« Ceci, scrupuleusement recopié à l’identique par mes soins pour votre édification, orthographe, syntaxe et tout et tout, est ce que l’on trouve dans un nombre très significatif de copies d’étudiants en première année de droit. »
Par Aristide Ankou.
Attention, cette cascade a été réalisée par un professionnel, ne tentez pas de la reproduire chez vous !
« La déconcentration est également présente avec moins de liberté en métropole qui eux come pour les exceptions possèdent des représentants élus par chaque communes ou départements qui disposent d’une autonomie pour prendre des décisions et conserve une personnalités juridique et politique qui leur permettent de ne pas être complètement soumis à l’Etat qui dispose tout de même le monopole. »
Ceci, scrupuleusement recopié à l’identique par mes soins pour votre édification, orthographe, syntaxe et tout et tout, est ce que l’on trouve dans un nombre très significatif de copies d’étudiants en première année de droit.
Et non, bande de petits malins, il ne s’agit pas de l’université Martin Luther King à Bobigny. Et non, il ne s’agit pas davantage de la copie de Fatoumata arrivée il y a deux ans du Mali, mais des copies de Martin Dupont et Jeanne Durand (non, non, pas Jordan et Kimberley), Français commevouzémoi, très probablement depuis d’innombrables générations.
Ce qui, à bout de rage et de désespoir, m’amène à poser cinq questions :
UN : Qu’ont foutu leurs instituteurs pendant les cinq années où ils ont eu Martin Dupont et Jeanne Durand assis devant eux six ou sept heures par jour ? (Et je ne compte pas les années de maternelle)
DEUX : Qu’ont foutu leurs profs au collège puis au lycée pendant les sept années où ils ont eu Martin Dupont et Jeanne Durand assis devant eux six ou sept heures par jour ?
TROIS : Comment Martin Dupont et Jeanne Durand ont-ils pu passer chaque année, pépouze, dans la classe supérieure jusqu’à se retrouver assis devant moi, sur les bancs d’un établissement d’enseignement dit supérieur (supérieur, ahaha !) ?
QUATRE : Comment suis-je censé les faire progresser du stade d’amibes mentales qui est présentement le leur (et ce n’est pas de leur faute) à celui de juristes chargés des affaires les plus sérieuses et les plus graves de leurs concitoyens ?
CINQ : Mais où sont mon foutu tube de Xanax et ma pu*ain de bouteille de whisky ?
Rassurez-vous, les quatre premières questions sont rhétoriques, je n’attends pas de réponse. Et pour la cinquième, ne vous dérangez pas, je viens de mettre la main dessus.
Allons, adieu. Surtout, quelque chose de très simple : pas d’hommage national, pas de discours, pas de couronnes. Je voudrais juste qu’on brûle sur ma tombe un tas de copies et qu’on inscrive sur icelle, en lettres noires : « Mort pour le français ». ■ ARISTIDE ANKOU
* Précédemment paru sur la riche page Facebook de l’auteur, (le 24 octobre 2024).
Aristide Ankou
Excellent article et avec cet humour très appréciable.
Le constat est effarant, néanmoins.
Qu’ont fait les instituteurs, les professeurs ? Mais que pouvaient ils faire quand les consignes de laisser faire viennent de plus haut ?
Que font aussi parents lorsqu’ils ne corrigent pas la façon de s’exprimer de leur progéniture ?
Jadis, pour bien montrer à des parents dont l’enfant allait entrer en sixième le changement auquel il devrait faire face par rapport au suivi de l’école primaire, la situation était ainsi résumée :
[ le professeur entre dans la classe, enlève son chapeau, fait son cours , remet son chapeau, puis quitte la salle de classe]
Dernière année de lycée : le prof ( d’ Histoire) faisait ( très bien) son cours mais ne dictait point de résumé et allait si vite que nous avions peine à prendre des notes : pour nous habituer à ce que nous trouverions à la fac !
Également, et pour nous rassurer avant les épreuves, du Bac :[vous rencontrerez d’autres épreuves, d’autres sélections dans votre existence, et elles seront pires]
Mention particulière pour l’ épreuve Philo : [ ne vous inquiétez pas : comme vous êtes en série scientifique, on n’attendra pas grand chose de votre copie .
Les parents ne sont parfois en situation de suppléer au déficit de ce qui est enseigné à l’école et c’est la grande injustice.
Ceux qui » baclent » leur cours (il y en a de tout temps) ne rendent service à leurs élèves et singulièrement à ceux qui n’auront aucune aide à la maison.
A l’inverse, les bons instituteurs, les bons professeurs laissent une marque impérissable.
« Les cancres d’aujourd’hui seront les profs de demain »
M’a dit il y a vingt ans une amie visionnaire…cela s’est avéré au fil du temps et vous en donnez un aperçu qui n’est que le côté visible d’un gigantesque iceberg. Si Macron dit qu’il n’y a pas de culture française il est bien placé pour le savoir.
Le problème profond ne tient à la syntaxe ni à l’orthographe mais au fond de la réflexion qui s’expose. Si l’on y réfléchit, le quidam épinglé ne sait au fond pas ce qu’il veut dire ; il procède par imitation de ce qu’il a pu vaguement trouver ici et là, entendre quelquefois. Il faut mettre les neurones en ordre, du moins quand ils ont été déconcertés par l’environnement, car, lorsque l’environnement est à peu près cohérent, les pensées ne partent pas de travers ; quand les pensées partent de travers, il n’y a évidemment pas lieu de savoir les mettre en forme puisqu’elles sont flasques – de oui-ski, comme de juste. Prochainement, ces crétins préfabriqués vont tout simplement s’écouler dans les canalisations et on n’en entendra plus parler.
Autrement dit : ( Bouleau )
» Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement, et les mots pour le dire arrivent aisément »
Correction : Boileau et non Boulot.
Réponse : leur prof ont passé leur temps à faire de la discipline ! Courage et merci à l’auteur de ces lignes