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Une soirée de soutien est organisée par le comité de défense de Boualem Sansal, ce 16 décembre. © DR
Nous ne commenterons pas cette tribune de Jean-François Colosimo parue hier dans le JDD (15.12). Elle se suffit à elle-même. Bien sûr, on prendra note de la grande soirée de soutien à Boualem Sansal qui s’y trouve annoncée et, si on le peut, on s’y rendra de grand cœur.
« Sa seule faute ? Représenter un otage de choix dans la querelle perpétuelle qu’Alger oppose à Paris. »
TYRANNIE. Une grande soirée de soutien est organisée par le comité de défense de Boualem Sansal, ce lundi 16 décembre, au Théâtre libre, à Paris.
Les tyrannies embastillent les écrivains pour faire taire la vérité. C’est sous l’accusation d’atteinte à la sûreté nationale que le régime algérien a jeté Boualem Sansal au cachot. Est-il à la tête d’un mouvement politique, d’un commando terroriste ? Non. Son vrai tort ? Avoir levé un à un les tabous de l’histoire officielle par son œuvre écrite.
Les tyrannies craignent la puissance émancipatrice de la littérature. Boualem Sansal n’a-t-il pas gardé à 75 ans un souffle de poète, un cœur de conteur, une passion intacte à raconter l’humaine fraternité ? Oui. Sa seule faute ? Représenter un otage de choix dans la querelle perpétuelle qu’Alger oppose à Paris, lui qui a fait de la langue française son ultime patrie.
Les tyrannies redoutent la lumière. Le regard au sourire enfantin de Boualem Sansal en est empli. Pourquoi, dès lors, de prétendus pluralistes se précipitent-ils pour anticiper le réquisitoire que ne manqueront pas de délivrer, demain, des inquisiteurs déguisés en procureurs ? Parce que la mobilisation sur son nom est grande, soutenue, internationale, à la hauteur de l’émotion provoquée par sa scandaleuse détention. Parce qu’emmenée par Kamel Daoud, autre cible de la même iniquité, elle rassemble autour de son nom les gens de bien par-delà les chapelles et les coteries. Parce que son nom est devenu synonyme de justice.
Le combat ne fait que commencer
Les tyrannies parient sur l’épuisement des démocraties à défendre l’innocent, à déraciner le mensonge, à demeurer fidèle à la parole donnée. À nous de prouver le contraire. Comment ? Il est aussi en Boualem Sansal un ascète qui a fait de l’exigence sa règle de vie. Cette mystique qui ne se départit jamais en lui du culte de l’amitié, de l’amour de la rencontre, de l’acceptation du débat explique la force cosmogonique de ses romans, tellurique de ses essais. C’est en elles que nous puisons aujourd’hui et puiserons demain jusqu’à ce qu’il soit de retour parmi nous.
Le combat ne fait que commencer. Avec Boualem Sansal nous sommes. Auprès de Boualem Sansal nous nous tiendrons. Pour sa liberté. Pour notre liberté. Pour la liberté. ■ KJEAN-FRANÇOIS COLOSIMO
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