Cette chronique que nous reprenons sans commentaire – les lecteurs s’y emploieront si besoin est – est parue dans le Figaro de ce matin du 23 janvier. Nous dirons seulement que, dans l’ordre du réel, comme dirait Maurras, ce que recouvre le terme « antiracisme » en France et en Occident, n’a pas à être « instrumentalisé » car il est lui-même, déjà, instrumentalisation, à l’effet masqué d’un racisme antiblanc bien réel, d’une part, et à l’effet, d’autre part, d’empêcher toute politique restrictive de l »immigration massive et de culpabiliser toute réflexion sur le sujet. Dans l’ordre du réel, donc, ce qu’on appelle antiracisme en France et en Occident s’analyse comme une entreprise contre la France. Telle est, à ce stade, notre position.
« S’il passe une centaine de pages à nous démontrer que la race blanche n’existe pas, c’est pour mieux démontrer que le racisme antiblanc n’existe pas, qu’il est un fantasme d’extrême droite, une panique morale »
CHRONIQUE – Dans Il n’y a pas de race blanche (Grasset), le démographe rappelle le bêtisier des théories raciales scientifiques du XIXe siècle. Mais c’est pour mieux réfuter l’existence d’un racisme antiblanc ou d’un quelconque problème d’immigration. Un art subtil du déni.
Le serpent de mer sur les statistiques ethniques a été relancé en ce début d’année, alors que l’Insee a ajouté une nouvelle question à son traditionnel recensement annuel : celle du lieu de naissance de la mère ou du père. Immédiatement, la Ligue des droits de l’homme, le MRAP et les syndicats ont protesté contre cette quête des origines, y voyant un potentiel de discrimination. Aussitôt une responsable de l’Insee a tenu à rassurer : cette question ne serait utilisée que pour mettre en évidence des inégalités et mieux lutter contre elles. Tout le débat est là : les statistiques sur l’origine (terme plus juste que « statistiques ethniques », qui est destiné à faire peur) ne sont tolérées que si elles permettent de mettre en œuvre de la discrimination positive, réprouvée si elles mettent en exergue le lien entre délinquance et origine migratoire.
La France est l’un des rares pays développés à pratiquer l’aveuglement volontaire sur la composition de sa population. Ce déni français est lié aux pratiques infamantes du régime de Vichy, mais aussi au lobbying de certains universitaires. Le démographe Hervé Le Bras en fait partie. Lui a au moins la cohérence de s’opposer à toute forme de statistiques ethniques, y compris pour la discrimination positive. À la fin des années 1990, une intense polémique avait opposé l’Ined à Michèle Tribalat, qui réclamait qu’on collecte des données plus précises sur l’origine des populations pour mieux comprendre les dynamiques démographiques de notre pays.
C’est avec ce passif en tête que nous avons ouvert son dernier livre, Il n’y a pas de race blanche (Grasset) , second opus qu’il publie après Il n’y a pas de grand remplacement. Que les races n’existent pas, c’est un constat démontré par la science depuis bien longtemps. Le démographe consacre des pages passionnantes à l’« énorme sottisier accumulé par deux siècles de théories raciales », du grossier découpage de Linné en quatre races (les « Blancs », les « Rouges », les « Jaunes » et les « Noirs ») à la nomenclature plus détaillée de la cranologie de Broca, en passant par élucubrations de Kant. Il a le mérite de mettre en avant un aspect souvent oublié : c’est la modernité, et plus encore la modernité scientifique, qui a inventé le racisme biologique. Après les Lumières, le déclin de l’explication chrétienne du monde, qui prêtait une origine commune à tous les hommes, a laissé place à une tentative de classification des humains aux origines diverses.
Le livre aurait dû s’appeler «Il n’y a pas de race noire»
Il est vrai que ce rappel ne serait pas inutile à quelques suprémacistes blancs ou adeptes d’une division ethnique du QI qui prospèrent notamment aux États-Unis. Leur fantasme d’une race blanche pure est inepte tout simplement parce qu’il est impossible de tronçonner clairement le genre humain en races : les naturalistes du XIXe siècle ne se sont d’ailleurs jamais mis d’accord sur leur nombre. Les suprémacistes blancs partagent avec les immigrationnistes une vision déracinée de l’homme : réduire l’homme à son génome ou à sa couleur de peau, c’est le déraciner de toute appartenance. Un « Blanc » américain serait la même chose qu’un « Blanc » français ou suédois, abstraction faite de leur histoire, de leur nation, de leur langue ou de leur culture, tout comme le « migrant » est une monade interchangeable déchargée de tout bagage culturel.
