l’aile s’achève par un pavillon d’où l’on a vue sur la Seine.
C’est là que, le 1er août 1589, Henri III, qui s’y était installé pour conduire le siège de Paris, tenu par les Ligueurs, fut assassiné par le moine Jacques Clément, venu soi-disant pour lui remettre un courrier d’importance (gravure ci contre).
Henri IV y fut reconnu roi.
En 1658, le domaine fut acheté par Louis XIV pour Monsieur, duc d’Anjou et futur duc d’Orléans, frère du roi. Jules Hardouin-Mansart, le peintre Pierre Mignard, André Le Nôtre y travaillèrent : le parc fut considérablement agrandi, passant de 12 à 590 hectares.
C’est à Saint-Cloud que mourut en 1670 la première femme de Monsieur, Henriette d’Angleterre, dont Bossuet a prononcé la célébrissime oraison funèbre : « Madame se meurt, Madame est morte… »
Le 24 octobre 1784, le château fut acquis par Louis XVI pour la reine Marie-Antoinette, qui le fit transformer par son architecte attitré, Richard Mique. En 1790, Saint-Cloud fut le cadre d’une entrevue célèbre, hélas infructueuse, entre Marie-Antoinette et Mirabeau.
C’est dans l’orangerie du château, devenu bien national, que se déroula le Coup d’État du 18 brumaire (10 novembre 1799) au cours duquel le Directoire fut supprimé au profit du Consulat.
Le 18 mai 1804, la proclamation de Napoléon 1er comme empereur des Français se déroula à Saint-Cloud (ci contre) : Cambacérès l’appela « Sire », pour l’occasion, à peine treize ans après que la Révolution eût assassiné le roi légitime !…
Napoléon fit du château sa résidence préférée.
Le 1er décembre 1852, c’est à Saint-Cloud, dans la galerie d’Apollon, que Napoléon III, rééditant le geste de son oncle, se fit investir par les grands corps de l’État à la dignité impériale.
En août 1855, à l’occasion de l’Exposition universelle, la reine Victoria résida dans les appartements de l’impératrice qui les avait fait restaurer à son intention. Puis se succédèrent :
• en juillet 1860, les ambassadeurs du Maroc;
• en août 1861, le roi Charles XV de Suède;
• en 1869 le khédive Ismaêl.
Et c’est de Saint-Cloud, où il avait déclaré la guerre à la Prusse que, le 28 juillet 1870, Napoléon III, déjà malade et très affaibli, partit pour l’armée.
En septembre 1870, avec la défaite et la capitulation de Sedan, la république fut proclamée – le 4 septembre – et, dès le 19, les prussiens occupèrent le Palais impérial, devenu quartier-général de l’armée allemande : ils bombardaient la capitale depuis le château, alors que l’artillerie française ripostait en bombardant l’endroit depuis le fort du Mont-Valérien.
Le 13 octobre 1870, un obus tiré par les canons français (« La Valérie ») déclencha l’incendie qui détruisit l’ensemble du château en quelques heures, et qui devait marquer, pour lui, le commencement de la fin (ci contre) : tombant dans la chambre de l’Empereur (jadis celle de Marie-Antoinette) c’est là que se déclara l’incendie. Les flammes se propagèrent de la chambre de Napoléon III jusqu’aux combles qui s’effondrèrent, ruinant à leur tour l’aile nord et les précieux décors de Mignard. L’incendie fit rage pendant deux jours. Le tableau de Muller suspendu dans l’escalier d’honneur, représentant la visite de la reine Victoria et du prince Albert, en 1855, à Saint-Cloud fut lui aussi brûlé.
Après la guerre, Saint-Cloud resta à l’état de ruines pendant plus de vingt ans, jusqu’à ce que la IIIème République – qui détruisit aussi les Tuileries et vendit les Joyaux de la Couronne – fasse raser le château, que l’on pouvait parfaitement reconstruire, en 1891 : comme aux Tuileries, l’intégralité des fondations (soit tout de même environ 25% de l’ouvrage !…) sont conservées.
Peint par Etienne Allegrain
2. Ce qu’il advint des trésors de Saint Cloud
La partie la plus précieuse du mobilier a pu être sauvé, malgré le pillage qui suivit l’incendie, lequel consuma les boiseries et les décors : le bureau du roi, les commodes au chiffre de Marie-Antoinette, les meubles Boulle réintégrèrent le Garde-meuble. De même que les tapisseries inspirées de Rubens, petits meubles et sièges furent transportés au Palais de l’Elysée.
