
Cette tribune est parue dans le Figaro du 10 mars. Elle ne consiste pas à emboîter le pas au bellicisme arbitrairement ciblé contre un seul pays, ni à profiter des circonstances pour une marche forcée vers un fédéralisme européen délétère – comme l’envisagent Emmanuel Macron et ses homologues européistes – mais à reconstituer de la force française – notamment (mais pas seulement) militaire – pour servir les intérêts de la France dans le nouveau chaos mondial. C’est une ligne de patriotisme français.
TRIBUNE – Aujourd’hui, l’armée française ne dispose pas des moyens de faire face à une menace ordonnée, alerte l’avocat. L’urgence est à restaurer une capacité de puissance pour dissuader ceux qui voudraient nous déstabiliser, d’où qu’ils viennent.
Thibault de Montbrial est avocat et président du Centre de réflexion sur la sécurité intérieure.
L’hybridation conflictuelle, dont les origines peuvent être à l’est, mais aussi (et surtout ?) au sud, souligne l’importance de la réactivation d’une réelle défense opérationnelle du territoire.
Après la défaite autrichienne de Sadowa, en 1866, quelques esprits éclairés préconisèrent de doter la France d’une armée suffisamment étoffée pour être au niveau de la nouvelle puissance prussienne. Napoléon III les écouta et promut une réforme ambitieuse. Las, il se heurta à des résistances corporatistes, des contraintes budgétaires et à la démagogie de certains corps constitués, comme le Sénat impérial ou le Conseil d’État. La loi Niel, votée en 1868, censée traduire le changement de paradigme, accoucha d’une souris. La suite est connue : la France se fit étriller en 1870.
La décomposition spectaculaire du cadre international de sécurité dans lequel évolue la France nous contraint à retrouver très vite la puissance militaire et morale indispensable dans le monde qui se profile, où la seule dotation de l’arme nucléaire n’est pas suffisante pour se garantir des menaces qui se multiplient, étatiques ou non.
Quoi que l’on pense de la dramatisation des discours publics européens depuis l’élection de Donald Trump, il est désormais urgent de penser notre sécurité à l’aune de cette nouvelle réalité.
En 2017, à la suite de la démission du chef d’état-major des armées Pierre de Villiers, la France a fini par opérer une remontée tangible du budget de sa défense. Mais la loi de programmation militaire 2024-2030 doit désormais être sérieusement actualisée. Tout le défi consistant à ne pas reproduire les erreurs de la loi Niel de 1868.
La comparaison entre nos capacités actuelles et celles de 1990 donne le tournis
L’armée française est aujourd’hui un modèle d’armée complet, mais échantillonnaire. Les efforts réalisés ces dernières années, qui ont permis de réparer certaines carences et d’engager des crédits sur de nouveaux champs de conflictualité comme le cyber ou le spatial, sont réels mais insuffisants.
La comparaison entre nos capacités actuelles et celles de 1990 donne le tournis. En 1990, la France disposait d’une armée de terre à 280.000 hommes, 880 chars, 4.700 blindés et 500 hélicoptères. L’armée de l’air, elle, alignait 450 avions de combat. Quant à la marine, elle offrait deux porte-avions, 6 SNLE (sous-marins nucléaires lanceurs d’engins), 6 SNA (sous-marins nucléaires d’attaque), 18 frégates de premier rang. Aujourd’hui, l’armée de terre dispose de 77.000 hommes, 200 chars, 1.200 blindés et 180 hélicoptères ; l’armée de l’air, de 185 avions de chasse et la marine, d’un porte-avions, 4 SNLE, 8 SNA et 15 frégates de premier rang. Encore faut-il ne pas rentrer dans les détails parfois cruels de la disponibilité technique opérationnelle.
