![](https://www.jesuisfrancais.blog/wp-content/uploads/2025/02/droit-du-sol-incorrect-1024x753.jpg)
Voilà, dans le style générique de L’Incorrect, une réflexion pertinente sur la nationalité, sous le double éclairage de l’histoire et de l’actualité brûlante. À cette lecture, on mesure combien les idées auxquelles nous nous sommes toujours référés ici — celles de la Tradition — se sont répandues au-delà de nos cercles, ont traversé les générations, sont diffusées dans de puissants médias et s’imposent en raison des réalités tragiques du présent. JSF
Le droit du sol, voilà bien le vénérable moellon du dogme républicain sur lequel nos gouvernements successifs se sont cassé les dents.
Face à la crise de l’immigration mahoraise (une avant-garde amplifiée de la crise migratoire profonde qui touche le territoire français depuis 50 ans), face à ce que notre sémillant premier ministre appelle un « sentiment de submersion » (déclenchant au passage les horions de la gauche deloguienne, créolisée et créolisante), il conviendrait donc de repenser le droit du sol.
Attention, cette simple ouverture à la discussion constitue pour certains un crime de lèse-majesté, une atteinte aux valeurs sacrées de la république. Bayrou n’est pas le premier à avoir provoqué les jappements des cerbères du jacobinisme : souvenons-nous de la grotesque affaire Leonarda, en 2013, du nom de cette adolescente kossovarde qui voulait « s’assimiler », adoubée par la complaisance gélatineuse du flanc Hollande, et contre laquelle s’étaient élevées quelques voix discordantes à droite – souhaitant réduire l’immigration familiale et condamnant de fait l’intouchabilité pathologique du droit du sol. Deo Gratias, Leonarda et la famille Sourcil sont restés chez eux, achevant de discréditer le quinquennat de François Hollande sur une touche de psychodrame paneuropéen.
Aujourd’hui, le sujet revient en force puisque le « droit du sol » constitue de facto un redoutable appel d’air, à fortiori dans nos avant-postes les plus délaissés et dont Mayotte est évidemment le pinacle. Ainsi sa légitimité dans un monde globalisé, qui n’a plus rien à voir avec le paysage politique du temps qui l’a vu naître, serait évidemment à interroger.
En effet, le droit du sol est d’abord la conséquence de la philosophie révolutionnaire de 1789, pour qui la France n’est plus un territoire dont on hérite, mais une idée qui se transmet, une abstraction. Les hommes ne sont plus des sujets mais des citoyens, une juxtaposition d’hommes théoriquement égaux en droit, des « grains de sable » comme les appelait Napoléon. Une réalité mathématique donc, qu’on peut permuter et compiler à l’infini, au gré des besoins étatiques – l’Etat n’étant plus une personne mais une entité agglomérante et abstraite, sorte d’idole mammonique perchée sur un tas de conscrits.
Quelques mois avant le serment du Jeu de Paume, Louis XVI évoquait d’ailleurs « ses peuples » pendant le discours des Etats Généraux, une formule que viendra récuser la nouvelle sémantique révolutionnaire, ce néo-logos qui assène le Citoyen comme brique irréductible de la construction nationale : un Citoyen qui participe d’une Idée globale, à l’instar d’une cellule, « et dont l’isolement vulnérable succède aux structures organiques communautaires, corporatives et hiérarchisées de l’Ancien Régime » (Hubert Méthiviers).
Il faudra tout de même un siècle pour qu’arrive la grande loi qui va entériner ce « monadisme », au sens leibnizien, du citoyen. Un siècle et une défaite cuisante, celle de 1870 qui pousse le gouvernement à vouloir « fabriquer du Français » : il faut repeupler le territoire, il faut redonner au pays des bras armés face à l’ennemi qui se presse aux frontières et à la multipolarisation de l’échiquier européen. La clé de cette fabrique à un niveau presque industriel sera le droit du sol, qui permet d’incorporer les vagues migratoires d’alors (Espagnols, Allemands, Belges) et de consolider une démographie en perte de vitesse. Soit à peu près ce que feront les politiques migratoires de la Vème République à partir du regroupement familial orchestré par les industriels pompidoliens – une autre forme de conscription.
Au final, l’idée France, portée par la Révolution, n’aura pas duré longtemps. On peut voir le fameux discours de Renan, en 1882, comme une étrange passation, de l’abstraction révolutionnaire presque mythologique à une injonction individuelle qui sera un des fondements du républicanisme moderne, malheureusement vouée à l’échec : « Une nation est donc une grande solidarité, constituée par le sentiment des sacrifices qu’on a faits et de ceux qu’on est disposé à faire encore. »
Pas sûr que le dénommé Doualemn, cet influenceur algérien dont l’OQTF a été annulé, ressente au fond de sa chair ce sentiment de sacrifice…
A l’heure où les ressources s’amenuisent, où la tectonique géopolitique menace la souveraineté des états européens, on ne peut plus gouverner avec des idées et encore moins tenir la nationalité pour un principe abstrait, pour cette viralité aux facultés presque ésotériques dont se gargarisait la mystique jacobine.
Il faut au contraire redonner de la substance à l’idée de nation, lui infuser de l’organique : l’organique d’une nation, outre ses frontières, ce sont bien sûr des habitants à qui on a transmis la France, comme un héritage de chair et de sang, et pas de simples occupants-citoyens, tout juste capables de répéter et d’ânonner quelques leçons de vivre-ensemble apprises par cœur dans des centres d’insertion où flotte le spectre orwellien de la nouvelle république. ■
Dernier numéro de L’Incorrect
Le texte de Renan est plus cité que lu, faute de quoi on verrait que Renan définit la nation, certes, par un acte de volonté (le « plébiscite de tous les jours »), mais aussi par un leg de la tradition (« le souvenir d’avoir fait ensemble de grandes choses »). Il entendait ainsi intégrer deux traditions nationales : la nation comme héritage d’une part, la nation comme acte de volonté d’autre part.
Le droit du sol, une idiotie: L’épouse de l’Ambassadeur de France faute d’avoir pu se rendre en France, met au monde un bébé dans un pays étranger: son enfant reste un Français et non un citoyen d’un pays étranger.
Personne ne dira c’est un enfant Africain, Américain, Asiatique