1622 : Louis XIII à Marseille
Âgé de 21 ans, le jeune roi se voit offrir un divertissement organisé par la Prud’homie des Pêcheurs de Marseille, dans la calanque de Morgiou.
Pour l’occasion, un escalier, toujours largement utilisé aujourd’hui, est taillé dans le roc : l’escalier de Louis XIII.
La calanque et l’escalier de Louis XIII
Genèse d’une authentique politique de Civilisation, en commençant, d’abord, par une mise au point.
Inaugurer un Musée est chose facile. C’est tout ce qui s’est passé avant, en amont, qu’il convient d’avoir présent à l’esprit, si l’on veut appréhender correctement les choses. Et ce qui est clair, c’est que le Louvre, Palais et Collections, contenant et contenu, c’est l’oeuvre des rois, sur près d’un millénaire. Le Louvre est né des rois, et par les rois.
On sait que, dans la mythologie grecque, Athéna est sortie tout armée de la tête de Zeus, son père. Qu’on n’aille pas imaginer qu’il s’est passé la même chose, en novembre 93, avec le Musée du Louvre ! Qu’on n’aille pas imaginer la république sortant de son chapeau, d’un claquement de doigts, ex nihilo, un musée magnifique et magique, qui va guider le peuple enténébré vers les sommets de l’Art et de la Beauté !
Il ne faut pas oublier qu’au même moment où elle inaugure l’oeuvre des autres (en l’occurrence, des Rois…), la république vient de déclencher une campagne sans précédent de destruction du patrimoine, qui aboutira à ce que, dans l’espace d’une vingtaine d’années, entre le quart et le tiers du Patrimoine français aura disparu.
Fait unique et sans précédent dans toute l’histoire de l’humanité, organisé méthodiquement en vue de la disparition d’un héritage, d’un esprit : jamais les vandales du Vème siècle n’auront brisé tant de chefs d’oeuvre, dira, en substance, Alexandre de Sommerard, grand amateur d’art et grand royaliste, fondateur des Musée de Cluny et de la Renaissance (voir l’éphéméride du 31 août).
Cette précision nécessaire étant apportée, place à la genèse de cette authentique politique de civilisation, menée par les Rois sur un millénaire.
I. La « Librairie » de Charles V
Le premier acte, si l’on peut dire, dans la longue histoire qui précède la création du Musée du Louvre, en la rendant possible, c’est la fameuse Librairie de Charles V (voir l’éphéméride du 21 janvier).
La librairie de Charles V (1364-1380
Ci dessous, le Louvre de Charles V, enluminure tirée des Très Riches Heures du Duc de Berry :
Voir l’album : Racines (I) Les très riches heures du Duc de Berry
Au XIVème siècle, les collections de manuscrits sont regroupées dans des librairies, c’est-à-dire des bibliothèques. Celle qui, durant ce siècle, a la plus grande valeur culturellement est celle du roi de France Charles V, qui régna de 1364 à 1380. Composée de 900 volumes, c’est la troisième de toute la chrétienté après Avignon (la première avec 2000 volumes) et la Sorbonne.
En 1367, le souverain transfère ses livres du Palais de la Cité au château du Louvre, plus précisément dans la tour qui s’élève à l’emplacement de l’actuel Pavillon de l’Horloge.
Avant lui, beaucoup de souverains ont réuni dans leurs palais des collections de livres (comme saint Louis). Mais pour la première fois, un roi faisait de sa bibliothèque une institution, qui pourrait s’enrichir avec le temps, ainsi qu’un centre d’ études où d’autres, comme lui, pourrait venir travailler. On a bien affaire là à une première ébauche de la Bibliothèque Nationale.
II. Le mécénat de François premier
François 1er fut le deuxième monarque qui augmenta considérablement la quantité, mais aussi et surtout la qualité, des collections royales : il attira des artistes italiens en France, notamment bien sûr Léonard de Vinci, qui nous laissa sa Joconde (ci dessous).
C’est lui, aussi, qui est à l’origine de la fabuleuse collection des Joyaux de la Couronne, lamentablement dispersée par la jeune et haineuse IIIème République.
Sur ce lamentable épisode de la destruction voulue et méthodique de notre Héritage, de notre Histoire, voir notre évocation du 12 février (éphéméride).
III. Les collections de Louis XIV
Puis Louis XIV marqua un tournant décisif, avec ses collections de tableaux mais aussi d’objets de qualité (pierres dures etc… : ci dessous, l’Hortensia, son célèbre diamant rose) et l’achat de l’extraordinaire collection Jabach (16661/62, puis 1671, voir l’éphéméride du 6 mars), qui n’aura d’équivalent, dans son énormité, que l’acquisition de la non moins extraordinaire collection Campana par Napoléon III en 1861 (éphéméride du 20 mai).
IV. Vers le Musée
A partir de ce moment là, des pièces majeures de ce fabuleux patrimoine commencèrent à être montrées au public, plus ou moins régulièrement : exposées dans un ou plusieurs salons de Versailles, ces Expositions temporaires sont à l’origine de notre mot actuel « Salon » (voir l’éphéméride du 25 août).
Ensuite, il y eut une exposition des plus beaux tableaux de la collection royale, qui se tînt au palais du Luxembourg de 1750 à 1785 et qui connût un énorme succès.
