« Il suffit de prendre conscience que les sociétés occidentales conjuguent endettement, assistanat, calcification bureaucratique, épuisement économique, ensauvagement, effondrement psychique, conquête islamiste et submersion migratoire pour comprendre qu’on ne sortira pas d’une telle situation avec les méthodes et les idées du centrisme traditionnel. »
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COMMENTAIRE JSF – Cette chronique intéressante et vigoureuse, traitant de perspectives politiques nouvelles, est parue dans Le Figaro de ce samedi (23 novembre). Nous avons mis en exergue, parce qu’il nous semble le plus important, le prononcé d’un pronostic plus que réservé sur la possible survie des sociétés dites occidentales, ou plus exactement de leurs systèmes politiques, en leur état actuel. On lira avec intérêt comment pourraient leur être substitués des populismes de gouvernement, ou, selon l’expression récente, des démocraties illibérales que Mathieu s’obstine à considérer comme des démocraties libérales avant leur dévoiement « diversitaire », selon le mot qu’il a lui-même forgé. Nous pensons, nous, que depuis la ou les révolutions de la fin du XVIIIe siècle, elles s’engendrent les unes les autres, jusqu’à la situation du monde actuel. Les populismes de gouvernement – retour aux nations, aux identités différenciées, à l’enracinement et, en partie, à la Tradition – trouveront eux aussi leurs limites, faute, à notre avis, de conscience de l’absolue nécessité d’un Pouvoir transcendant et pérenne dans la Cité, ou, sous sa forme moderne, dans la nation.
CHRONIQUE – Le président argentin Javier Milei a refusé de signer un communiqué du G20 sur la désinformation. Celui qu’on présente comme un personnage extravagant est aussi un intellectuel libertarien cohérent, particulièrement hostile aux différentes tentatives de contrôle de l’information.
Une bonne manière de comprendre l’agenda mondialiste consiste à lire les communiqués et autres déclarations tenues dans le cadre des sommets internationaux et rencontres au cœur de ce qu’on appelle la gouvernance globale. Ainsi, en janvier, au Forum de Davos, Ursula von der Leyen a soutenu que la « désinformation » était aujourd’hui le premier des « risques mondiaux ». Cette préoccupation n’était pas nouvelle : depuis la victoire du Brexit et celle de Donald Trump, en 2016, l’oligarchie occidentale s’est convaincue que le dérèglement de l’espace public et du système de production de l’information était au cœur des victoires populistes.
L’idée est à peu près la suivante : si le peuple vote mal, s’il ne vote pas dans le sens de l’histoire, tel que le conçoivent les élites éclairées par la révélation progressiste, c’est parce qu’il est victime de désinformation, ou remué dans sa part sombre par des propos haineux. Il faut naturellement censurer la première et les seconds. Ce qui exige une reprise en main de l’information, notamment par la « régulation » des réseaux sociaux, pour éviter qu’une parole populiste ne conteste les médias traditionnels, qui se comportent souvent, même s’il y a des exceptions, comme la presse officielle du régime.
Il faut donc mater cette insurrection, comme le disait Hillary Clinton dans les dernières semaines de la campagne présidentielle américaine en se désolant de voir son camp, au sens large, perdre le monopole du récit médiatique légitime. On ne sera pas surpris, de ce point de vue, que les dirigeants du G20 rassemblés se soient prononcés pour une lutte toujours plus poussée contre la désinformation et les fake news. Nul besoin d’être complotiste ici. Ce ne sont pas des loges qui conspirent, ce sont des tendances idéologiques qui se radicalisent, ce qui est le propre de toute philosophie ne rencontrant jamais de philosophie contraire, et n’ayant pour toute opposition que gens acceptant ses principes mais voulant les modérer.
Se désétatiser, se débureaucratiser
Mais le consensus n’était pas au rendez-vous cette fois. Javier Milei, le président argentin, a refusé de signer le communiqué du G20 portant sur la désinformation. Nulle surprise ici. Celui qu’on présente avec raison comme un extravagant personnage est aussi un intellectuel libertarien cohérent, particulièrement hostile aux différentes tentatives de contrôle de l’information par le pouvoir étatique, qui n’est pas plus étranger à la tentation du mensonge qu’un autre. Le désaccord de Milei sera probablement traité à la manière d’une note de bas de page sans grande importance. On aurait pourtant tort de la négliger, d’autant que l’expérience Milei relève à bien des égards du laboratoire politique.
Milei représente moins l’aile droite de l’élite occidentale qu’il n’appartient à une nouvelle classe politique insurrectionnelle, identitaire, antimondialiste et antibureaucratique, à laquelle on peut associer l’Administration Trump
Il s’agit de voir dans quelle mesure un pays peut se désétatiser, se débureaucratiser, se décollectiviser, c’est-à-dire sortir du modèle de société qui s’est élaboré au XXe siècle. Nul ne croira qu’un tel changement s’opère paisiblement, sans douleur, avec en trame de fond une musique d’ascenseur. Mais il suffit de prendre conscience que les sociétés occidentales conjuguent endettement, assistanat, calcification bureaucratique, épuisement économique, ensauvagement, effondrement psychique, conquête islamiste et submersion migratoire pour comprendre qu’on ne sortira pas d’une telle situation avec les méthodes et les idées du centrisme traditionnel.
Nouvelle classe politique insurrectionnelle
Milei représente moins l’aile droite de l’élite occidentale qu’il n’appartient à une nouvelle classe politique insurrectionnelle, identitaire, antimondialiste et antibureaucratique, à laquelle on peut associer l’Administration Trump et plus encore ses principaux représentants, qui viennent moins du sérail politicien qu’elles ne se définissent contre lui. À elles aussi, on fait un procès d’excentricité et d’incompétence en leur reprochant leur manque de maîtrise des codes technocratiques, qui ont dominé la vie politique depuis les années 1990. Elles représentent plutôt une mutation dans l’histoire du populisme, qui bascule d’une posture protestataire à une pratique du pouvoir qui lui soit propre. Évidemment, il pourrait échouer lamentablement.
Il ne peut y avoir de nouvelle politique sans nouvelle élite consciente d’elle-même. Celle-ci est composée à la fois de dissidents du régime antérieur, de ceux qui s’y opposaient depuis longtemps, et de nouvelles catégories sociologiques qui peinent à s’intégrer dans le complexe institutionnel dominant. C’est d’ailleurs ce qui distingue Trump 2016 de Trump 2020, qui est passé de Steve Bannon à JD Vance – les deux représentent aussi bien esthétiquement que stratégiquement le passage d’un populisme protestataire à un populisme de gouvernement se réclamant du national-conservatisme. Certains l’assimilent dans d’autres contextes à une démocratie illibérale, qui n’est souvent, paradoxalement, que la démocratie libérale avant son dévoiement diversitaire. ■ MATHIEU BOCK-CÖTÉ
Ce qu’on appelle les médias traditionnels sont les médias subventionnés, ne pouvant par conséquent s’écarter de la doxa. Par des manœuvres d’arrière garde vouées à échouer, les gouvernements et l’UE (les USA semblent eux sortis du piège) essaient de supprimer le contenu de réseaux alternatifs, n’hésitant pas à supprimer des chaines de télé. La France qui par son passé aurait du être le rempart contre les attaques à la liberté d’expression s’est une fois de plus couchée devant l’UE.