Le « réarmement démographique » se fait attendre. La cigogne française gagnée par la paresse
Par Dominique Labarrière.
Ce billet tout en allégories, le plus souvent terriennes, est paru hier, 16 janvier dans Causeur Il alerte – comme beaucoup le font ces temps ci – sur la gravissime question de notre dénatalité. Laquelle est le signe et l’effet du malaise des profondeurs – politique, sociétal, économique, culturel, moral et en définitive anthropologique – qui atteint la France dans son être même et chacun de ses enfants, depuis la Révolution française. Si nous datons ce malaise existentiel de la Révolution française, ce n’est pas par l’effet de notre royalisme, c’est en nous rappelant que la France d’Ancien Régime, notamment au XVIIIe siècle était de très très loin le Pays le plus peuplé d’Europe. Ce n’est plus le cas et c’est l’appel d’air de notre dénatalité qui, entre autres raisons, permet aux pressions migratoires d’envahir la France sans qu’elle résiste vigoureusement à cette invasion, comme elle l’avait fait en toute occasion dans les divers contextes d’autrefois.
Voir aussi notre publication d’hier 16 janvier : « Réarmement démographique », SNU, baisses d’impôts… Le cimetière des annonces de Macron, un an après sa grande conférence de presse… Vu par Le Figaro…
L’Institut national des statistiques et études économiques (INSEE) vient de publier son bilan démographique annuel1. Pas brillant. Pour la seconde année consécutive le nombre des naissances n’a pas atteint la barre des sept-cent mille. D’une année sur l’autre, 2023 par rapport à 2024, la baisse est de 2,2%, ne faisant que confirmer une tendance constamment observée depuis 2011. La chute, il est vrai, avait été autrement sévère en 2023 par rapport à 2022 puisqu’elle était de 7%. Seule embellie dans la période, 2021, à la suite de l’épidémie de Covid-19 où le taux de natalité avait repris des couleurs. À chacun de donner l’explication qui lui convient. Le confinement forcé, peut-être… Il n’empêche, la situation est préoccupante. D’ailleurs, le président de la République s’en était ému alors, promettant la mise en place d’un plan de « réarmement démographique » comprenant une série de mesures destinées à sortir Dame cigogne d’une torpeur si dommageable. Aux dernières informations livrées par le ministère de la Santé le plan serait toujours « en cours d’instruction ». Formulation délicate pour signifier que l’accouchement n’est pas pour demain. Dans l’euphorie de l’annonce, les services compétents avaient envisagé la création d’un logo « repro-toxique » à faire figurer sur certains produits cosmétiques dont l’usage obérerait les chances de procréation. Une mise en garde, un peu à la matière des mentions de prévention contre les sucres saturés et les corps gras sur les emballages de pâtes à tartiner. Efficacité garantie, probablement…
Cela dit, à l’exception semble-t-il du Portugal sur la dernière décennie, et de la Bulgarie, la France fait mieux en matière de natalité et de fécondité que ses partenaires européens. Maigre consolation.
Chez nous, le nombre de femmes sans enfants croît alors que le nombre de celles ayant trois enfants – quasiment la norme française voilà encore quelques décennies – régresse très fortement. « L’âge conjoncturel moyen à l’accouchement en 2024 » nous dit élégamment l’INSEE est de 31,4 ans, alors qu’il était de 29,5 vingt ans plus tôt. Conséquence logique, l’âge de la femme étant plus élevé, le nombre d’enfants à naître se trouve d’autant limité.