Le fronton de l’aile du fer à cheval a été remonté dans le parc de Jeurre (Essonne) et la famille Pozzo di Borgo, ennemi héréditaire des Bonaparte, ajouta à son château de La Punta, près d’Ajaccio, les débris de Saint-Cloud à ceux des Tuileries.
« Quelques épaves des sculptures ont échoué en Bulgarie et en Amérique. Le fronton, acquis par la princesse Clémentine d’Orléans, fut remployé par le roi Ferdinand de Bulgarie dans son château d’Euxinograd, sur les bords de la Mer Noire. Deux grands bas reliefs représentant Le Triomphe de Flore et La Course d’Hippomène et d’Atalante qui décoraient le grand escalier du château ont traversé l’Océan Atlantique et sont présentement exposés au musée de Philadelphie » (L. Réau, Histoire du vandalisme).
Aujourd’hui, une Association milite pour la reconstruction du château :
Reconstruisons Saint-Cloud – Photographies du château
1914 : Le gouvernement Belge s’installe « administrativement » en Normandie, à Sainte Adresse
La Belgique est presque entièrement occupée par les Allemands… Sainte-Adresse devient « capitale administrative du royaume », cédée à bail au gouvernement belge pour la durée des hostilités, afin qu’il ne soit pas un « gouvernement en exil ».
Le chef du gouvernement belge, Charles de Broqueville, s’installe dans l’ « immeuble Dufayel », où il séjournera jusqu’en novembre 1918; les différents ministères, administrations et personnel diplomatique – soit plus de 1.000 personnes… – logèrent dans la ville…
Mais, dans la pratique, Charles de Broqueville faisait de constants allers-retours pour voir le roi Albert 1er, resté en Belgique, dans la zone libre de La Panne.
Dans la note du 14 Octobre de son Journal consacré à la première année de la guerre – voir la photo un journal dans le journal. de notre album Maîtres et témoins… (II) : Jacques Bainville – Jacques Bainville « s’amuse », en quelque sorte, du cocasse de la situation, en dépit de la tragédie qu’elle recouvre :
De « La Guerre démocratique » – Journal 1914-1915, page 131, note du 14 Octobre :
Le gouvernement belge, qui d’Anvers était venu à Ostende, a demandé asile à la France et est venu s’établir au Havre. L’Etat belge n’est plus qu’un symbole, la Belgique presque tout entière (sauf une enclave où l’on se bat, en Flandre occidentale) étant occupée et administrée par les Allemands.
Le ministère anticlérical de M. Viviani a fort bien reçu le ministère clérical de M. de Broqueville, qui continuera de signer des décrets en France. Cela n’est encore rien. Mais, si l’armée belge doit évacuer Ostende, Albert 1er, qui est resté jusqu’ici avec elle, devra à son tour venir sur le territoire français, et il y sera roi comme ses ministres y sont ministres. Nous aurons un roi en république. Curieuse situation et qui, dans l’extraordinaire confusion de toutes choses à laquelle nous assistons, peut prêter à d’étranges métamorphoses. En tout cas, la popularité du roi Albert est immense à Paris et à travers tout le territoire français.
2014 : Jean Tirole, troisième Prix Nobel d’Economie français
Les Échos : Jean Tirole, un Français prix Nobel d’économie 2014
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Pour comprendre pourquoi l’ordre du Temple a fait l’objet de cette violente et inique répression, il faut savoir que le Temple refusait de fusionner avec les Hospitaliers. Le projet du roi de France était d’obtenir pour son fils la grande maîtrise de cet ordre unifié, ce qui lui aurait donné une incomparable puissance. Malgré les pressions, l’ordre refusait. C’est pour briser sa résistance que le roi de France monta contre eux la machination que l’on sait. Le pape laissa faire. Cependant, ce ne fut pas pour le roi l’occasion de mettre la main sur ses richesses (bien exagérées) car les biens de l’ordre furent remis aux hospitaliers de saint Jean, à l’exception de ceux du Portugal car le Temple continua à exister dans ce pays. La croix pattée rouge des voiles de Magellan est la croix du Temple.