« Les citoyens ne croientplus en nous », soufflait au Figaro du 24 octobre l’ancien député macroniste Patrick Vignal.
Par François Marcilhac.
La présence du comte et de la comtesse de Paris, ainsi que du dauphin de France, à la cérémonie de réouverture de Notre-Dame, le 7 décembre — le comte de Paris a également assisté à la messe du 8 décembre —, est un signe d’espoir pour la France.
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« Un grand moment de communion »
Non seulement en raison du lien particulier que les rois ont toujours entretenu avec la cathédrale mais, plus profondément, parce que, comme le Prince le dit dans son communiqué annonçant la venue de la famille de France : « Notre-Dame, joyau de notre histoire construite sous nos Rois et symbole de l’âme de Paris, notre capitale, retrouve aujourd’hui toute sa splendeur. Le Prince est heureux de partager ce moment avec tous ceux qui ont œuvré pour le retour à la vie de cet édifice, avec les invités de la France et le public présent ». Et de témoigner à Point de vue le 8 décembre : « La cathédrale nous a offert un grand moment de communion ».
Le comte de Paris ne pouvait pas mieux dire, car c’est bien de communion que les Français ont besoin, en cette période par ailleurs si incertaine de notre vie nationale. L’incendie, au début de la Semaine sainte de 2019, avait plongé la France, toute la France, et une grande partie du monde, dans l’affliction, mais un affliction qui ne pouvait qu’avoir du sens : Notre-Dame était appelée à la résurrection, une résurrection qui ne pouvait pas être seulement patrimoniale mais invitait à une communion supérieure du peuple de France avec son identité profonde, pour les Français eux-mêmes et sous le regard du monde : identité tout à la fois spirituelle, historique et politique, verticale et horizontale, qu’incarne précisément le comte de Paris. Le Prince faisait lien, ces 7 et 8 décembre, entre, d’une part, lui-même et une transcendance nécessaire au politique, sans laquelle le politique risque de devenir fou, et, d’autre part, lui-même et les Français, quelles que soient, par ailleurs, leurs convictions, car tous sont appelés à cette communion nationale. La devise de Jean de France n’est-elle pas : « Je pense en Prince chrétien, j’agis en Princefrançais » ? Que Notre-Dame soit le lieu même de notre centralité nationale — jusqu’à être le kilomètre zéro de toute distance ! — n’exclut personne dans une France qui ne renie rien de son être.
« Renouer le pacte historique et nécessaire »
Ce lien, il nous appartient de le fortifier de nouveau, en le rendant tous les jours plus concret aux yeux des Français. Cette même année 2019, mais en février, le jour des obsèques de son père, le nouveau comte de Paris publiait un communiqué dans lequel il invitait les Français à « renouer le pacte historique et nécessaire entre la Nation et la Famille royale ». Il se mettait dans les pas de ses aïeux, notamment de son arrière-grand-oncle, Philippe VII, comte de Paris, qui écrivait en 1888 qu’il y a « deux choses qui ont vécu mille ans, et qui ne peuvent être grandes que par leur union : l’idée nationale française et la race capétienne. Il est beau de pouvoir encore travailler à les réunir ». Ces mille ans, à l’époque, c’étaient ceux qui séparaient Philippe VII d’Eudes, qui échangeait pour la première fois, en 888, son titre de comte de Paris pour celui de roi. Aujourd’hui, la France et avec elle notre dynastie sont plus que millénaires. Mais les Français attendent toujours de renouer le pacte historique. C’est que nous n’avons pas encore assez travaillé !
En ce début d’année 2025, nous ne sommes pas enclins à évoquer la vie politique, tant sa médiocrité éclabousse la dignité des Français. On a même appris peu avant Noël qu’un ancien président de la République, définitivement condamné pour corruption à un an de bracelet électronique, se tournait vers une juridiction étrangère, la Cour européenne des droits de l’homme, pour faire condamner la justice de son propre pays ! C’est dire combien jusqu’au plus haut sommet du pays légal républicain on a perdu tout repère, combien la France ne compte plus. C’est pourquoi il faut faire face en allant à l’essentiel, au moment où une crise politique se double d’une crise de régime, les institutions ne pouvant manifestement plus absorber ce mensonge d’une VeRépublique rempart contre les oligarchies qui veulent monopoliser l’État, alors même qu’elle est désormais leur vecteur le plus direct et le plus sûr. Nous ne le répéterons jamais assez : la VeRépublique apparaissait comme la moins mauvaise république en ce qu’elle paraissait la moins républicaine de toutes. Du moins, est-ce ainsi que De Gaulle l’avait, affirmait-il, conçue et voulue. Or, très tôt, dès 1965, le pari était perdu. Peu à peu, les partis, les factions, les oligarchies l’ont investie. Et, à travers l’« Europe » et l’OTAN, elle est redevenue le règne de l’étranger.