Bref, chez nous, l’enthousiasme à procréer ne serait pas au rendez-vous. Incertitude face à l’avenir, précarité, logement, éco-anxiété sont quelques une des raisons avancées. Par exemple, à dire d’experts, la baisse de fécondation enregistrée au mois d’octobre 2023 serait imputable à l’explosion du conflit israélo-palestinien…
Toujours est-il que cette tendance à la dénatalité est lourde de menaces. Le pays vieillit. Un pays qui vieillit s’ennuie. Un pays qui s’ennuie renonce, s’enfonce dans l’abandon de soi. Raymond Aron mettait en garde les nations occidentales contre le vertige du « suicide par dénatalité ». Sans doute les incertitudes, les laideurs du monde tel qu’il est ont leur part dans la désaffection pour la procréation, mais peut-être bien n’est-ce qu’une explication commode. Un alibi facile. Nous avons vu que l’INSEE a constaté une hausse de la fécondité au moment de la crise du Covid. Est-ce que la situation était des plus joyeuses, facile à vivre à ce moment-là ? Est-ce que l’avenir à proche, moyen ou long terme s’annonçait radieux ? Certes non. Et pourtant… Il paraît établi aujourd’hui que le fameux baby-boom qu’on situe de 1946 à 1974 se serait en fait amorcé dès 1942. Là encore, est-ce que la vie était belle et le futur radieux sous la botte?
Il se peut que les raisons – sans totalement exclure celles évoquées ici – soient autres : le refus moral de l’engagement, la ringardisation idéologique de la famille et conséquemment du couple. Avec pour résultat glaçant l’explosion des solitudes non réellement désirées. Et à terme, rampant, le venin d’une sorte de dépression collective que le vieillissement de la population, inéluctable si rien ne change, ne ferait qu’aggraver.
Une question tout de même : une politique qui a pour sujets de prédilection les retraites, la gestion plus ou moins éclairée de la fin de vie, l’inscription solennelle de l’avortement dans la Constitution est-elle de nature à donner envie d’avoir envie ?
Avant de penser à coller du logo inutile sur la crème de jour ou de nuit, peut-être devrait-on se poser ce genre de questions. Car il ne faudrait tout de même pas que, chez nous, en France, d’espèce menacée la cigogne devienne espèce disparue. On peut se passer de beaucoup de choses dans la vie de nos villes et de nos campagnes, certainement pas du rire des enfants dans une cour d’école. ■ DOMINIQUE LABARRIÈRE
On parle de manque de logements , difficultés financières , angoisse du lendemain , civilisation et pays en déclin et jusqu’à la pollution de la terre au climat inquiétant.. Mais on oublie la société, les couples qui ne tiennent pas les femmes qui élèvent seules des enfants plus difficiles et moins obeïssants qu’autrefois dans un pays qui se rėvèle chaque jour un peu plus ravagé par la drogue.
Aucune envie de mettre des enfants en compétition dans un monde incertain et dur où chaque minute est un combat quand personne ne prend ses responsabilités avec des gouvernements qui donnent l’exemple.
Pour avoir envie de transmettre la vie il fautsoi même aimer cette vie et pas sûr que ce soit le cas.
Nous sommes devenus un peuple triste et angoissé pour lequel « demain « n’offre pas beaucoup d’espoir Bien plus que le physique et le matèriel notre moral et notre foi perdus sont en cause. .
On fait là abstraction de l’hédonisme qui irrigue l’esprit des générations de trentenaires bien insérés. On a fait des études souvent longues et ardues, on gagne désormais sa vie très correctement ; certes on bosse beaucoup et tard le soir. Mais à la sortie des bureaux, on se retrouve avec les copains dans des bistrots, on boit un coup, on se détend.
Il suffit de passer dans le centre de Paris (et le centre de Paris, c’est énorme si on y inclut Saint-Germain, Montparnasse, Montmartre, le Trocadéro, les Champs-Élysées et la Bastille, etc.) pour voir,et pas seulement à la belle saison des terrasses bourdonnantes et des restaurants pleins.
Et cette génération aime aussi le voyage, partir trois jours ici, trois semaines là ; mes jeunes collaborateurs ne rechignaient jamais à rester tard le soir, jusqu’à 20h, 21h, 22h mais m’auraient arraché les yeux si je leur avais refusé leurs jours de congés aditionnés de leurs chères RTT.
Lorsqu’on vit cette vie-là, comment pouvoir avoir des enfants qui sont charges et contraintes ? On se dit qu’on a le temps, qu’on en fera plus tard, à l’approche de la quarantaine…. Et la quarantaine arrive, et il est trop tard, d’autant plus que les couples initialement formés se sont séparés…
Et c’est pourquoi votre fille est muette…