Vers 290 : Martyre de Saint Quentin
Le 31 octobre est la date traditionnellement admise pour le martyre de Quentin – apôtre originaire de Rome – qui eut lieu sous le règne des empereurs Dioclétien et Maximien.
Quentin s’était rendu dans le nord de la Gaule, durant la seconde moitié du IIIème siècle, pour l’évangéliser, en compagnie de Lucien, futur martyr de Beauvais.
Manuscrit du XIVe siècle, Le martyre de Saint Quentin
Est-ce de « la petite histoire » ? Bien involontairement, et très indirectement, saint Quentin se trouve être à l’origine… de l’Escorial, le Palais-monastère des Rois d’Espagne, bâti après le désastre militaire subi par les Français, face aux troupes de Philippe II, roi d’Espagne, aux alentours de la ville de Saint Quentin (éphéméride du 10 août).
1355 : Le Prince Noir détruit Castelnaudary
Castelnaudary a été marquée comme bien d’autres villes du Languedoc par l’expédition du prince de Galles (dit le prince Noir). Le 31 octobre 1355, la ville a été presque entièrement détruite, mais on ne peut pas réellement parler de bataille, tout juste d’un massacre et d’un pillage.
Le pays n’avait pas connu de guerre depuis bien longtemps et se trouvait sans défense. Selon Froissart, célèbre chroniqueur de l’époque, « le pays regorgeait de richesses, fruit d’une longue prospérité et d’une profonde quiétude. Ce ne fut pas une expédition militaire, ce fut l’invasion d’une forte troupe de brigands. »
Le prince de Galles débarqua en Gascogne en été 1355 et se mit en mouvement durant le mois d’octobre. Parti de Bordeaux, il commença à ravager la Gascogne, il traversa la Garonne au niveau de Portet, en amont de Toulouse et ravagea le Lauragais : Mongiscard, Avignonet, Villefranche de Lauragais, Fanjeaux, le Mas Saintes-Puelles furent incendiées et mises à sac.
Il continuera ainsi jusqu’à Narbonne, en se gardant bien d’attaquer les places les mieux défendues.
Fils aîné du roi Edouard III d’Angleterre, Edouard de Woodstock était donc Prince de Galles, c’est-à-dire héritier du trône : mort avant son père, il ne règnera pourtant pas, et c’est son fils qui deviendra roi sous le nom de Richard II. On a surnommé Edouard « le Prince noir » à cause de la couleur de son armure, certains chroniqueurs de l’époque parlant aussi volontiers de sa cruauté et de sa « noirceur d’âme »
1793 : Jacques Pierre Brissot, dit de Warville, est guillotiné
De tous ceux qui ont « fait » la Révolution, et qui ont abattu la royauté, Brissot (ci dessous) n’était certes pas le plus excité, le plus cruel, le plus sanguinaire, le plus fou…. C’était peut-être, même, le plus intelligent. Comme la plupart de ces Girondins, bourgeois enrichis et esprits brillants, persuadés que leur heure était venue, et qu’après l’élimination de fait de la noblesse par la Royauté, c’était maintenant au tour de la Royauté elle-même de disparaître, pour leur laisser la place, à eux, et à leur génie organisateur et rationnel.
Car, c’est vrai, brillants et intelligents, ils l’étaient, les Girondins. Et éloquents. Ils s’enivrèrent eux-mêmes de leurs beaux discours, et se persuadèrent eux-mêmes que tant de talents – bien réels… – devaient être employés pour tout mettre et tout remettre en ordre.
Mais il y avait la Royauté. Depuis 1.000 ans, entre elle et le peuple, malgré des mésententes, des brouilles, quelques assassinats et même des révolutions (Etienne Marcel, la Fronde…) rien n’avait pu rompre « le charme séculaire de la Royauté », pour reprendre la si juste expression de Jaurès.
