Plus que jamais, chaque euro dépensé doit servir nos intérêts nationaux et les peuples qui en ont réellement besoin.
Le retour au réel est urgent ! Notre pays ne peut continuer à sacrifier ses finances publiques sur l’autel d’une générosité mal placée.
TRIBUNE – Alors qu’Elon Musk et Donald Trump suspendent brutalement l’aide internationale américaine, la France doit s’interroger sur l’efficacité de sa propre aide publique au développement, estime le député RN Guillaume Bigot au nom du cercle des Horaces.
Les Horaces sont un cercle de hauts fonctionnaires, d’universitaires, d’entrepreneurs et de penseurs réfléchissant auprès de Marine Le Pen. Guillaume Bigot, député Rassemblement national du Territoire de Belfort, en est le référent sur les questions de politique étrangère et de développement.
La suspension par Donald Trump des activités d’USAID, l’agence américaine de développement accusée de dilapider l’argent public sans servir les intérêts des États-Unis, doit nous interpeller. Avec discernement et sans imiter la brutalité de la Maison-Blanche, la France doit, elle aussi, avoir le courage de dresser le bilan coût-avantage de son aide publique au développement (APD).
Avec 15 milliards d’euros par an, notre APD est un gouffre financier pour des résultats malheureusement limités. Depuis 2017, Paris s’est lancé dans une surenchère à la générosité internationale. Comme le dénonce la Cour des comptes, 25 milliards ont été engloutis en six ans dans des structures multilatérales sans contrôle ni transparence. 72 % de ces financements sont des contributions volontaires. Une anomalie ruineuse voulue par Emmanuel Macron pour compenser la baisse de nos apports aux organisations internationales du fait de la diminution relative du PIB français. Le président a cherché à dissimuler cette dégringolade par l’augmentation des dons. Face à la communauté internationale, Paris agit tel un châtelain désargenté qui organiserait des bals pour masquer sa misère…
Quant à l’Union européenne, elle contribue à cette gabegie avec des dépenses croissantes d’APD qui diluent celle de la France. Dépenses hors de contrôle comme le démontrent deux rapports accablants de la Cour des comptes européenne qui dénonce le financement par Bruxelles d’innombrables projets fantômes. Sous couvert de nobles causes, notamment la préservation du climat, les Français doivent acquitter une facture toujours plus salée. Ainsi, le Brésil et l’Indonésie déforestant au bénéfice de multinationales américaines et chinoises, le contribuable français est-il «invité» à verser son obole pour replanter leurs forêts primaires promues «biens publics mondiaux». À l’issue de ce tour de passe-passe, les bénéfices sont mondialisés mais les coûts restent nationaux.
Emmanuel Macron a cru maîtriser les flux migratoires en cédant au chantage du colonel Azali Assoumani. La France a donc doublé son aide aux Comores et n’a obtenu qu’une pression migratoire accrue sur Mayotte
En matière d’aide bilatérale, les résultats de l’APD française ne sont guère plus probants. Nous finançons des pays riches, comme la Chine ou le Brésil, mais aussi des pays hostiles comme l’Algérie, le Rwanda ou les Comores. Avec ce dernier, Emmanuel Macron a cru maîtriser les flux migratoires en cédant au chantage du colonel Azali Assoumani. La France a donc doublé son aide aux Comores et n’a obtenu qu’une pression migratoire accrue sur Mayotte. Comme une visite m’a permis de le constater, en dépit de millions investis dans la rénovation d’écoles et d’hôpitaux – bénéficiant à des entreprises chinoises – ces infrastructures demeurent désespérément vides.
Au Sahel et en Afrique centrale, la stratégie de Rémy Rioux, directeur général de l’Agence française de développement (AFD) – payer pour «se faire des amis» – a précipité le naufrage de notre politique africaine dont l’incendie récent de notre chancellerie de Kinshasa est le triste symbole. En réalité, ni le contrôle migratoire, ni le développement économique ne sont au rendez-vous. Nous finançons le vide, des myriades d’ONG, des élites prédatrices. Et récoltons le mépris. En interne, notre système d’APD est en roue libre. Théoriquement placé sous la tutelle de Bercy et du Quai d’Orsay, l’AFD explique au premier qu’elle ne lui doit aucun compte car travaillant au service de la diplomatie française, et fait savoir inversement au Quai d’Orsay qu’en tant que banque publique, elle ne saurait recevoir de directives diplomatiques…
Le retour au réel est urgent ! Notre pays ne peut continuer à sacrifier ses finances publiques sur l’autel d’une générosité mal placée. Ainsi, le rapport pour avis budgétaire que j’ai remis récemment à l’Assemblée nationale a révélé que l’administration s’était volontairement rendue minoritaire au sein des organes de gouvernance de l’AFD afin que sa dette de 50 milliards ne grève pas celle de la France.
Plus que jamais, chaque euro dépensé doit servir nos intérêts nationaux et les peuples qui en ont réellement besoin. Il est donc temps de « lier » notre APD en privilégiant nos entreprises dans la réalisation des projets de coopération, en concentrant notre aide sur nos points forts – l’eau, l’agriculture, l’énergie et les transports – en mettant au rebut les lubies idéologiques incomprises des bénéficiaires. Ajoutons qu’est venu le temps de réserver notre générosité à des pays avec lesquels nous entretenons un dialogue constructif. Mettre fin au gâchis et assumer une politique d’aide au développement souveraine et orientée vers les résultats, telle doit devenir notre priorité. La France n’est pas une ONG et les peuples du Sud ne sont pas des mendiants. ■ GUILLAUME BIGOT