« Quel Kepi nous délivrera de la crise ? » C’est la question posée par l’un d’entre nous, l’un des plus éclairés, au cœur de la chienlit d’août dernier. A vrai dire, nous n’en sommes guère sortis et de Marcel Gauchet à Nicolas Baverez, effrayés et lucides devant l’ampleur des échéances imminentes qui attendent la France, tous ceux qui ont de l’expérience, qui connaissent l’Histoire et ont le sens politique, nous voient arriver vers des situations qui ont des allures de juin 1940 ou de mai 1958. Des situations où il ne s’agit plus de changer de majorité ou de président mais de paradigme ou, si l’on veut de régime. Les royalistes préfèreraient un roi, tout de suite. Nous aussi. Mais si c’est de nul effet, si c’est pour l’heure impossible ? Ne vaut-il pas mieux pour la France « un képi » qui, à terme plus ou moins long ou court, comme il serait nécessaire, cette fois-ci ramènerait un roi, le roi ? C’est peut-être ainsi que se pose la question dans cette République décidément, définitivement, faillie ? JSF
Cette tribune est parue dans Le Figaro de ce 18 octobre. Laissons la parole à Christophe Boutin qui l’a ainsi présentée sur les réseaux sociaux : « Diplômé d’un master de diplomatie et relations internationales de l’American University à Washington D.C., Louis Sarkozy est l’auteur de Napoleon’s Library : The Emperor, His Books, and Their Influence on the Napoleonic Era (2024). Ce qu’il y a de bien dans cette famille c’est cette capacité à tout oser. Et avec la presse dite « de droite » française – nostalgie de leur jeunesse par ses plumes ? – de leur laisser la parole ».
TRIBUNE – Selon une enquête annuelle Ipsos, seulement 21% des Français se disent optimistes pour leur pays. Pour l’essayiste Louis Sarkozy, cette nostalgie vient moins de difficultés économiques conjoncturelles que du délitement de l’identité française, et de son rôle unificateur.
« Aujourd’hui, l’idée même de « nation » est devenue suspecte. La religion du multiculturalisme et de la déconstruction la fait progressivement disparaître »
«Je me réveille au milieu de la nuit», racontait l’ancien premier ministre conservateur Benjamin Disraeli, alors âgé de cinq ans, «et je pense au passé». Que ce soit par amour de l’Histoire ou par nostalgie socio-économique, il n’est pas seul. Le Figaro rapporte qu’en France, «seules 13 % des personnes se sentent satisfaites de la situation actuelle». Selon Ipsos, 64 % des Français «aimeraient que leur pays redevienne comme avant». Il est important — avant d’être submergé par les accusations de «réactionnaire!», de se demander pourquoi. Les experts nous disent que cette nostalgie n’est qu’une illusion. Il y a quatre ans, Éric Dupond-Moretti affirmait que le sentiment d’insécurité n’était qu’un «fantasme». Le psychologue cognitif Steven Pinker a écrit que «rien n’est plus responsable de la nostalgie du “bon vieux temps” qu’une mauvaise mémoire». Il y a moins de deux semaines, le nouveau ministre de la Justice, Didier Migaud, nous a assuré que le laxisme judiciaire n’existait pas.
Cela contraste fortement avec l’opinion du peuple. En effet, 73% des Français estiment que la qualité de notre système éducatif s’est dégradée, et un pourcentage similaire considère que la trajectoire économique du pays est préoccupante. De plus, 92% jugent que l’insécurité progresse dans l’hexagone. Pendant ce temps, une grande partie de notre classe politique redoute l’idée d’un référendum sur l’immigration, craignant un rejet massif que cette initiative provoquerait probablement.
En réalité, les chiffres donnent raison à la population, et non aux élites. Pratiquement toutes les études montrent une augmentation de la criminalité et de l’insécurité. Les maigres mesures adoptées par notre Parlement, notamment en matière d’immigration, sont soit inefficaces, soit tout simplement non exécutées. Seulement 8% des OQTF sont mises en œuvre, et 10% des peines de prison ne sont tout simplement pas appliquées, pour des raisons qui défient toute logique. L’augmentation de notre dette nationale est vertigineuse, et l’état de nos finances publiques est précaire, malgré le fait que nous soyons parmi les pays les plus taxés au monde ! Notre système social est insoutenable et voué à l’implosion s’il n’est pas profondément réformé. Nous manquons d’enseignants, d’infirmières, de médecins et d’argent. Mais «tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles», nous répète Pangloss.
