« Quand il pleut, il pleut. Quand l’immigration sauvage déferle sur un territoire, on fait comme Trump avec les Colombiens : on les renvoie chez eux, et si le pays proteste, parce que comme Cuba lors de l’Exode de Mariel, ce ne sont pas les plus diplômés ni les plus vaillants qui se pressent aux portes des pays « riches », on fait pression sur lui pour le forcer à récupérer… ses concitoyens. »
Par Jean-Paul Brighelli.
Article paru hier dans Causeur (29.I.2025). Quel talent, ce Brighelli ! Il n’est pas nécessaire d’ajouter un commentaire !
« Submersion migratoire… » Que n’avait-il pas dit là ! Le PS s’indigne, et se venge en reportant sine die les discussions sur… le budget. Na ! François Bayrou devrait savoir, analyse notre chroniqueur, que dire la vérité n’est pas une option, en politique, surtout quand tous les autres sont dans le déni.
« Submersion migratoire et vagues d’indignations ».
François Bayrou, qui a des Lettres, maîtrise donc le concept de métaphore filée. On parle communément de « vague migratoire ». Rentrant de Mayotte, l’île dévastée de concert par le cyclone Chido et par l’afflux (tiens, moi aussi je m’adonne aux images aquatiques) de clandestins comoriens et africains, il a parlé sur LCI de « submersion migratoire ». La vague était un tsunami.
Bataille lexicale
Aussitôt le PS, qui devait rencontrer le Premier ministre à propos du Budget, dont le vote est suspendu à une motion de censure, pure manifestation de mauvaise humeur, reporte l’entrevue, et pousse de hauts cris. Comment ! Bayrou emprunte le vocabulaire de l’extrêêême droite ? Pierre Jouvet, secrétaire général du PS (ils ont autant de responsables de haut rang, dans ce micro-parti, qu’une armée mexicaine, histoire de donner un peu de visibilité aux militants du troisième rayon) s’indigne sur BFMTV : « On ne combat pas l’extrême droite en utilisant ses mots. »
Ils ont sans doute tenu un brainstorming pour élaborer des « éléments de langage », comme on dit désormais quand on ne sait pas quoi dire. Au même moment, dans Le Monde, Clément Guillou se lance dans une analyse gramscienne : « C’était l’une des obsessions de Patrick Buisson (1949-2023), le théoricien maurrassien et conseiller d’hommes politiques de droite et d’extrême droite : imposer les mots de son camp dans le débat public pour influencer les « sensibilités et les tempéraments ». Une conquête lexicale nécessaire pour construire une « hégémonie culturelle », selon le concept développé par le philosophe marxiste Antonio Gramsci (1891-1937), concurrente à celle de la gauche. L’un des disciples de Patrick Buisson, Éric Zemmour, aime, lui, citer Lénine, pour souligner l’importance des mots dans le combat politique : « Faites-leur manger le mot, vous leur ferez avaler la chose. »
Ah, mais si Zemmour cite Lénine, c’est que Lénine est mauvais — mieux vaut la pensée de Boris Vallaud…
Quand il pleut, il pleut. Quand l’immigration sauvage déferle sur un territoire, on fait comme Trump avec les Colombiens : on les renvoie chez eux, et si le pays proteste, parce que comme Cuba lors de l’Exode de Mariel, ce ne sont pas les plus diplômés ni les plus vaillants qui se pressent aux portes des pays « riches », on fait pression sur lui pour le forcer à récupérer… ses concitoyens.
Pendant ce temps, la France récupère les Algériens sous OQTF parce que leur pays refuse de récupérer ses racailles et ses agents d’influence d’exportation. Il suffirait pourtant de presque rien : rayer les accords de 1968, et refuser l’accès des hôpitaux français aux représentants de cette nomenklatura militaro-islamiste cacochyme qui vient se faire soigner en France en laissant des dizaines de millions d’euros d’ardoise impayée.
Déni
Un sondage CSA publié ce mardi indique que 65 % des Français estiment que la France est bien « submergée par l’immigration ». Mais ces Français-là n’habitent pas Paris, ce sont des Français ordinaires, pas des résidents des beaux quartiers qui votent avec le cœur à gauche et leur portefeuille chez les Verts — ou chez LFI, car on a désormais le droit d’être de gauche et antisémite.
Il n’y a d’ailleurs pas que le PS à choisir le déni. Yaël Braun-Pivet, la présidente macroniste de l’Assemblée nationale, est « gênée ». « Je n’aurais jamais tenu ces propos, ils me gênent », a-t-elle dit à l’antenne de BFM TV. À l’Assemblée, le chef de file des députés socialistes se drape dans le manteau protecteur du laxisme aveugle : « Si vous gouvernez avec les préceptes de l’extrême droite, nous finirons gouvernés par l’extrême droite et vous en aurez été le complice. » La Cimade se roule par terre. Les collectifs de sans-papiers suffoquent. Appelée toutes affaires cessantes sur le plateau de France Info, la députée EELV Cyrielle Chatelain peine à ventiler, groggy : « C’est honteux, ça m’a extrêmement choquée qu’un Premier ministre utilise le terme de « submersion migratoire » et vienne l’accréditer. » Molière notait déjà, dans Tartuffe : « Ils veulent que chacun soit aveugle comme eux.
C’est être libertin que d’avoir de bons yeux. »
La gauche, sans cesse à courir après les voix des « nouveaux prolétaires », se déconsidère chaque jour davantage. Ils finiront laminés — ce qui en soi ne me gêne guère, mais si c’est pour laisser la place à une nouvelle équipe de bras cassés emmenés par Jordan Bardella…
Ô mes amis parisiens, s’il m’en reste ! Venez donc vivre quinze jours à Marseille, à Nantes, à Grenoble, partout où la pression migratoire se fait si forte que les nouveaux venus n’ont d’issue que dans le banditisme, le narco-trafic et l’islamisme décomplexé — et vous verrez jusqu’où monte la submersion. Ce n’est plus un flux, c’est une vague tueuse — moi aussi je sais filer des métaphores. De la même manière que Météo-France lance des alertes lors d’épisodes météorologiques extrêmes, il faut créer un Observatoire des flux migratoires, qui préviendrait en temps réel toutes les villes qui sont en train de dépasser la côte d’alerte. Parce que comme l’a précisé Bayrou, ce ne sont pas les mots qui sont choquants : ce sont les réalités. ■ JEAN-PAUL BRIGHELLI
Agrégé de Lettres modernes, ancien élève de l’École normale supérieure de Saint-Cloud, Jean-Paul Brighelli est enseignant à Marseille, essayiste et spécialiste des questions d’éducation. Il est notamment l’auteur de La fabrique du crétin (éd. Jean-Claude Gawsewitch, 2005).
L’école sous emprise : 19,00 €
On peut même ajouter, pour parler des submersion : aller à Lampedusa ou aux Canaries, là où la submersion est …réelle…