« Sauve qui peut ! »
C’est pourquoi il est temps, grand temps, même, de tirer de toute notre histoire politique et nationale, pour l’avenir, une fois libéréede tous les réflexes conditionnés et de toutes les inhibitions enseignés aux Français par l’école de la République, des leçons capables de bouleverser notre regard politique. Pour revenir aux Capétiens ? Non pas revenir, mais poursuivre une amitié entre un peuple et sa dynastie qui fut celle de la France durant mille ans et assura à la fois son existence et sa grandeur. D’autant que les bienfaits de la monarchie découlent de sa nature même : le fait que le roi échappe à l’élection est le principe de base d’où découlent tous les avantages de ce régime, car cela garantit son impartialité et son indépendance. Le roi ne dépend de personne. « Et c’est bien ce qui change tout » (Prince Jean). Pourtant, nul danger de despotisme : « En monarchie », poursuit le Prince, « le despotisme est à la fois impraticable, dans la mesure où l’on se place sur le long terme, et inutile : disposant du pouvoir de décision ultime, le roi n’a pas besoin d’être despotique, ceci étant d’ailleurs, en général, une manifestation de faiblesse ». La monarchie est donc à l’opposé de l’exercice solitaire, « personnel », du pouvoir. De plus, l’existence de lois fondamentales intangibles (contrairement aux constitutions républicaines) garantit l’État de droit en monarchie royale. Ce que rappelait le grand-père du Prince Jean, Henri VI, dans une Lettre aux Français : « Jusqu’à la fin, la monarchie fut un pouvoir soumis à des lois fondamentales, non écrites, qu’elle n’avait pas la possibilité de transformer, et limitépar l’immense réseau de contre-pouvoirs et de libertés que la société avait tissé au fil des siècles. […] Il était possible d’organiser ces libertés vivantes dans un système moderne de représentation et de redonner aux communautés locales l’autonomie qu’elles avaient perdue ». Malheureusement, la Révolution interdit aux Français de prendre le tournant d’une modernité qui répondît véritablement à la fois à la nature politique et aux besoins du pays, notamment en matière de représentation. Nous le payons toujours, et même de plus en plus chèrement : c’est le pays réel qui est aujourd’hui menacé de disparition, placé qu’il est entre une Europe despotique et l’invasion migratoire que cette même Europe favorise et qui menace sa cohésion profonde.
Parce que, Français depuis Louis-Philippe, mais, qu’abandonnés par la République, ils sont de nos compatriotes les plus pauvres, ceux, donc, qui auraient le plus besoin d’un roi protecteur, c’est aux Mahorais que l’Action française, qui a tant combattu pour qu’ils puissent rester Français, tient à envoyer un message d’indéfectible solidarité en ce début d’année. En effet, pourquoi être royaliste en ce premier quart du XXIe siècle ? Parce que : « SAUVE QUI PEUT ! » Comme le disait Pierre Boutang, si les royalistes en appellent au Prince, c’est qu’ils en appellent à celui-là seul qui peut sauver, non seulement la paix civile mais plus fondamentalement la nation elle-même. Nous envoyons à Monseigneur le comte de Paris, à Madame, au Dauphin, ainsi qu’à toute la Famille de France nos vœux les plus sincères. ■ FRANÇOIS MARCILHAC
Que pèse légitimité conférée par l’élection d’un dirigeant minoritaire et temporaire face à la légitimité royale ?
Poser la question c’est y répondre
Merci à François Marcilhac qui rappelle magnifiquement, dans cet éditorial, où se trouve la véritable espérance pour le peuple de France : renouer son lien d’amitié, jamais disparu même s’il est souvent enfoui dans les sources vives de sa conscience, avec son Roi. Je m’unis personnellement aux voeux que François Marcilhac adresse à Monseigneur le comte de Paris, à Madame, au Dauphin et à toute la Famille de France.
Enfin Francois Marcilhac exprime clairement ce qui est une evidence historique