Par Aristide Ankou.
En regard des vœux d’Emmanuel Macron, d’avis unanime verbeux, illusoires et menteurs, en voici d’autres qui sont tout l’inverse. La simplicité, le talent, l’esprit critique en plus. Le lecteur rétablira, s’il se peut, l’équilibre selon son humeur et sa nature.
« Désolé, et bonne année quand même ! »
Bon, on ne va pas se mentir, hein ? L’année écoulée n’a pas été terrible, terrible, et celle qui commence ne s’annonce pas mieux. Comme toutes celles qui lui succéderont, d’ailleurs.
Et en effet, que pourrais-je vous souhaiter ?
La fortune ? Mais l’argent ne fait pas le bonheur, mon pauvre ami. Et de toute façon vous n’en aurez jamais. Et si vous en aviez, vous ne sauriez pas vous en servir. Oublions la fortune.
L’amour ? Ahlala ! Mais vous ne savez donc pas que « tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux et lâches, méprisables et sensuels ; toutes les femmes sont perfides, artificieuses, vaniteuses, curieuses et dépravées » ? L’amour ? Non, non, demandez moi plutôt de vous souhaiter d’être épargné par cette lèpre de l’âme.
La gloire ? Malheureux ! « Jette les yeux sur le très prompt oubli dans lequel tombent toutes choses, sur le gouffre du temps qui, des deux côtés, s’ouvre à l’infini, sur la vanité du retentissement, la versatilité et l’irréflexion de ceux qui paraissent te bénir, l’exiguïté du lieu où la renommée est circonscrite. »
La sagesse ? Ca existe ça, la sagesse ? Soyons sérieux : si vous étiez sage vous ne seriez pas en train de me lire sur Facebook. La sagesse n’est pas pour vous.
La sainteté ? Ouhla ! Excellent programme, la sainteté, mais tout quitter, porter sa croix, aimer ses ennemis… Que ta volonté soit faite, Seigneur, mais si ça pouvait attendre encore un peu… Nous sommes d’accord : la sainteté ce sera pour un peu plus tard.
La réussite professionnelle ? Mais pauvre niais, le travail c’est l’aliénation comme dit si bien tonton Karl, et puis c’est aussi les autres et les autres c’est l’enfer, comme dit si bien tonton Jean-Paul.
La santé alors ? Mais à quoi sert d’être en bonne santé si on ne peut jouir d’aucun bien ? Je vous souhaiterais plutôt de ne pas trop vous attarder en cet égout sans fond qu’on appelle le monde.
Non, vraiment je ne vois pas.
Ah si ! Ecraser ses ennemis, les voir mourir devant soi, écouter les lamentations de leurs femmes : ça c’est bath !
Le problème, c’est que vous êtes trop insignifiant pour avoir des ennemis à écraser.
Donc, bon, on va s’arrêter là. J’aurais essayé, hein ?
Désolé, et bonne année quand même ! ■ ARISTIDE ANKOU
* Précédemment paru sur la riche page Facebook de l’auteur, (le 1er janvier 2025).
Aristide Ankou
« c’est bath » : vocabulaire daté 1960..
Je crois bien que c’est voulu, n’est-ce pas ?