1699 : Naissance de Jean-Baptiste Siméon Chardin
Parfois traité, à tort, comme un talent de deuxième rang, assez souvent même carrément oublié, Chardin mérite largement mieux.
Théophile Gautier a écrit le beau jugement suivant :
« De plus, la peinture de Chardin a le mérite de ne relever d’aucune école, d’être éminemment à lui. Par l’exquise finesse, par l’heureuse simplicité de ses agencements, il est l’égal des Hollandais; par la largeur de sa touche, par la fermeté de sa pâte, par la sûreté magistrale de son procédé, il n’a rien à envier aux naturalistes espagnols et napolitains. Il a de plus qu’eux la finesse de la demi-teinte et la légèreté du pinceau, l’harmonie douce et caressante des fonds.
Les trop rares échantillons de Chardin que possède le Louvre font vivement désirer qu’il s’enrichisse de quelques nouvelles productions de ce maître, à notre gré l’une des plus sérieuses et des plus charmantes gloires de notre école. »
Le Benedicite
On pourra se forger une bonne opinion de l’artiste et de son oeuvre en consultant l’excellent sujet proposé par l’Encyclopédie de l’Agora :
Jean-Baptiste-Simeon_Chardin
En plus de précieuses informations, ce dossier permet de visualiser, en les agrandissant, jusqu’à 46 tableaux du maître.
1808 : Naissance de Jules Barbey d’Aurevilly
Léon Daudet, alors enfant, le regarda, émerveillé, un soir :
« Le public a été deux fois injuste envers lui : d’abord en ne lui accordant pas la considérable place à laquelle il avait certainement droit; ensuite en grossissant sa légende de dandy ridicule, au détriment de son singulier génie….
…Il avait la tête dans les cieux. Il ne ressemblait pas aux autres hommes de lettres. Ses aphorismes, ses condamnations, ses éloges tombaient de haut.
Un jour d’hiver, par un froid sec, mon père l’emmena, de chez Lemerre, jusqu’à un restaurant des Champs-Élysées, encore ouvert et bien chauffé, dont je ne me rappelle plus le nom. Tous deux parlaient vivement de Flaubert, que défendait avec passion Alphonse Daudet, qu’attaquait avec passion Barbey D’Aurevilly. Je marchais à côté d’eux très attentif et intéressé, car Flaubert, chez nous, était roi.
Une fois installés : “Que prenez-vous ?
— Du champagne”, répondit d’Aurevilly comme il aurait dit : “De l’hydromel.”
Vieux guerrier édenté, au verbe sifflant et irrésistible, il avala coup sur coup quatre, cinq verres de cet argent liquide et mousseux. Puis il se mit à parler, si fort et si bien, que la caissière émue ne le quittait pas du regard. Mon père lui donnait la réplique. Le soir venait. On alluma le gaz et, au bout d’une heure environ, étant derechef altéré, ce démon de Barbey redemanda: “Une seconde bouteille de champagne, madame, je vous prie.” J’étais émerveillé. Il portait ce jour-là, pour cette prouesse improvisée, un grand manteau noir flottant, doublé de blanc, et le fond de son chapeau haut de forme était de satin écarlate. Mais qui donc aurait eu envie de rire en entendant de pareils accents !
Sa voix ajoutait au prestige. Il l’enflait, puis la baissait harmonieusement. Il eût fait un orateur consommé. Perpétuellement tourné vers ce qui est grand, généreux et original, il possédait un répertoire d’exploits galants et militaires, où le farouche le disputait au précieux dans un excellent dosage très français. Imaginez une interpolation des Vies des dames galantes de Brantôme avec les Vies des grands capitaines. Son horreur de la vulgarité s’affirmait, quand il disait à mon père : “Votre Zôla”, comme s’il y avait eu sur l’o plusieurs accents circonflexes et dépréciateurs… »
LÉON DAUDET, Souvenirs et polémiques, Paris, Robert Laffont, collection « Bouquins», 1992, p. 50-51.
Dans notre album Maîtres et témoins (III) : Léon Daudet, voir la photo « Mon auteur, c’est Barbey d’Aurevilly »
Voir, enfin, si vous le souhaitez…
Le Chevalier des Touches de Claude-Jean Bonnardot (1966). Durée 1h28.
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