En réalité, le livre de Le Bras aurait dû s’appeler « Il n’y a pas de race noire ». Car ce sont bien les penseurs afro-américains de la théorie critique de la race qui ont remis la race au cœur du débat. Hervé Le Bras n’ignore pas le sujet. Il développe de longues pages sur les penseurs du racialisme noir, à l’instar de Du Bois, qui ont réveillé « l’unité d’une race blanche définie comme le négatif d’une race noire Le problème est que, si la race biologique n’existe évidemment pas, les individus continuent malgré tout à s’identifier à un ressenti d’appartenance à une communauté marquée par certaines caractéristiques, dont la couleur de peau. Encore cette semaine, une alerte enlèvement mise en œuvre par les services de l’État décrivait un homme à rechercher comme de « type maghrébin ». Il est impossible de définir scientifiquement ce qu’est le « type maghrébin », mais en réalité tout le monde sait exactement à quoi cela renvoie et, lorsqu’il y a urgence, on ne s’embarrasse pas. On navigue là entre deux écueils : celui d’un essentialisme qui tenterait, en vain, de définir des contours biologiques précis à la race. Celui d’un pur nominalisme, qui refuse de nommer le réel, car tout langage est jugé trop généralisant. Ainsi Le Bras cite le philosophe Balibar, qui déplore que malgré l’ineptie du racisme biologique les « noms de race continuent à fonctionner », ainsi les mots « Européens », « Noirs », « Orientaux », « Arabes » « musulmans » « immigrés ». Mélanger sciemment ces catégories qui n’ont rien à voir, c’est s’interdire de nommer le réel. De même, entre l’écueil des statistiques ethniques à l’anglo-saxonne, qui propose à chacun de s’identifier à une race, ce qui catalyse le communautarisme, et l’aveuglement volontaire de la république française, il doit y avoir une voie.
Hervé Le Bras utilise l’ineptie des théories raciales biologiques pour conclure à l’ineptie de toute critique d’une délinquance issue de l’immigration. Il commence son livre par les événements de Crépol, où le jeune Thomas avait été assassiné lors d’une soirée villageoise par une bande de jeunes venus d’une cité voisine. Le démographe rapporte curieusement les faits. Il qualifie cet événement de « fait divers tel que rapporté par Le Monde » et met en doute la phrase « on est là pour tuer des Blancs » rapportée par un témoin, publiée par Le Dauphiné libéré. On voit clairement où veut en venir Hervé Le Bras. S’il passe une centaine de pages à nous démontrer que la race blanche n’existe pas, c’est pour mieux démontrer que le racisme antiblanc n’existe pas, qu’il est un fantasme d’extrême droite, une panique morale. Bizarrement, alors que la race noire n’existe pas non plus, Hervé Le Bras ne dit pas que le racisme antinoir n’existe pas.
Dans L’Art d’avoir toujours raison, Schopenhauer appelle « argument de l’homme de paille » la rhétorique qui consiste à prêter à son adversaire une opinion caricaturale ou exagérée pour mieux la réfuter. C’est exactement ce que fait Hervé Le Bras dans cet ouvrage : il déterre les vieilles théories raciales pour mieux réfuter toute critique de l’immigration et de ses conséquences. Il instrumentalise l’antiracisme pour stériliser toute critique du multiculturalisme et réfuter tous ceux qui dénoncent des problèmes liés à l’absence d’intégration. Parler d’« ensauvagement », de « Français d’origine européenne », de « prénom français » ou même de « risque de guerre civile » ou de « risque de partition », c’est déjà selon lui adopter un langage qui se rapproche de celui des théories racistes élaborées tout au long du XIXe siècle. Au nom de ce qui se révèle au fond comme une laborieuse et raffinée reductio ad hitlerum, Le Bras nous interdit les mots qui peuvent permettre de nommer le malaise contemporain. Il poursuit son œuvre d’artisan du déni français. ■ EUGÉNIE BASTIÉ
Je pense qu’il n’y a pas de problème de racisme en France, la couleur de peau n’importe pas sauf peut-être chez 3 pelés et 2 tondus bas du plafond. Le problème n’est pas racial, il est culturel et surtout cultuel. Ce ne sont pas les arabes ou les noirs qui posent problème, ce sont les musulmans, tout ceux qui font allégeance à l’islam , l’islam qui est religion et système politique (en même temps comme dirait l’insupportable et ignare gamin locataire de l’Elysée). L’islam est et restera incompatible avec la culture judéo-chrétienne qui est la nôtre. C’est là que réside le problème de l’immigration.