Par Aristide Ankou.
« Les jeunes générations ont été biberonnées à cette sorte de féminisme qui considère que tous les hommes sont des violeurs potentiels et que le patriarcat se cache dans le moindre geste de la vie quotidienne, surtout, surtout, dans les gestes de l’amour. »
S’il faut en croire les études d’opinion (et en l’occurrence, je ne vois aucune raison de ne pas les croire), la France, et plus largement les pays occidentaux, seraient en pleine « récession sexuelle ».
Autrement dit, les gens ont de moins en moins de rapports et accordent de moins en moins d’importance à la sexualité, notamment dans les jeunes générations, à l’âge précisément où l’aiguillon de la chair est censé se faire sentir le plus intensément.
Par exemple : « La proportion de Français(es) ayant eu un rapport au cours des 12 derniers mois n’a jamais été aussi faible en cinquante ans. »
« Cette montée de l’inactivité sexuelle affecte tout particulièrement la jeunesse : plus d’un quart des jeunes de 18 à 24 ans initiés sexuellement (28 %) admettent ne pas avoir eu de rapport en un an, soit cinq fois plus qu’en 2006 (5 %). » (Ifop)
Tout ceci n’a pas vraiment de quoi surprendre.
Si l’étude que je viens de citer incrimine notamment la concurrence des écrans (la moitié des hommes — 50 %, contre 42 % des femmes — de moins de 35 ans vivant en couple sous le même toit reconnaissent avoir déjà évité un rapport sexuel pour regarder une série ou un film à la télévision ; 53 % de ces mêmes hommes déclarent préférer les jeux vidéo au sexe), on peut facilement trouver d’autres facteurs.
À commencer par le fait que les jeunes générations ont été biberonnées à cette sorte de féminisme qui considère que tous les hommes sont des violeurs potentiels et que le patriarcat se cache dans le moindre geste de la vie quotidienne, surtout, surtout, dans les gestes de l’amour.
Ce qui, on en conviendra, ne pousse pas précisément au rapprochement sous la couette.
De la même manière, les jeunes générations ont été biberonnées à l’écologisme, qui considère que l’être humain est une sorte de parasite de la divinité nommée « la planète » et que moins il y aura d’humains sur cette terre, mieux ce sera.
Ce qui, là aussi, n’inculque pas une vision très positive ni de la vie humaine en général ni de la sexualité en particulier.
Et on ne m’ôtera pas de l’idée que la démagogique « éducation positive », qui sévit aujourd’hui aussi bien au sein des familles que dans les institutions dites « éducatives », crée essentiellement des individus égocentriques et à l’épiderme fin comme du papier à cigarette, et par conséquent bien mal équipés pour vivre en couple et fonder une famille.
On pourra rajouter l’accessibilité sans précédent du porno, qui éloigne et dégoûte de la sexualité réelle aussi sûrement que le barbecue fait fuir le végan.
Plus largement, nous sommes probablement en train de constater que, lorsqu’on s’évertue à séparer la sexualité du reste de la vie humaine pour en faire une pure activité récréative (ce qui était le but de la « révolution sexuelle »), c’est à la fois l’attrait pour la sexualité qui s’étiole peu à peu chez les individus et la vitalité du corps social qui décroît : comme le note justement l’Ifop, le « désengagement sexuel » se retrouve dans bien d’autres domaines impliquant l’association avec autrui : « travail, civisme, associatif, politique… »
Ce qui ne surprendra que ceux qui pensent que l’on peut séparer le corps et l’âme, c’est-à-dire, semble-t-il, de plus en plus de monde :
« Plus de la moitié des femmes adultes (54 %, contre 42 % des hommes) déclarent qu’elles pourraient continuer à vivre avec quelqu’un dans une relation purement platonique, soit une proportion en nette hausse sur une quarantaine d’années chez les femmes de moins de 50 ans (+ 14 points par rapport à 1981). »
Autant dire que de plus en plus de femmes (et d’hommes) se font des idées totalement fantaisistes concernant la vie de couple et se préparent ainsi un long chemin de solitude, sans doute jusqu’à la fin de leur vie.
On aimerait rappeler à tous ces asexuels déclarés que, dans la Bible, la figure de style désignant le rapport sexuel est « ils se connurent » et que dans l’expression « faire l’amour » (qui existe dans toutes les langues que je connais) il y a le verbe « faire », c’est-à-dire construire, produire.
Sans même parler du fait que l’indifférence pour la sexualité ne prédispose pas, dans les conditions actuelles, à avoir un jour des enfants et que, non, un chat ou un chien ne remplace pas le fait d’avoir des enfants, comme le découvrent amèrement mais trop tard de plus en plus de femmes.
Oui, on aimerait leur rappeler si on n’était pas sûr de perdre son temps.
Mais soyons positifs : ce sont les évolutions sociales de ce genre qui vous consolent de ne plus être jeune. ■ ARISTIDE ANKOU
* Précédemment paru sur la riche page Facebook de l’auteur, (le 19 octobre 2024).
Aristide Ankou
Il est évident que l’excès engendre la satiété , on avait inventé le romantisme pour enjoliver et l’amour courtois pour rendre attractif la reproduction nécessaire à notre survie , il semblerait que la confrontation avec le réel ne suffise pas à nous apporter la joie de vivre. . La permissivité excessive engendre l’ennui et le dégoût . Si on ne trouve plus le respect la durée que donne la confiance avec l’affection dans un couple il est difficile d’envisager la naissance et l’éducation des enfants. La société actuelle bâtie dans le culte de l’instant ne pousse pas à prendre des responsabilités. Ce qui a fait la force de la France autrefois c’était sa démographie, ce qui sera sa perte c’est la démographie de ceux qui y émigrent et les chiens ou les chats n’y sont pour rien,.