Journal de l’année 14 de Jacques Bainville : Les notes sont quasiment quotidiennes jusqu’au 31 décembre. Sauf du 14 au 27 août à cause des contraintes de la guerre. Nous conseillons vivement de les lire au jour le jour, comme elles furent écrites. Sachons que notre situation française et européenne d’aujourd’hui découle largement des grands événements relatés ici !
« Bref, c’est le commencement de la levée en masse. »
La classe 1914 est partie et ira au feu d’ici un mois ou un mois et demi. La classe 1915 est sur le point d’être levée et sera instruite pour le mois de mars. En même temps, on reprend en grand nombre pour le service armé les hommes des services auxiliaires, les exemptés et les réformés. Les territoriaux sont depuis quelque temps au front.
Bref, c’est le commencement de la levée en masse. Tout cela accepté par la population avec un grand courage, mais une sorte d’étonnement : la croyance était si répandue et si forte, au mois d’août, que c’était une affaire de deux mois, trois au plus, que la guerre aujourd’hui ne pouvait plus s’éterniser comme les guerres d’autrefois etc… À droite : Le départ du volontaire, vers 1793, peinture anonyme, musée Carnavalet.
Un commerçant me raconte qu’il avait passé dans son quartier pour un pessimiste et presque pour un mauvais citoyen parce qu’il avait dit, au moment de la mobilisation, que la guerre durerait plus longtemps qu’on ne le croyait et que tout le monde finirait par partir. Cependant les nécessités de la situation sont acceptées sans murmure. Il y a chez tous les Français le sentiment d’une obligation d’honneur : rendre la Belgique aux Belges. ■ JACQUES BAINVILLE
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