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Par Gabrielle Cluzel.
C’était LE discours historique à ne pas rater.
« Quand les types de 130 kilos disent certaines choses, les types de 60 kilos les écoutent. » disait Michel Audiard. De fait, c’est dans un silence de mort que les huiles européennes, docilement assises dans la salle de la « Munich Security conference » ont dû assister, ce vendredi, au discours de JD Vance. Une déclaration historique, fondatrice, presque surréaliste pour nous autres Européens mithridatisés au filet d’eau tiède bienséant de nos élites.
« Trump est un type vulgaire et brutal », disait, il y a quelques jours, la philosophe Chantal Delsol, mais après tout, rajoutait-elle, s’il faut cela pour lutter contre le wokisme, « peut-être vaut-il mieux qu’il existe ».
Vance n’est pas vulgaire, mais il emploie indéniablement la méthode forte. On croirait un cow-boy poussant les portes d’un saloon : le piano se tait, le rire des filles se fige, et le barman reste le bras en l’air. La fête est terminée, on va régler les comptes. Avec ses yeux aussi clairs que ses propos (et ce n’est pas peu dire), sa face placide et sa stature de bûcheron portant Buffalo Plaid, le vice-président les a – Michel Audiard encore ! – « pulvérisés façon puzzle ».
Il pourrait jouer le rôle d’un vétéran dans un Clint Eastwood (il a « fait » l’Irak pour payer ses études) ou d’un père de famille (il a trois enfants qu’il a emmenés avec lui dans son périple européen) dans un Mel Gibson. Il pèse lourd, au sens propre comme au figuré : il est l’Amérique. Depuis la tribune, ceux qu’il surplombe et qui l’écoutent sans moufter – ont-ils le choix ? – semblent tassés dans leur siège comme des petits vieux impuissants, à l’image du continent qu’ils sont censés représenter. Pas un ne quitte la salle, et pourtant le vice-président n’y va pas avec le dos de la cuillère. Il faut dire que le crime du migrant afghan en ouverture de la conférence lui donne son introduction. Il déclare « prier » pour les Munichois, et est applaudi. Il rajoute en riant, espérer, mais on le sent sceptique, que ce ne seront pas les derniers applaudissements.
Contre l’esprit de Munich
Dans cette ville de Bavière devenue, dans l’imaginaire collectif européen, synonyme de toutes les lâchetés, il fustige sans le nommer, l’esprit de Munich. Tour à tour drôle – « Si la démocratie américaine a survécu à dix ans de reproches de Greta Thunberg, vous autres pouvez survivre à quelques mois d’Elon Musk » – et grave : « L’administration Trump est très inquiète de la sécurité européenne, il faut que l’Europe travaille fortement à sa propre défense. »
Il va très vite dans le vif du sujet sans tourner autour du pot, s’indignant d’avoir entendu un commissaire européen se réjouir de l’annulation des élections roumaines. « En Allemagne, dénonce-t-il encore, des personnes ont été arrêtées pour avoir critiqué le féminisme. En Suède, d’autres l’ont été pour avoir critiqué la religion. En Grande-Bretagne un quinquagénaire (Adam Smith Connor) a été arrêté pour avoir prié silencieusement à 50 mètres d’une clinique pratiquant l’IVG. (Dommage, personne ne lui parlé en France de C8 dont le sort, ce jour, était suspendu au Conseil d’État…) Il rajoute : Dans toute l’Europe, je crains que la liberté d’expression ne soit en recul. »
Pour lui, « les menaces [les plus inquiétantes] pour l’Europe ne sont pas la Russie ni la Chine, ni aucun autre acteur extérieur, mais la menace de l’intérieur : l’abandon par l’Europe de quelques-unes de ses valeurs les plus fondamentales, qu’elle partage avec les États-Unis. » Et sa comparaison implicite nous fait honte : « Pendant la guerre froide, il y avait le camp qui censurait les dissidents, qui fermait des églises, qui annulait des élections : c’était eux, les bons ? Certainement pas et Dieu merci, ils ont perdu ! ». D’aucuns ont regardé le bout de leurs pieds.
« Nous devons faire plus que parler des valeurs démocratiques, nous devons les vivre ! », s’écrie-t-il. « Je veux parler des valeurs que nous partageons. C’est l’heure pour nos pays, pour tous ceux qui ont eu la chance de recevoir un pouvoir politique de leur peuple respectif de l’utiliser à bon escient pour améliorer leur vie » et « aucun électeur de ce continent ne s’est rendu aux urnes pour ouvrir les vannes à des millions de migrants incontrôlés. »
N’ayez pas peur
Il demande « combien d’autres attaques terroristes du type de Munich les Occidentaux devront encore subir avant que les choses changent ». Il exhorte les dirigeants européens à écouter leur peuple qui demande d’arrêter l’immigration, pour « protéger leur maison », « leurs enfants » et « leurs rêves ».
C’est en citant le pape Jean-Paul II, en lequel il salue « l’un des plus extraordinaires champions de la démocratie » que le catholique fervent termine son propos : « N’ayez pas peur ». N’ayez pas peur de votre peuple. Et la phrase n’est pas choisie un hasard : Reagan, avec le pape polonais, a fait tomber le mur de Berlin, et c’est à un autre mur tenant prisonnier l’Occident, que s’attaque aujourd’hui l’Amérique de Trump. L’Europe a besoin d’être libérée d’une idéologie mortifère, Vance n’a pas sauté en parachute sur Sainte-Mère-Église mais il vient de visiter Notre-Dame de Paris… on est un peu dans le thème, non ? ■ GABRIELLE CLUZEL
Gabrielle Cluzel
Écrivain, journaliste. Directrice de la rédaction de BV, éditorialiste.
Usha Chilukuri et James D Vance se marient en 2014, au Kentucky, dans le cadre d’une cérémonie de mariage interconfessionnelle . Ils ont trois enfants : Ewan (né en 2017), Vivek (né en 2020) et Mirabel (née en 2021) . Elle pratique l’hindouisme et son mari est catholique romain.
Soljenitsine a t il été entendu par l’Occident lors de son discours de Harvard? ou par les Français lors de son discours en Vendée ?
Si Un seul politicien européen reprend celui de Vance et ce sera le débat de la renaissance.