De fait, l’armée française ne dispose pas des capacités pour faire face à une menace ordonnée. S’il est important de coordonner certains savoir-faire avec nos voisins européens, la nouvelle donne contraint la France à reconstruire d’urgence des compétences telles que la défense sol-air multicouches (urgence vitale), les drones, la capacité à frapper en profondeur, la guerre électronique ou le transport stratégique. Il faut aussi rétablir la capacité à durer, en constituant des stocks d’équipements, de matériels et de munitions disponibles en quantité bien supérieure.
Ces différents besoins impliquent une remontée forte de la production industrielle militaire, et donc un renforcement conséquent de notre Base industrielle et technologique de défense (BITD).
L’heure des vraies priorités budgétaires va peut-être sonner
De la montée en puissance de cette « économie de guerre » résulte une double conséquence, dont beaucoup semblent encore ignorer l’impact. D’une part, elle ne peut se faire sans une diminution drastique des normes (ESG, CSRD, CS3D, droit des marchés publics et autres) qui pèsent directement ou indirectement sur l’industrie de défense. L’exception normative nécessaire est au moins du même ordre que celles qui ont permis de traverser la crise du Covid, de réussir les Jeux olympiques ou de reconstruire Notre-Dame en cinq ans. D’autre part, l’effort attendu paraît difficile à vision budgétaire constante. Une dette est une dette, et quels que soient les éléments de langage d’une Commission européenne (dont il faut surveiller par ailleurs les libertés prises avec les compétences d’attribution du traité de l’Union), la France ne pourra pas engager l’effort nécessaire en conservant à la fois intacts un « modèle social » à bout de souffle et une pression fiscale déjà insupportable. En clair, l’heure des vraies priorités budgétaires va peut-être sonner.
La situation implique également de penser la sécurité de notre territoire à l’avenant. L’hybridation conflictuelle, dont les origines peuvent être à l’est, mais aussi (et surtout ?) au sud, souligne l’importance de la réactivation d’une réelle défense opérationnelle du territoire. L’articulation entre l’armée de terre et la gendarmerie et le rôle des réserves sont autant d’enjeux majeurs.
La population doit également être associée, avec un programme de Sécurité civile adapté pour créer une indispensable capacité de résilience collective.
il ne s’agit surtout pas de préparer une guerre contre tel ou tel pays.
Les incertitudes de l’époque commandent un réarmement structurel rapide sur tous les plans : militaire, industriel, politique et moral. Il faut le dire et le répéter plus encore : il ne s’agit surtout pas de préparer une guerre contre tel ou tel pays. L’objectif consiste à restaurer une puissance globale capable de dissuader ceux qui, à l’est ou au sud, seraient tentés d’exploiter le contexte international dérégulé qui se profile pour utiliser la force d’une manière ou d’une autre afin de peser sur les intérêts de la France. ■ THIBAULT DE MONTBRIAL
Des efforts importants ont aussi été faits dans le renseignement. Faut-il plus? Nous sommes encore loin des capacités américaines dont nous dépendons, comme les Ukrainiens! Chaque nation doit organiser sa défense, une défense européenne est un catoblépas.
Lorsque l’on tient à «faire sérieux», on adopte un ton posé, convaincu de sa propre excellence, et l’on s’en va dévidant l’éternel écheveau de la Moire Clotho, sans voir que, d’un bout à l’autre de ce fil, ce ne sont ni les armées, ni les polices, ni les mouchards, ni les finances publiques ou privées, ni les Jacqueries, ni les étaux d’aucune sorte qui réduiront quoi que ce soit d’essentiel ; aussi, par quelque bout qu’on le prenne, rien de tout cela ne redressera le fond du fond de l’âme des foules soumises au mal annexe qui corrode.
