« La carte de Corse témoigne de cette religiosité populaire à travers ses nombreux toponymes sacrés. Ces montagnes, ces sommets, ces villages, ces chapelles et églises romanes baroques dédiés à des saints toujours célébrés et fêtés rappellent l’ancrage profond de la foi populaire dans notre île. »
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Ce bref et pourtant dense aperçu du contexte dans lequel le Pape se rend aujourd’hui en Corse est paru ce matin dans le JDD. Nous avons délaissé la tribune de Gilles Simeoni donnée au Figaro, parce que trop chargée selon nous, à côté de quelques rappels intéressants des traditions corses, de poncifs créés par la doxa dominante, ce qui revient à dire qu’ils sont aujourd’hui déconsidérés. Le syncrétisme excessif finit par lasser. Mieux vaut ces quelques notes de simple facture, façon JDD.
« La grande majorité de la messe pontificale ce dimanche sera célébrée avec des chants sacrés de la tradition corse monodique et polyphonique ».
TRADITIONS. Le pape François vient clore, ce dimanche, un colloque sur la piété populaire en Corse, île sur laquelle perdurent les us et coutumes religieux.
Même les paysages en sont témoins. « Monte San Petrone, Punta di Santa Lucia… La carte de Corse témoigne de cette religiosité populaire à travers ses nombreux toponymes sacrés, explique en effet Christian Andreani, membre d’une confrérie et président du Centru culturale San Martinu. Ces montagnes, ces sommets, ces villages, ces chapelles et églises romanes baroques dédiés à des saints toujours célébrés et fêtés rappellent l’ancrage profond de la foi populaire dans notre île. »
La Corse, où le pape François est attendu ce dimanche pour clore un colloque sur la religiosité populaire, figure parmi ces territoires où les rites et dévotions religieuses dépassent le cadre strict de la pratique dominicale, avec une dévotion toute particulière pour la Vierge. « Cela va bien au-delà des simples prières, ça s’inscrit dans notre quotidien, dans l’éducation de nos enfants et dans l’intimité de nos familles », explique Paul Turchi Duriani, docteur en histoire moderne.
Et cette ferveur populaire s’illustre notamment lors des fêtes patronales pendant lesquelles chaque village rend hommage à son Saint protecteur avec des messes, des processions parfois spectaculaires et des festivités où la ferveur religieuse se mêle à la convivialité. « Ces fêtes rythment le calendrier insulaire et sont aussi l’occasion de renforcer les liens communautaires tout en transmettant les traditions ancestrales », poursuit le spécialiste.
Regain d’intérêt
Derrière cette spiritualité, on trouve les fameuses confréries. Directement issues de la période médiévale, ces associations de laïcs perpétuent les rituels religieux tout en jouant un rôle essentiel dans la solidarité communautaire. Elles seraient une centaine actuellement sur l’île, regroupant désormais 4 000 confrères et consœurs. « Elles incarnent un idéal au service de Dieu, de l’Église et des autres. Elles orchestrent de grandes cérémonies comme les processions, accompagnent les familles dans les moments clés de la vie – veillées funèbres, mariages, baptêmes – et s’impliquent activement dans l’action sociale et caritative en collectant des fonds et en soutenant les plus démunis », développe un membre.
Identifiables à leurs bannières et tenues traditionnelles, ces véritables gardiennes de la mémoire vivante de la piété populaire connaissent un regain d’intérêt depuis les années 1970, notamment relancées par le célèbre chant polyphonique corse. « On a plusieurs répertoires de chants sacrés liés au temps liturgique de l’année et un énorme répertoire lié à la semaine sainte », commente en effet l’un des confrères. Relancées par le mouvement culturel du Riacquistu, qui prônait la réappropriation des traditions insulaires, elles ont retrouvé un nouveau souffle après avoir failli disparaître dans les années 1960. À cette époque, la sécularisation, l’uniformisation liturgique du concile Vatican II et le désintérêt pour les pratiques locales avaient fragilisé ces institutions présentes en Corse depuis le XVe siècle.
Aujourd’hui en pleine expansion, elles se retrouvent au cœur de la vie spirituelle et culturelle de l’île. « Chaque année, il y a deux ou trois confréries de plus », confirme Christian Andreani. Une vitalité qui sera d’ailleurs mise à l’honneur devant le pape François, notamment par le chant : « La grande majorité de la messe pontificale ce dimanche sera célébrée avec des chants sacrés de la tradition corse monodique et polyphonique », poursuit-il. ■ KRISTINA LUZI
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Je n’ai naturellement rien contre les processions, les fêtes commémoratives, la mise en valeur des traditions populaires. Je trouve qu’elles apportent au patrimoine culturel des régions une belle illustration ; mais pas davantage que la séria de Nîmes, la Grande braderie de Lille, le Marché de Noël de Strasbourg.
J’ai, habitant alors dans cette île fort belle mais nullement française (pardonnez moi chers amis Franceschetti et Mondoloni) assisté au premier rang à la « Madonuccia » d’Ajaccio et au « Catenaccio » de Sartène. Rien de religieux : une sorte de rituel social obligé où il faut se montrer.
Il vaut mieux que ce soit là qu’à la « Gay Pride », mais enfin, comme d’habitude, ce couillon de François a visé à côté.
Noire-Dame, c’était la chrétienté triomphante ; Ajaccio une blague primitive.
Commentaire qu’on verrait bien sous la plume d’un voltairien moderne à la Homais, tel Jean Yanne dans Madame Bovary (1991). La piété populaire existe bel et bien, pour le meilleur et le moins bon. En nier le caractère religieux, aussi imparfait soit-il, n’est-il pas incompatible avec l’idée d’un Roi populaire et vénéré, d’abord parce que rituellement et (quasi-) religieusement sacré ?
J’ai vu récemment, lors d’une messe, un véritable colosse aux traits burinés (ou même serpés) traverser l’église, indifférent à la célébration, allumer un lumignon à la petite Thérèse de Lisieux, se recueillir quelques minutes et partir. Des deux manifestations, la messe du dimanche ou le très humble geste de ce « fort » de je ne sais quelles halles était la plus sociale et quelle la plus religieuse ?
D’accord avec ce commentaire. Chapeau !
Je n’ai rien contre la piété « populaire » et je les trouve même touchante, émouvante et tendre.
Mais en Corse je n’ai vu que le côté ‘populaire » de la piété ; comme dans un bal de village : sympathique, mais hors sol.
Il est vrai que je ne suis pas très objectif : j’ai détesté chaque minute des 18 mois passés dans l’île, de février 85 à septembre 86 ; au point que je me suis juré de n’y jamais retourné pour ne pas apporté un euro à ce peuple qui nous déteste et nous exploite.
Cet article confirme, la deception de beaucoup concernant le choc culturel subi il y a 8 jours à Notre-Dame, entre le gothique et la revolution liturgique soixante-huitarde, pas balayée avec le cendres et les scories de l’incendie
Le pape François préfère les peuples « autochtones » aux Français de souche..