Et, même en 89, même avec « la » Révolution, les esprits avisés voyaient bien qu’il y avait toujours moyen que les choses tournent de différentes manières : Robespierre, et Danton lui-même, ont failli, et auraient pu, tourner du côté de la Cour; sans parler, évidemment de Mirabeau, dont on peut dire, pour paraphraser Pascal : la vie de Mirabeau, si elle eut été moins courte, la face de la révolution en eut été changée….
Et c’est là qu’intervient, mais pour le pire, Brissot.
Ni Robespierre, ni Danton, ni Marat, ni personne n’avait trouvé le moyen de déraciner la Royauté du peuple. L’idée de génie, mais génie mis au service du mal, fut trouvée par Brissot. C’est là que, n’étant ni le plus sanglant ni le plus scélérat des révolutionnaires, il peut être regardé comme étant probablement celui qui a réussi à mettre à bas l’édifice millénaire. Lui, et pas les autres. Et, donc, de ce point de vue, lui qui ne fut pas le pire dans son comportement personnel, fut bien le pire dans son action, et dans ses résultats.
C’est probablement lui, le vrai tombeur de la monarchie…. Au fond, le seul, le vrai révolutionnaire….
En effet, malgré tout, même malgré Varennes, Louis XVI restait « le roi ». Encore aimé par beaucoup, encore craint par d’autres, encore respecté par la plupart : la Révolution n’était décidément pas possible tant qu’il était là. Alors, dans le cerveau de Brissot, peut-être le plus brillant de cette Assemblée, qui n’en manquait pas – en tout cas chez les Girondins… – naquit l’idée « géniale », celle qui allait permettre de tout renverser, et aux Girondins, enfin, de prendre le pouvoir et d’organiser le monde, selon les principes de la Raison.
Il faut se souvenir que le renversement des alliances, chef d’oeuvre d’intelligence politique de la part d’une royauté française qu’on appellerait volontiers progressiste, si le mot n’était pas connoté (voir l’éphéméride du 16 mai) ; il faut se souvenir, donc, que ce renversement des alliances ne fut pas vraiment compris, et encore moins partagé, par une bonne partie de l’opinion, et par ce qu’il faut bien appeler, malgré leur aveuglement et leur erreur sur le sujet, une bonne partie des élites. Louis XV, puis Louis XVI restèrent, sinon seuls, du moins incompris d’une grande part du public qui, raisonnant au passé prolongé, continuait par habitude, par facilité, par routine, bref, par conservatisme, de voir en l’Autriche et en la personne des Habsbourgs l’ennemi qu’elle et ils avaient effectivement été, pendant deux siècles. La France étant sortie victorieuse de cette lutte si longue, il fallait maintenant s’allier à l’adversaire vaincu d’hier, contre la puissance montante, représentant le nouveau danger : la Prusse. Mais, cette politique intelligente et visionnaire de la Cour de France, Louis XV et Louis XVI ne réussirent pas à l’expliquer suffisamment, et en tout cas à la faire partager.
Brissot eut alors « l’idée » lumineuse, et, de tous les révolutionnaires, empêtrés dans leurs discours grandiloquents, creux et souvent ridicules, il fut le seul à l’avoir. Et c’est en cela qu’il peut être regardé, probablement, comme nous l’avons dit plus haut, comme le vrai et le seul père de la Révolution en tant que destructrice de la Royauté. Son idée, lumineuse pour lui, qui ne rêvait que d’abattre la royauté, était criminelle pour la France, mais il ne s’en rendit pas compte, malgré sa grande intelligence, aveuglé qu’il était par ses talents multiples, et persuadé qu’il était par ses capacités évidentes, qu’il était l’homme de la situation.
« Signé Louis; et plus bas, Roland », c’est-à-dire le Ministre de l’Intérieur du gouvernement girondin d’alors, celui chez qui la belle Madame Roland, sa femme, avait permis au « parti girondin » de se constituer.
