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Par Pierre Builly.
Les Demoiselles de Rochefort de Jacques Demy (1967).
Le plus gracieux film du monde.
Introduction : Delphine et Solange sont des jumelles de vingt-cinq ans ravissantes et spirituelles. Delphine, la blonde, donne des leçons de danse et Solange, la rousse, des leçons de solfège. Elles vivent dans la musique, comme d’autres vivent dans la lune et rêvent de rencontrer le grand amour au coin de la rue. Une foire vient tout juste de s’installer dans la charmante ville de Rochefort et c’est l’été…
Un moment de grâce pure, de légèreté, d’allégresse, où tout, absolument tout, concorde pour mettre le spectateur à l’unisson du miracle : la sublime musique de Michel Legrand – présente dans toutes les mémoires et dans l’inconscient collectif presque soixante ans après sa composition, la photogénie de Rochefort, le talent de tous les interprètes, de l’inquiétant Subtil Dutrouz (Henri Crémieux) à l’éternelle beauté d’Yvonne (Danielle Darrieux ), la grâce magique des sœurs jumelles (on dirait que l’habituelle réserve de Catherine Deneuve s’écarte là un peu grâce à la vivacité de Françoise Dorléac).
Et tout cela grâce au courage de Jacques Demy de réaliser des féeries. Moins audacieux que le tendre mélodrame des Parapluies de Cherbourg, réalisé trois ans auparavant, moins fantasmatique que le conte de Peau d’âne, tourné trois ans après, mais davantage absolument réussi.
Marqueterie délicate que Les Demoiselles où l’artificialité de l’anecdote, par son caractère même, accroît encore la sensation de plaisir continu : la lumière de Rochefort se renforce de la beauté des demoiselles, la qualité de la musique s’appuie sur la vivacité des dialogues parlés, le charme des rues et des places se conforte des citations cinématographiques. Et un travail exemplaire sur les couleurs et sur les espaces, qu’on remarque davantage à chaque vision du film.
Qu’est-ce qu’on peut chipoter ? Il me semble que George Chakiris est trop lié à West side story pour pouvoir en réchapper… et c’est à peu près tout.
Bientôt soixante ans et pas une seule ride : pour l’éternité, les Demoiselles ont vingt-cinq ans.
Et Françoise Dorléac n’est jamais morte. ■
DVD autour de 10€.
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Chroniques hebdomadaires en principe publiées le dimanche.