Aucune illusion à se faire, au point du cycle auquel nous sommes rendus ; ce ne sont plus les “réparations” de Lachésis qui peuvent valoir, seule, la tranchante Clotho saura désormais compter ! Aussi, s’il vous plaît, messieurs les commentateurs diplômés des universités, impénitents “bavards” des Barreaux de Paris et d’ailleurs, “baveux” usurpateurs de la magistrature, cubes et autres archicubes d’ENS diverses, administrateurs et administrés d’“affaires” en faillite, cessez de vous pavaner sur les lauriers des sentences répétitives de vos fonds d’commerce : vous n’êtes que les accompagnateurs civiques de la dégénérescence fondamentale de “ce monde”, vous : intrinsèques produits et derniers ressorts.
«Ce monde» ne saurait être rafistolé : il faut en restaurer un tout autre et, pour ce faire, “commander un réarmement”, sans doute, mais essentiellement INTELLECTUEL, les autres rustines qualificatives dont vous adorez faire parade vestimentaire ne valent plus la moindre tripette à tenir sanglante dans nos mains.
Il faut se réarmer, en effet, mais deux fois distinctes : d’une part, individuellement, pour parer à toute éventualité brutale ; d’autre part, socio-culturellement, comme on peut, «à deux ou à trois en [Son] Nom» – ecclésialement, au fond – ; et, enfin, INTELLECTUELLEMENT, en reconnaissant les “élites” véritables, capables d’insuffler (de donner SOUFFLE, c’est-à-dire, de l’Esprit) une vie intellectuelle réellement réactionnaire, capable de constituer, au fond, une espèce de «survivalisme» intellectuel collectif, par une violente spiritualité… Car “on” a renié devant les hommes, aussi, est-on renié devant le Père qui est dans les cieux (Matthieu, X, 33 sqq.) : n’allons pas croire qu’Il est venu mettre la paix dans ce monde-ci, mais le glaive ; l’Homme a pour ennemi la gent de son intimité, car qui veut trouver sa propre vie perdra cette vie qui ne lui est que propre…
Diviser notre grenier une bonne fois : là, la foison et l’indigestion de ses égotiques provisions ; au-delà, effort de toute bonté, effort de toute beauté, effort du cœur et du regard porté.
Il n’y a plus aucune autre leçon à donner, sauf à se complaire dans ce qu’Ángel Ganivet appelait la «scarlatine des idées françaises ou plus proprement des idées internationales». Toujours dans son «Idearium español», Ganivet observait encore : «Un pays confiant dans sa puissance ignore le militarisme, alors qu’une nation qui a peur, qui n’a pas un sentiment de sécurité intérieure, met toute sa foi dans ses casernes.» Il avait prévenu de distinguer “esprit militaire” et “esprit guerrier”, deux termes qui s’opposent essentiellement. La notion militariste est d’origine révolutionnaire, “dégénérément” française ; et il y a deux sortes de «paix» : celle imbécile entre toutes les imbécillités conceptuelles, dont on se gargarise de dire que, si l’on veut d’elle, il faut préparer la guerre ; et l’autre, la Grande Paix (la “Taï Ping” de la Chine ancienne, la “Pax profunda” des authentiques Rose†Croix du XVIIe siècle), celle-ci est le glaive même. L’imbécile première n’est, d’ailleurs, que nullité ; la tradition norraine la méprisait au point qu’elle n’était désignée que par la locution “non guerre”. Quant à la Grande Paix, celle-ci est le Royaume, en Soi-Même… Et ne parvient ici QUE le Guerrier, le “Gardien de la Cité” de Platon, celui qui doit avoir reçu comme enseignement supérieur, celui de la Musique !… Ça fait tout drôle à l’École militaire, n’est-ce pas – évidemment que l’on ne devrait pas enseigner la musique-militaire aux enfants, et c’est pourtant, comme par un fait exprès, ce qu’a entrepris en premier la scarlatine révolutionnaire : confier l’enseignement de la musique à l’armée, d’où, usurpation du Conservatoire NATIONAL de musique, confié aux tintouins militaires, sur l’École ROYALE de danse et de musique…
Et merde pour le roi d’Angleterre, qui nous a déclaré la guerre !