Le piège s’est refermé sur Louis XVI, contraint de signer une déclaration de guerre que tout lui commande de refuser : les Girondins ont bien « trahi » la Patrie, leur stratagème a réussi, la Révolution est en marche, et plus rien ne l’arrêtera.
Ils ont simplement oublié que la révolution mange toujours les révolutionnaires, et qu’ils seront les premiers à être mangés, après la chute de la Royauté – leur œuvre – et l’assassinat du Roi.
Elle était simple, cette idée, si simple qu’on s’étonne que les autres grands ténors ne l’aient pas eu avant lui, ou en même temps que lui : ni Danton, ni Marat, ni Robespierre, ni personne….; cette idée consistait à mettre en opposition frontale l’action du roi et les sentiments profonds du peuple. Comment ? En déclarant la guerre à l’Autriche, tout simplement. Cette guerre serait forcément populaire dans l’opinion, conservatrice, mais serait forcément combattue par le Roi, qui en verrait toute l’absurdité, et son côté diamétralement opposé aux intérêts profonds du peuple français. Faire s’opposer frontalement le Roi et le Peuple, c’était pouvoir accuser le Roi de trahison et, là, rompre « le charme séculaire« . C’était machiavélique, c’était diabolique, mais c’était bien vu : et c’est en effet ce qui se passa….
L’intérêt national, le Bien commun, étaient des notions étrangères à Brissot. Puissamment brillant, il n’imaginait pas une seconde que les choses pourraient lui échapper, et il ne poursuivait qu’un but : éliminer la Royauté, qui, par sa seule présence, l’empêchait, lui et les Girondins, de prendre, enfin, le pouvoir, et d’organiser, enfin, le monde comme leur brillantissime intelligence l’imaginait.
Brissot voulut donc la guerre, il la fit, et il avoua même que sa seule crainte était que le Roi ne « trahisse » pas, c’est-à-dire ne s’y oppose pas. Et c’est ainsi que, pris dans ce piège machiavélique, Louis XVI, qui ne pouvait que s’opposer de toutes ses forces à cette folie, put être présenté comme un traître à ceux qui étaient tout disposés à se laisser berner. A partir de là, Louis XVI ne pouvait qu’être emporté, et Brissot savourer « son » triomphe.
Une guerre stupide, contraire aux intérêts les plus élémentaires et les plus évidents de la Nation française; une guerre qui durera vingt-trois ans; qui fera mourir un millions et demi de français, jeunes pour la plupart; qui amènera par deux fois l’étranger dans Paris et l’invasion du territoire; et qui laissera la France plus petite après la Révolution qu’avant.
C’est Brissot qui l’a pensé; c’est Brissot qui l’a voulu, c’et Brissot qui l’a fait.
Et c’est cette guerre qui a été le « levier » machiavélique ayant permis de faire tomber le Royauté.
Il ne le savoura pas longtemps. Malgré toute son intelligence, il n’avait sans doute pas assez médité la fable de l’apprenti sorcier.
Le mouvement qu’il déclencha le dépassa bien vite, au profit des révolutionnaires vrais, les Robespierre, Marat, Danton et autres. Et, lorsqu’il s’en rendit compte, on vit Brissot – faut-il en rire ou en pleurer ? – tâcher de sauver ce Roi qu’il avait volontairement perdu, pour prendre sa place, lorsqu’il se rendit compte, mais trop tard, que ce ne serait pas lui qui prendrait sa place : il suivit d’à peine plus de neuf mois sur l’échafaud ce bon Roi qu’il y avait fait envoyer.
Dans sa remarquable note Brissot la guerre, (Lectures), Bainville l’assassine une seconde fois, littérairement parlant, s’entend; mais, cette fois, c’est vraiment la bonne.
Dans notre album Maîtres et témoins (II) : Jacques Bainville voir la photo « Brissot la guerre »
Voir aussi notre PDF Les Girondins : intelligents, brillants, mais, surtout, « idiots utiles ».
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