Toute analogie avec l’actualité nous apparaît anachronique et fallacieuse. L’Allemagne était à nos frontières. Elle est aujourd’hui militairement inoffensive. La Russie ne nous paraît pas menacer la France d’une invasion. Le bellicisme d’Emmanuel Macron n’est fait que pour sauver l’U.E. du ridicule et tenter de se sauver lui-même. Quant à se réarmer quand on a négligé de le faire pendant au moins trente-cinq ans, c’est une nécéssité d’évidence. Honte aux négligents ! JSF
7 février 1936 : L’Allemagne remilitarise la Rhénanie
Hitler décide la remilitarisation de la Rhénanie, violant ainsi le traité de Locarno. Les troupes allemandes pénètrent à Düsseldorf et Cologne. Le président du Conseil français Albert Sarraut émet une protestation de pure forme.
Dans notre album : Maîtres et témoins…(II) : Jacques Bainville voir les deux photos « 1933 : Histoire de deux peuples jusqu’à Hitler » et « L’ajout de 1933 : le chapitre VII ».
Si les puissances occidentales s’insurgent en paroles face à cette violation du droit international, elles ne prennent aucune mesure concrète pour contrer l’Allemagne. Le service militaire obligatoire avait déjà été rétabli illégalement un an auparavant.
En 1938, les accords sur les frontières seront à nouveau bafoués quand le Führer ordonnera l’invasion de l’Autriche.
En réalité, on assiste avec ces faits au dernier acte de la concrétisation de la prophétie de Jacques Bainville, prévoyant dès 1918 une nouvelle guerre dans les vingt ans. A cause du mauvais Traité de Versailles, « trop fort dans ce qu’il a de faible; trop faible dans ce qu’il a de fort ».
Pour une fois, ce n’est pas dans L’Histoire de France que nous nous plongerons, mais dans un autre ouvrage magistral de Bainville, L’Histoire de deux peuples.
Comme pour l’Histoire de France, il faut tout lire de ce chef d’œuvre.
Voici les dernières lignes du chapitre VII (et dernier), Le réveil de la Walkyrie, de cet ouvrage remarquable en tous points : Bainville y est remonté aux sources, c’est à dire au calamiteux Traité de Versailles de 1918, qui a gâché la paix, après une guerre qui avait coûté tant de sacrifices matériels et humains au peuple français.
« … Stresemann avait déjà disparu de la scène, lorsque son œuvre fut couronnée par l’évacuation de Mayence. La France avait le droit d’occuper jusqu’en 1935 la ville que Thiers, jadis, appelait « la place la plus importante de l’Europe ». Avertissements, pressentiments, tout fut inutile. On alla jusqu’au bout du système de Locarno comme on était allé jusqu’au bout de la guerre. Ce qui répondait du respect des traités et même de l’existence de la démocratie allemande fut abandonné.
Alors ce fut comme si l’Allemagne, libérée dans son territoire, l’était dans ses passions. En quelques mois elle fut embrasée à la voix d’un étrange Messie. On se refusait encore à croire qu’elle pût se livrer à Hitler. En quelques étapes il conquit le pouvoir que lui ouvrait le maréchal Hindenburg dont il avait été le concurrent et qu’il avait violemment combattu. Puis, en quelques jours, l’Allemagne se donnait à l’expression la plus extrême du nationalisme. L’Empire des Hohenzollern commença, en secret, d’être regretté dans le monde comme une forme de gouvernement modérée et libérale auprès du régime hitlérien. Conservée dans son unité, l’Allemagne avait donc mûri ce fruit ! Et même, l’unité sauvée par les vainqueurs, Hitler la consommait. Il allait plus loin que Bismarck, plus loin que la révolution de 1918 et que l’assemblée de Weimar. Il supprimait les dernières traces du fédéralisme. Il mettait un statthalter prussien jusqu’à Munich et la Bavière protestait encore moins qu’en 1871 lorsqu’elle avait été « avalée ».
Ainsi l’histoire des deux peuples se poursuit. Elle offre, dans la phase qui finit et dans celle qui commence, ce caractère redoutable que jamais les Français n’ont si peu compris les Allemands. Leurs raisonnements et leurs sentiments nous échappent. Leur monde intellectuel et passionnel n’est pas le nôtre. Jamais peut-être ils n’ont été plus différents de nous. Même l’art est fertile en malentendus. Lorsque nous écoutons Siegfried, lorsque le héros, traversant le cercle de feu, réveille Brunhilde endormie, ce théâtre est pour nous de la mythologie puérile, prétexte à musique. Cette musique, pour Wagner, était celle « de l’avenir ». Et la Walkyrie chante : « Salut à toi, soleil ! Salut à toi, lumière ! Jour brillant, salut ! Long fut mon sommeil. Quel héros m’a réveillée ? » Paroles d’opéra ici. Là-bas, symbole de la résurrection et de la métamorphose. Autre et semblable à elle-même, l’Allemagne annonce quels destins ? »
Repris de l’éphéméride du 7 février.