
Par Aristide Ankou.
En matière militaire notamment, il est très loin d’être universellement vrai que « l’union fait la force ».
François Bayrou déclarant hier devant l’Assemblée Nationale : « Nous [les Européens] sommes forts et nous ne le savons pas », et additionnant pour le prouver les armées des pays composant l’UE exposait en réalité à qui voulait l’entendre l’insigne faiblesse des « Européens » et les raisons pour lesquelles l’Union Européenne ne saurait autre chose que faible.
Depuis bien longtemps maintenant, l’un des slogans favoris des partisans de l’intégration européenne est : « l’Union fait la force ». Comme si un simple proverbe pouvait constituer une raison suffisante pour asseoir un projet aussi ambitieux.
Un proverbe énonce, dans le meilleur des cas, une vérité générale. Mais une vérité générale n’est pas une vérité universelle. Ce qui est vrai la plupart du temps peut se révéler faux dans certains circonstances bien spécifiques, or la politique est l’art des circonstances, l’art de discerner correctement les particularités de chaque situation.
Et en matière militaire notamment, il est très loin d’être universellement vrai que « l’union fait la force ». Le maréchal Foch disait, au sortir de la Grande Guerre, qu’il avait beaucoup moins d’admiration pour Napoléon Bonaparte depuis qu’il avait commandé une coalition. Par quoi il voulait dire qu’une coalition militaire est presque toujours bien moins que la somme de ses parties. Additionner, sur le papier, deux armées de 100 000 hommes ne fait pas une armée de 200 000 hommes. Parce que la cohésion, la coordination, l’esprit de corps et l’habitude de la manœuvre commune font une très grande part de la force d’une armée.
Pire, en matière militaire l’union peut produire la faiblesse, si chacun des partenaires compte implicitement sur les autres pour faire le gros du travail et s’autorise ainsi à être faible et inattentif.
Ce qui est très exactement ce qu’est « l’Europe de la défense ».
Car la vérité effective du slogan « l’Union Européenne c’est la force » est que chaque pays composant cette union s’est, depuis des décennies, autorisé à être faible militairement, en comptant que cette affaiblissement serait compensé par la simple addition de nouveaux membres à l’Union. Comme si le simple fait de se rassembler dans des institutions communes suffirait à produire de la puissance.
En vérité, lorsque nous disons « l’Union fait la force », ce que nous entendons c’est la promesse implicite que l’Union nous dispensera d’être fort individuellement, c’est-à-dire de faire les efforts soutenus nécessaires pour être fort.
François Bayrou, le fervent « européen », additionnant des chars et des avions de 27 pays différents pour prouver notre supériorité sur la Russie illustrait ce sophisme jusqu’à la caricature.
L’Union Européenne ne sera forte un jour que si chacune des nations qui la composent se donne individuellement les moyens d’être forte, c’est-à-dire si elle s’autorise à vivre à nouveau une vie pleinement nationale, où le rassemblement et l’indépendance de la nation sont l’horizon de la vie politique. Ce qui revient à dire que « l’Europe puissance » est une chimère, puisque le dépassement de la nation et de la politique est précisément au cœur du « projet européen ».
L’Union Européenne ne sera jamais une puissance militaire imposante. Seule une Europe des patries pourrait l’être, si tant est que nous ayons encore des patries. ■ ARISTIDE ANKOU
* Précédemment paru sur la riche page Facebook de l’auteur, (le 4 mars 2025).
À lire aussi sur le même sujet le précédent article d’Aristide Ankou…
À propos des accusations lancées par J.D Vance contre l’Union Européenne.
Aristide Ankou