Journal de l’année 14 de Jacques Bainville : Les notes sont quasiment quotidiennes jusqu’au 31 décembre. Sauf du 14 au 27 août à cause des contraintes de la guerre. Nous conseillons vivement de les lire au jour le jour, comme elles furent écrites. Sachons que notre situation française et européenne d’aujourd’hui découle largement des grands événements relatés ici !
« Il y aura tant de blessés pour le peu de lits, de chirurgiens et de médicaments que nous avons, qu’on ne les ramassera même pas. »
Etat d’esprit. Je coupe ceci dans la lettre d’un ancien député radical-socialiste, maire de sa ville située dans la zone envahie : « Je suis furieux contre tout le monde, aussi bien contre le gouvernement français que contre l’Allemagne (sic). Le désordre et l’incapacité règnent partout. Que de comptes il y aura à régler plus tard !»
Le service de santé, en particulier, était dans un état d’inorganisation, ou plutôt d’inexistence lamentable. A Tours, en apprenant la déclaration de guerre, le directeur s’est suicidé. À l’hôpital Bégin, à Vincennes, il n’y avait rien, ni pansements, ni le reste. « Comment ferez-vous ? » – demandait quelqu’un aux majors. Réponse : « Il y aura tant de blessés pour le peu de lits, de chirurgiens et de médicaments que nous avons, qu’on ne les ramassera même pas. » En effet, le jeune F… qui, en septembre, à la bataille de la Marne, avait reçu un éclat d’obus dans la cuisse, est resté quatre jours sans soins et est mort d’une blessure sans réelle gravité. ■ JACQUES BAINVILLE
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