Journal de l’année 14 de Jacques Bainville : Les notes sont quasiment quotidiennes jusqu’au 31 décembre. Sauf du 14 au 27 août à cause des contraintes de la guerre. Nous conseillons vivement de les lire au jour le jour, comme elles furent écrites. Sachons que notre situation française et européenne d’aujourd’hui découle largement des grands événements relatés ici !
« … le conseil des ministres avait jugé que la résistance était impossible. »
On commence à mieux connaître les conditions dans lesquelles a failli s’accomplir la reddition de Paris. C’était, en somme, une affaire entendue. Alfred Capus a vu le président Poincaré, le jour même où le conseil des ministres avait jugé que la résistance était impossible. Poincaré, extrêmement abattu, dit à Capus, qui est son collègue à l’Académie :
– Il faut que vous suiviez le gouvernement à Bordeaux, avec Le Figaro et tous les journaux de Paris.
C’est alors que Gabriel Hanotaux a écrit dans un article de La Petite Gironde, qui a obtenu, selon les gens, un énorme succès soit d’indignation soit de rire, que Bordeaux serait la citadelle où la République préparerait la victoire.
Avec un entourage effroyablement mêlé de Juifs, de politiciens, de directeurs de théâtre, d’hommes de cercle et de jeu, le général Gallieni n’en a pas moins eu une part active à la défense et, avec les forces du camp retranché de Paris, il est intervenu fort à propos pour contribuer à la victoire de la Marne. Il avait envoyé 15.000 hommes sur l’Ourcq dans des taxis-autos réquisitionnés.
Tous ceux qui connaissent lé général savent qu’il parle avec difficulté, sans trouver ses mots et désigne tout par chose et machin.
On lui prête ce mot : comme, étant très pressé, il disait à son chauffeur d’aller vite, il ajoutait cette recommandation :
– Mais n’écrasez pas de… chose, de… soldats. ■ JACQUES BAINVILLE
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