Le marquis de Marigny, directeur général des Bâtiments du Roi, et son successeur le comte d’Angiviller élaborèrent alors le projet de faire du Louvre un musée permanent. Le comte d’Angiviller peut et doit, ainsi, être regardé comme le premier organisateur des collections du Musée du Louvre (voir l’éphéméride du 11 décembre)
C’est cet effort multiséculaire de la Royauté, en faveur de la Culture, pour tirer la France vers le haut, guider les peuples, par le Beau, vers le Vrai et le Bien; c’est cela, c’est cette authentique politique de civilisation, patiemment et opiniâtrement menée, siècle après siècle, que résume, condense, contient en quelque sorte, notre Louvre.
Deux fois, depuis sa création, les collections du Louvre ont failli être perdues à tout jamais :
• une première fois, lorsque les Communards mirent le feu aux monuments de Paris (« Paris sera à nous ou n’existera plus… » disait Louise Michel), c’est grâce au dévouement de Martian de Bernardy et de toute son « armée » de volontaires que les collections furent sauvées, in extremis (éphéméride du 13 décembre);
• une seconde fois, durant la Seconde Guerre mondiale, et dans des conditions absolument rocambolesques, Jacques Jaujard et toute ses équipes ont « évacué » les collections du Musée, les dispersant au fin fond de la France profonde avant l’arrivée des troupes nazies : voir l’éphéméride du 3 décembre
V. Rapide survol des étapes de la construction du bâtiment
Faisons maintenant un petit retour sur le Palais des Rois lui même: le palais du Louvre est l’ancien Palais Royal, sur la rive droite de la Seine, entre le jardin des Tuileries et l’église Saint-Germain-l’Auxerrois.
D’abord forteresse, édifiée à partir de 1190 sur l’ordre de Philippe Auguste pour protéger la capitale, le Louvre ne devient une résidence royale à part entière – après d’importantes modifications – que sous le règne de François 1er (voir l’éphéméride du 10 septembre), et ce jusqu’en 1682, date à laquelle Louis XIV décide de transférer la Cour à Versailles.
S’étendant sur une surface bâtie de plus de 135 000 m2, le palais du Louvre est le plus grand palais d’Europe, et le second plus grand bâtiment du continent après… la Maison du Parlement roumain, de Ceaucescu !
Sa construction s’étend sur près d’un millénaire, et elle est indissociable de l’histoire de la ville de Paris.
La Colonnade de Perrault (éphéméride du 10 octobre)
Un peu sec, – ce qui est bien dommage car il est, sinon, de qualité – le lien suivant offre néanmoins, en bas de page, des liens et des lectures pertinents fort intéressants :
Cour Carrée et Colonnade de Perrault (ci dessus, respectivement), Galerie du Bord de l’eau… sans oublier, bien sûr le Jardin à la française des Tuileries, œuvre de Le Nôtre, considéré comme le premier de la série de ses merveilleux jardins (ci dessous): il serait presque fastidieux d’énumérer toutes les beautés de ce Palais.
VI. La Galerie d’Apollon, et ce qu’il reste des Joyaux de la Couronne
Arrêtons nous simplement quelques instants, pour conclure cette évocation, dans la splendide Galerie d’Apollon (ci dessous), qui renferme aujourd’hui les Joyaux de la Couronne, du moins ceux qui n’ont pas été dispersés par la Troisième République naissante, dans sa haine féroce et insensée de tout ce qui est notre passé national : juste après que Jules Ferry ait volontairement et stupidement fait disparaître les Tuileries – que l’on pouvait parfaitement reconstruire (voir l’éphéméride du 4 décembre) – la Troisième République commet un second forfait contre le Patrimoine national en dispersant, en 1887, la plus fabuleuse collection qui ait jamais existé, comme nous l’avons vu au début de cette évocation du Musée.
Du passé faisons table rase !
1793 : Madame Roland guillotinée
En montant à l’échafaud, elle s’exclame : « Liberté ! Que de crimes on commet en ton nom ! ».
Après les massacres de septembre, elle avait écrit :
« Mon ami Danton conduit tout; Robespierre est son mannequin, Marat tient sa torche et son poignard…, si vous connaissiez les détails des expéditions ! Les femmes brutalement violées avant d’être déchirées par ces tigres, les boyaux coupés, portés en ruban, des chairs humaines mangées sanglantes !…
Vous connaissez mon enthousiasme pour la Révolution, eh bien j’en ai honte ! Elle est ternie par ces scélérats, elle est devenue hideuse !… » (Madame Roland, le 9 septembre 1792).
La plupart des Girondins furent arrêtés, et immédiatement jugés / condamnés le 2 juin 1793 (voir l’éphéméride du 2 juin); quelques uns parvinrent cependant à s’échapper, dont Jean-Marie Roland, l’époux de Manon Roland, dite « madame Roland ». Il se réfugia à Rouen où – amoureux fou de sa femme – il se suicida de désespoir en apprenant sa mort.
La Révolution mange toujours les révolutionnaires : sur cette pauvre ville de Paris livrée à la folie sanguinaire et paranoïaque des fous furieux révolutionnaires, lisez les extraits que nous donnons du remarquable roman d’Anatole France, Les Dieux ont soif dans l’éphéméride du 15 janvier.
2017 : Inauguration du Louvre Abu Dhabi.
louvre.fr/louvre-abu-dhab
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