Le peuple ne peut pas être « managé », apaisé ou trompé, il doit être dirigé. La nostalgie chronique de nos compatriotes n’est pas celle d’un temps plus facile, mais celle d’une cause qui puisse les unir.
Le plus grave est sans doute l’érosion de notre identité nationale. Submergée d’un côté par l’islamisme politique envahissant, et de l’autre par le relativisme culturel indigène, c’est-à-dire une culture qui souhaite détruire la nôtre accompagné de ceux qui pensent que sa destruction est une bonne chose, nous sommes en train de perdre le sentiment d’être français. Car, Françaises, Français, l’effort n’est pas une nouveauté dans notre Histoire. Nous sommes un vieux pays. La difficulté ne nous est pas étrangère. La tragédie non plus. Combien de pandémies ont ravagé nos populations ? Combien de guerres ont dévasté nos champs et nos foyers ?
Combien de superstitions et de bigoteries nous ont divisés et poussés à nous dresser les uns contre les autres au cours des longs siècles dont nous nous enorgueillissons ? Il y a encore des personnes qui marchent aujourd’hui dans les rues de nos villes et villages, qui étaient déjà vivantes lorsque l’envahisseur s’asseyait triomphalement à l’Hôtel Meurice à Paris. Lorsque les Juifs français étaient raflés et envoyés à la mort. Lorsque des milliers de femmes françaises ont été violées et des hommes français envoyés travailler sous un drapeau qui n’était pas le leur.
Tout cela, nous le savons. Tout cela, nous l’avons enduré. La France l’a enduré. Pourtant, malgré ces épreuves, nos ancêtres et nos mères n’ont jamais couru le risque d’être dépouillés de leur identité. Ils étaient et sont restés français – c’est-à-dire unis par un million de liens sociaux et politiques qui semblaient alors éternels et inspirés par une continuité qui a commencé il y a des millénaires et s’est poursuivie de leur temps jusqu’au nôtre.
Mais aujourd’hui, l’idée même de «nation» est devenue suspecte. La religion du multiculturalisme et de la déconstruction la fait progressivement disparaître. Nous l’avons constaté : au lieu de reconnaître l’ampleur des problèmes, une grande partie de la classe politique préfère souvent en nier l’existence. Les choses allaient mieux autrefois, non seulement parce que l’éducation était de meilleure qualité, les soins de santé plus efficaces, la sécurité plus assurée, l’immigration moins présente, et la prospérité plus accessible, mais aussi parce que l’effort avait un sens. Ce n’est pas la facilité qui fait défaut, mais l’incarnation. Les Français ne redoutent ni l’effort, ni l’austérité — les siècles de notre Histoire en témoignent — mais bien le nihilisme, la malhonnêteté et la mollesse. Le peuple ne peut pas être «managé», apaisé ou trompé, il doit être dirigé. La nostalgie chronique de nos compatriotes n’est pas celle d’un temps plus facile, mais celle d’une cause qui puisse les unir. «Être grand», disait le général de Gaulle, «c’est soutenir une grande querelle». Des querelles, nous en avons. Ce qui manque, c’est un général… ■ LOUIS SARKOZY
Petite remarque gentille mais il y a un contresens dans la citation de Pangloss ( Candide de Voltaire dont je ne sais s’il est toujours au programme des lycées) pour Pangloss tout ce qui arrive et qui semble un mal est en vue d’un plus grand bien souhaité par Dieu, ce que niait naturellement Voltaire; j’aurai plutôt dit « tout va très bien madame la marquis’ chanson prémonitoire d’avant guerre. Cela dit les sondages montrent un manque total de confiance envers las partis politiques et les journalistes , alors que l’image de l’armée est excellente; alors un képi? Pourquoi pas? Mais depuis le putsh d’avril 1961, l’armée répugne à se méler de politique, il faudrait une urgence nationale, une crise de société , une tentative de sécession de certaines communauté, ce qui est d’ailleurs en cours avec les cartels de la drogue!
si c’est un général comme charles de gaulle : on peut s’en passer.
Tout est dit dans ce résumé :
« Quel Kepi nous délivrera de la crise ? » C’est la question posée par l’un d’entre nous, l’un des plus éclairés, au cœur de la chienlit d’août dernier. A vrai dire, nous n’en sommes guère sortis et de Marcel Gauchet à Nicolas Baverez, effrayés et lucides devant l’ampleur des échéances imminentes qui attendent la France, tous ceux qui ont de l’expérience, qui connaissent l’Histoire et ont le sens politique, nous voient arriver vers des situations qui ont des allures de juin 1940 ou de mai 1958. Des situations où il ne s’agit plus de changer de majorité ou de président mais de paradigme ou, si l’on veut de régime. Les royalistes préfèreraient un roi, tout de suite. Nous aussi. Mais si c’est de nul effet, si c’est pour l’heure impossible ? Ne vaut-il pas mieux pour la France « un képi » qui, à terme plus ou moins long ou court, comme il serait nécessaire, cette fois-ci ramènerait un roi, le roi ? C’est peut-être ainsi que se pose la question dans cette République décidément, définitivement, faillie ? JSF
Vous faîtes plusieurs erreurs:
Il ne manque pas de généraux à la France. Elle a tout ce qui lui faut en la matière.
Un général n’est pas éduqué, formé, n’a pas expérimenté pour diriger, mais pour commander. La différence entre les deux est fondamentale, essentielle, identitaire, puisque vous semblez aimer ce mot, à défaut de l’idée. Diriger consiste à donner des ordres pour aller mieux. Extrêmement facile. Commander consiste à donner des ordres impliquant éventuellement la mort à accepter d’emblée. Infiniment plus difficile, et totalement inutile en matière de direction.
Par ailleurs, pour répondre au dernier commentaire. Les généraux, tout comme leurs camarades subordonnés ne forment pas un corps monolithique pensant uniformément. Une forte majorité ne voudra pas d’un roi. Comment voulez-vous alors qu’il puisse seul par la seule magie de ses étoiles, vous donner ce que vous ne parvenez pas à obtenir par vous-même? Je suis désolé de vous décevoir, mais il n’existe aucune magie militaire.
je pense comme vous, car il y a des généraux catholiques, Royalistes, mais aussi F.M. , Européens, démocrates;
De plus la troupe est composée d’Hommes qui veulent servir, mais aussi de « fonctionnaires » qui sont là pour la solde
. Déjà en 1961 de nombreux généraux et colonels se sont retrouvés SEULS, même de nombreux sous officiers restèrent fidèles au Pouvoir en place.
Donc malheureusement, je ne vois pas un PUTSCH réalisable, car même des pays habitués aux coups d’Eat y ont renoncé
Merci de vos avis. Je leur trouve un ton sentencieux qui les rend difficilement supportables. Et les disqualifie.
Merci Anne!
Il faudra bien réagir. Pour le moment nous sommes en état de veille mais l’intelligence ne de doit pas être aux abonnés absents; C’est parce qu’ils étaient intelligents que Talleyrand en 1814 et Fouché en 1815 ont remis le Roi sur le trône estimant que cela commençait à bien faire parce qu’ils voulaient sortir leur pays du gâchis. L’un et l’autre avaient averti Napoléon de son hubris , l’un en le trahissant ( à juste titre!), l’autre avant la guerre de Russie. Ils l’ont payé chers sous l’empereur , mais par la suite ont su agir au moment décisif. Il ne suffit pas d’avoir de bonnes idées comme Chateaubriand, qui a joué son rôle, il faut être prêt à réagir au bon moment. L’intelligence est une vertu ( j’ajouterais une vertu chrétienne, rien n’est pire qu’un christianisme fusionnel, qui dans le climat actuel a pignon sur rue, qui renonce à notre vraie vocation, celle de notre liberté au profit du grand Inquisiteur ) quand elle se met au service de l’action qui nous libère de ce nihilisme de fait et de tout ce qui mène notre pays à la catastrophe. Restons en état de veille et merci à JSF de nous y maintenir.
Sentencieux? Disqualification?
N’est ce pas la prétention à disqualifier les propos des autres, surtout quand les autres ont des arguments et que visiblement on n’en a pas, qui est sentencieuse, susceptible de disqualification?
Les propagandistes de tout poil aiment affirmer avant se réfugier dans la fumeuse et sempiternelle attaque ad hominem, quand est démontrée la totale inanité de leurs propos, uniquement destinés à manipuler ceux qui ont envie de l’être.
Il n’en demeure pas moins que le coup d’état militaire dont ils rêvent est factuellement impossible avec nos armées actuelles. Si il est leur seule option politique, je comprends leur déception !!!